De fait, l'« Indice de perception de la corruption » calculé par « Transparency International » confirme l'existence d'un lien étroit entre corruption et pauvreté et montre que la corruption reste largement répandue dans de nombreux pays malgré le renforcement des législations. Près des trois quarts des 163 pays figurant dans le classement ont obtenu une note inférieure à 5 sur 10 en 2006 et on ne trouve dans cette catégorie que des pays à faible revenu ; en revanche, les pays scandinaves, la Nouvelle-Zélande et la Suisse se partagent les notes les plus élevées (supérieures à 9 sur 10).
Dans ce classement, la France occupe en 2006 comme en 2005 le 18ème rang avec la note 7,4 derrière l'Allemagne (8), mais devant les Etats-Unis (7,3), en dépit d'efforts reconnus pour appliquer les Conventions des Nations Unies et du Conseil de l'Europe sur la corruption. Cette image relativement médiocre reflète notamment les scandales et les « affaires » qui se sont succédé depuis vingt ans en matière de marchés publics, d'emplois fictifs ou de financement occulte des partis politiques.
C'est la raison pour laquelle « Transparence Internationale France » a adressé aux candidats à l'élection présidentielle 2007 un questionnaire portant notamment sur le contrôle des comptes des partis politiques, la déclaration de patrimoine des élus, l'adoption d'un pacte de transparence sur les marchés publics, le renforcement de l'arsenal répressif concernant la corruption, le blanchiment et les paradis fiscaux ou les peines d'inégibilité en cas de condamnation. Il s'agit, on le voit, de dissuader et de réprimer les erreurs ou les fautes commises.
L'analyse économique va cependant plus loin ; elle s'interroge aussi sur la nature et les formes, les conséquences et les coûts de la corruption.
[...] Les contributions des entreprises ou des groupes au financement des partis prennent elles-mêmes différentes formes. S'il s'agit de peser sur le résultat des scrutins, les intéressés apporteront leur soutien financier aux candidats dont le programme leur semble le plus avantageux pour eux ; dans ce cas, les contributions sont dites spécialisées Mais il se peut aussi qu'ils cherchent à influencer, non pas le résultat du vote, mais le contenu des programmes, auquel cas le soutien financier s'échange contre des engagements relativement précis ; dans ce cas, la meilleure stratégie pourra consister à financer plusieurs partis rivaux à la fois, ce qui signifie qu'une distinction entre des partis honnêtes et d'autres qui ne le seraient pas est assez illusoire. [...]
[...] Cf. J.D. Lafay : L'économie de la corruption, op.cit. . Cf Der Spiegel août 1998 . Cf. P. [...]
[...] La France est-elle corrompue ? A première vue, la notion de corruption est assez facile à saisir ; dans la plupart des définitions qu'on en donne, elle concerne les irrégularités ou les abus de la puissance publique à des fins privées. En revanche, les critères permettant de qualifier une action de corrompue sont multiples : - le plus courant et aussi le plus simple s'appuie sur la légalité de l'action considérée : pour être classé comme corrompu, un acte doit être interdit par la loi ; certains idéologues vont cependant plus loin estimant que des activités légales peuvent être contraires à l'intérêt général ; mais, engagé dans cette voie, on peut très rapidement mettre en cause tout le fonctionnement du système économique ; - une position de compromis consiste à qualifier de corrompu tout acte que l'opinion publique considère comme tel ; on se réfère alors à la morale courante et à son contenu culturel qui peut varier sensiblement d'un pays à l'autre et d'une époque à l'autre ; - dans les analyses économiques spécialisées, la corruption apparaît comme une forme particulière de recherche de rente ; celle-ci décrit l'ensemble des activités menées dans le but de bénéficier d'une redistribution de la richesse collective. [...]
[...] Cependant la carrière politique et les résultats électoraux de personnalités compromises dans ces affaires et même condamnées par les tribunaux, montrent que les électeurs ne les sanctionnent pas systématiquement. D'une enquête réalisée par le Cevipof il ressort que si les comportements corrompus les plus caractérisés sont fortement réprouvés, tous ceux qui concernent le favoritisme et la recherche d'avantages personnels bénéficient d'un niveau de tolérance élevé D'où la question des enquêteurs : les Français seraient-ils tous corruptibles ? J.D. Lafay : L'économie de la corruption, Analyses de la Sedeis, 74. P. Vornetti : Recherche de rente, efficacité économique et stabilité politique, Mondes en développement, tome 26, p . J.D. [...]
[...] Dans quelle mesure cette argumentation est-elle d'actualité dans les pays développés ? Des sondages effectués dans la Communauté européenne[12] en 1970 (après mai en 1980 (après les chocs pétroliers) et en 1988, montrent que le nombre de personnes estimant que la société doit être radicalement changée par l'action révolutionnaire est très faible : il ne dépasse pratiquement jamais les 5%. En France, depuis la fin des années 1980, les affaires et les scandales impliquant les partis de gouvernement de gauche comme de droite ont certes suscité nombre de réactions et le slogan Tous pourris a renforcé la défiance des citoyens vis-à-vis de la classe politique ; celle-ci s'est traduite par une montée de l'abstention ou du vote en faveur des extrêmes lors des consultations électorales, parfois par des appels au changement de République. [...]
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