Grandes Invasions, mondialisation, candidats à l'immigration, mouvements xénophobes, Tiers-Monde
Pour la première fois depuis les Grandes Invasions, la fin du vingtième siècle a connu des mouvements de population affectant la quasi-totalité de la planète. Pourtant, dans l'analyse la plus courante de la mondialisation, ces flux sont souvent occultés par les mouvements de marchandises et de capitaux. Même lorsqu'ils sont envisagés dans ce cadre, c'est le plus souvent sous l'angle des seuls rapports entre pays riches et pays pauvres. Or, depuis les années 1970, les pays les plus riches sont supposés être fermés à l'immigration, tandis que des flux très importants traversaient les pays pauvres, au rythme des guerres, mais surtout des aléas du développement. On peut donc légitimement s'interroger sur les liens entre ces flux et l'approfondissement de la mondialisation économique.
[...] Elles peuvent ainsi, comme en Inde du Nord-Est, conduire à un partage de la misère plutôt que des richesses à chaque mauvaise mousson qui inonde les champs de Bangladesh. Le destin de ces migrations est également à la merci des retournements économiques, qui ne se traduisent pas tant par des départs que par la montée d'antagonisme dès que les difficultés s'accumulent. C'est ainsi que les années 1990, décennie noire pour l'Afrique, ont vu la montée en puissance de thèses nationalistes et ethnicistes faisant porter aux migrants la responsabilité pour des années de mauvaise gestion. [...]
[...] Dans des pays encore très agricoles, les raisons de ces départs sont guidées par la logique économique. Le membre de la famille parti à la ville soulage des champs mal ou surexploités, et surtout, s'il trouve un emploi, fournit à la famille un revenu à l'abri des aléas climatiques. Il offre ainsi à ses parents une forme élémentaire d'assurance dans des pays ou il est impossible de se garantir contre une mauvaise récolte. Cette explosion des villes a nourri tout au long de la période des tentatives de solutions plus ou moins volontaristes, entraînant autant de nouvelles migrations. [...]
[...] Cette diminution des flux est cependant liée essentiellement à une stabilisation de la démographie des pays concernés, les incitations économiques restant les mêmes. De plus, ces flux ne sont pas aisément réversibles, le retour à la région d'origine n'étant souvent pas une option pour ces migrants. La gestion de ces flux passe donc par un développement économique plus harmonieux géographiquement, ce qui est souvent hors de portée des pays concernés. L'explosion des villes du Tiers-Monde constitue sans doute le phénomène migratoire majeur de la fin du xxe siècle. [...]
[...] Leur effet sur l'équilibre des richesses mondiales est cependant ambigu. Si les migrations entraînent des transferts les plus importants vers les pays pauvres, l'émigration écrème les travailleurs les plus jeunes et les plus dynamiques, qui se trouvent souvent dans le pays d'accueil à des postes inférieurs à leur niveau de compétence. Si les outils de contrôle des flux ne sont à la portée de personne, il faut noter que le développement économique reste la meilleure prévention contre l'exode. Ainsi, l'afflux massif d'Européens de l'Est vers les pays de l'OCDE suite à la chute du bloc soviétique ne s'est-il jamais produit grâce à la croissance rapide de ces pays. [...]
[...] En particulier, il importe de savoir dans quelle mesure ces flux ont contribué à réduire ou à aggraver les disparités économiques entre pays, régions et populations. Pour ce faire, il convient d'abord d'étudier les migrations vers les pays riches, mieux connues, avant d'examiner, dans un deuxième temps, l'ampleur des mouvements entre pays pauvres. Enfin, l'étude des flux dans cette période doit intégrer le mouvement, quantitativement le plus massif, qui conduit de plus en plus d'habitants des pays pauvres à chercher du travail dans les villes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture