Inventé au Danemark il y a quinze ans, le concept de « flexisécurité » s'est imposé dans le débat public français au cours des dernières années, avec pour apothéose la campagne présidentielle française de 2007. Il associe deux notions perçues jusqu'alors comme antinomiques : la flexibilité (au sens de licenciement facilité et de mobilité accrue des travailleurs) et la sécurité (au sens de sécurisation des parcours professionnels). Il s'impose comme un modèle social à part entière dans la mesure où il recouvre plusieurs facettes, plusieurs politiques, complémentaires les unes des autres, visant à répondre de façon cohérente et globale aux défis et aux phénomènes économiques et sociaux auxquels des Etats-Providence tels que la France doivent faire face. Deux phénomènes en particulier doivent être mentionnés.
Tout d'abord, les entreprises ont entamé, à partir des années 1980, une transformation de l'organisation de leur production afin de répondre à une mutation de l'activité économique. Elles sont passées d'un modèle « tayloriste-fordiste » à un modèle de « flux tendu » et de « juste à temps », correspondant au toyotisme, afin de faire face à l'exacerbation de la concurrence sur les marchés internationaux et à la volatilité de la demande. Elles ont dû, par ailleurs, accroitre leur potentiel d'adaptabilité au « mouvement continu d'innovation technologique » . (pause) Cette organisation de la production est par nature flexible car « elle doit être capable de s'adapter rapidement aux aléas et de réagir intelligemment aux transformations de son environnement ». Cette flexibilité apparaît comme « un atout majeur des entreprises dans la concurrence, et une source de productivité et de qualité » . La transformation permanente de l'activité économique conduit à la destruction et à la création de nombreux emplois chaque année.
[...] Pour conclure sur les effets potentiellement négatifs que pourrait provoquer la flexisécurité au niveau sociologique et au niveau du bien-être des salariés, il est nécessaire d'évoquer le risque d'accentuation du dualisme du marché du travail, déjà fort avancé, comme l'ont montré les travaux d'André Gorz[21]. Les emplois moins qualifiés pourraient être plus touchés que les autres par la flexibilisation du marché du travail. Plus de flexibilité pour plus de sécurité ? La justesse des travaux précédemment cités sur la permanence de la centralité du travail dans la vie sociale semble probablement avérée, bien que certains sociologues entrevoient la fin de la civilisation du travail, à l'image d'André Gorz. Mais la flexisécurité engendre-t-elle forcément une détérioration de la valeur travail ? [...]
[...] La flexsécurité fait débat Paule Masson, L'Humanité mai 2007. La Flexsécurité danoise : un modèle s'appuyant sur une transformation radicale de la relation entre salarié et l'entreprise Charles-Henry Besseyre des Horts, http://rh.sia-conseil.com/20070627/la- flexsecurite-danoise-un-modele-s%E2%80%99appuyant-sur-une-transformation- radicale-de-la-relation-entre-le-salarie-et-l%E2%80%99entreprise/ "Le modèle danois de "flexsécurité", une solution trop civique par Yann Algan & Pierre Cahuc, Le Monde Economie octobre 2005. La flexibilité du marché du travail : un bilan Jacques Freyssinet, Mouvements nº janvier-février 1999 La santé au travail Annie Thébaud-Mony in Le Monde du travail, La Découverte, Paris Le Salarié de la Précarité, Serge Paugam, Essai, octobre 2007. [...]
[...] Si la flexisécurité s'est imposée dans la rhétorique, qu'en est-il de sa traduction concrète ? La société française est-elle prête à adopter ce modèle, dans tous ses paramètres ? Est-il possible de retranscrire un modèle qui renouvellerait en profondeur l'Etat Providence français ? C'est principalement à partir du gouvernement Villepin que s'est affirmée la volonté de transposer le modèle danois en France. Mais en réalité, les premières dispositions labellisées flexisécurité dénaturaient sérieusement le concept initial, alors qu'une adaptation plus conforme, mais certes partielle, du modèle danois semble actuellement voir le jour. [...]
[...] Est-elle en mesure de réduire la précarité des travailleurs ou est-elle, par nature, dommageable aux conditions de vie des salariés ? Réfléchir à cette dernière question implique d'aborder la question philosophique et sociologique portant sur le caractère bénéfique ou non pour l'émancipation de l'homme de changer plusieurs fois de métiers au cours de sa vie. Afin de répondre à toutes ces problématiques liées à la flexisécurité, il est nécessaire de présenter, dans un premier temps, le contenu précis de ce concept tel qu'il a été élaboré au Danemark et d'en dresser le bilan, avant de présenter les modalités sous lesquelles le gouvernement français tente de le retranscrire. [...]
[...] La Flexisécurité (ou flexsécurité) Introduction Inventé au Danemark il y a quinze ans, le concept de flexisécurité s'est imposé dans le débat public français au cours des dernières années, avec pour apothéose la campagne présidentielle française de 2007. Il associe deux notions perçues jusqu'alors comme antinomiques : la flexibilité (au sens de licenciement facilité et de mobilité accrue des travailleurs) et la sécurité (au sens de sécurisation des parcours professionnels). Il s'impose comme un modèle social à part entière dans la mesure où il recouvre plusieurs facettes, plusieurs politiques, complémentaires les unes des autres, visant à répondre de façon cohérente et globale aux défis et aux phénomènes économiques et sociaux auxquels des Etats-Providence tels que la France doivent faire face. [...]
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