Les débats récents autour de la relance de la croissance grâce à la « TVA sociale » comme l'envisage le gouvernement Fillon et l'expérimente l'Allemagne posent plus largement la question des leviers efficace que les pouvoirs publics ont à leur disposition pour favoriser la bonne marché de l'économie.
Avec des politiques keynésiennes qui avaient le vent en poupe, la période des Trente Glorieuses (1945-1970) a vu la consommation des ménages - c'est-à-dire du secteur institutionnel, au sens de la comptabilité nationale, qui consomme des biens et services marchands ou non marchands ou qui produit ceux-ci dans le cadre d'une entreprise individuelle,- être favorisée puisqu'elle représente 76 à 79 % du PIB en volume. Cependant, depuis les années 1980 et le retour des théories libérales, on s'intéresse de plus en plus à la variable volatile et instable qu'est l'investissement. L'épargne, quant à elle, se situe à la croisée de ces concepts ; selon Keynes, c'est un emploi qui représente la part du revenu qui n'est pas consommée. Au sens néoclassique, c'est une consommation que l'on diffère dans une perspective intertemporelle. Elle peut prendre une forme financière ou non financière et se justifie par des motifs de liquidité, de précaution, de patrimoine ou de placements.
L'enjeu du sujet est d'analyser dans quelle mesure l'épargne des ménages en France a des répercussions positives sur l'économie afin de dégager les politiques publiques efficaces dans une approche normative. Si, à première vue, l'épargne semble être un levier pertinent pour stimuler l'économie (I), il existe des situations dans lesquelles elle apparaît comme un frein majeur (II).
[...] De plus, malgré le théorème de séparation de Modigliani et Miller (1958) qui postule que, si les marchés sont parfaits, la manière dont les entreprises financent leurs investissements n'a pas d'influence sur le rendement de leurs fonds propres, c'est-à-dire sur leur valeur boursière, le recours à l'endettement n'est pas sans effet puisqu'il fait parfois bénéficier l'entreprise d'un effet levier positif sur le plan comptable. Comme les ménages ont une capacité de financement grâce à leur épargne financière qu'elle soit sous forme d'actifs financiers ou de liquidités sur des livrets bancaires d'épargne , les entreprises trouvent la réponse favorable à leurs besoins dans une économie financiarisée où l'offre de certains rencontre la demande des autres. C'est donc cette épargne financière des ménages qui rend possible l'investissement des entreprises, source de croissance économique. [...]
[...] Les investissements, déjà mis en berne, vont s'en trouver fragilisés, ce qui a pour conséquence une baisse de la demande effective. A partir de là, le cercle vicieux est enclenché : une baisse de la demande va se répercuter négativement sur la croissance, le chômage va alors augmenter et, à son tour, ce recul du plein emploi affectera les anticipations. C'est en ce sens que Keynes privilégie à tout prix la consommation d'abord, en donnant aux agents un cadre favorable qui dopera leurs anticipations et réduire l'incertitude. [...]
[...] L'enjeu du sujet est d'analyser dans quelle mesure l'épargne des ménages en France a des répercussions positives sur l'économie afin de dégager les politiques publiques efficaces dans une approche normative. Si, à première vue, l'épargne semble être un levier pertinent pour stimuler l'économie il existe des situations dans lesquelles elle apparaît comme un frein majeur (II). I. L'épargne peut être un levier efficace pour stimuler l'économie La croissance d'une économie est caractérisée par l'importance de sa demande qui est composée par la consommation et l'investissement. [...]
[...] Donc, si l'Etat s'endette et mène une politique expansionniste en favorisant la demande par exemple, les ménages vont anticiper que, tôt ou tard, il faudra rembourser cet endettement par une hausse des prélèvements obligatoires. C'est pourquoi, ils préfèrent donc épargner le surplus du revenu permanent qui leur est distribué en pour ne pas avoir à diminuer leur consommation en t+2. Cette théorie semble se confirmer dans les faits puisque l'équivalence néo-ricardienne de Ricardo et Barro tend à montrer le lien positif existant entre le taux d'épargne brute d'un pays et son niveau de déficit public comme en France ou au Japon. [...]
[...] Dans cette approche, l'épargne n'est donc pas une fin en soi, c'est u moyen d'optimiser sa consommation. Cela a un écho favorable sur l'économie car, à long terme, cette épargne sera désépargnée pour être consommée comme Modigliani et Brumberg le soulignent dans l'hypothèse du cycle de vie. Or, la consommation, par son importance dans la demande, est le principal contributeur de la croissance. La même observation peut être formulée à l'égard des modèles à générations imbriquées développés par Allais (1947) et Samuelson (1958) : l'épargne des parents a pour vocation d'être transmise aux enfants afin qu'ils puissent la consommer quand ils en auront besoin. [...]
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