Faut-il craindre les délocalisations ?

Résumé du document

La récente controverse autour du « patriotisme économique » a révélé la persistance d'attitudes de défiance vis-à-vis de l'ouverture du pays au commerce international. La menace supposée des délocalisations constitue l'un des aspects les plus visibles de cette polémique. Pourtant, cette dernière notion, largement relayée par les médias, fait souvent l'objet de confusions et de contresens. Au sens strict, il s'agit de la fermeture d'une ou plusieurs unités de production en France et leur « déménagement » dans un autre pays, ou les conditions de production sont plus avantageuses. Cela implique dès lors que les biens ou services produits localement sont importés.
Certains plaident pour un rempli des économies nationales face à ce phénomène à l'origine de la destruction directe d'emplois. Mais quelle en est cependant l'ampleur réelle. La nouvelle donne économique internationale justifie-t-elle les inquiétudes relatives aux délocalisations ?
Nous montrerons dans une première partie les raisons de l'inquiétude persistante de l'opinion publique face aux délocalisations avant de voir que ces dernières s'inscrivent dans une évolution plus large du processus de production à l'échelle mondiale qui n'est pas forcément négative.

Extraits

[...] Faut-il craindre les délocalisations ? La récente controverse autour du patriotisme économique a révélé la persistance d'attitudes de défiance vis-à-vis de l'ouverture du pays au commerce international. La menace supposée des délocalisations constitue l'un des aspects les plus visibles de cette polémique. Pourtant, cette dernière notion, largement relayée par les médias, fait souvent l'objet de confusions et de contresens. Au sens strict, il s'agit de la fermeture d'une ou plusieurs unités de production en France et leur déménagement dans un autre pays, ou les conditions de production sont plus avantageuses. [...]

[...] La réussite de nos champions industriels »nationaux est à ce prix. Par les délocalisations, les entreprises se rapprochent des attentes des consommateurs locaux, et créent une demande solvable qui stimulera nos propres exportations. Il est ainsi à noter que selon Eurostat en 2003, les indicateurs des délocalisations (IDE et services aux entreprises dans cette étude) ont révélé que les 15 n'ont investi que de leur production nationale à l'étranger, l'essentiel des flux d'investissement restant intra-européen, montrant bien que les bas salaires sont loin d'être la seule préoccupation des entreprises qui délocalisent. [...]

[...] Qui plus est il existe un risque de réaction en chaîne qui pousserait tous les concurrents d'une entreprise ayant délocalisé sa production à en faire de même pour maintenir leur compétitivité. Parce qu'elles entraînent un sentiment diffus d'insécurité de l'emploi et d'appréhension face au dumping social néfaste à la bonne marche de l'économie nationale Plus que ses effets directs, difficilement quantifiables, c'est le sentiment d'insécurité sociale généré par la menace des délocalisations, et les effets macroéconomiques qui en découlent, qui affectent sans doute le plus la bonne santé de l'économie. [...]

[...] La nouvelle donne économique internationale justifie-t-elle les inquiétudes relatives aux délocalisations ? Nous montrerons dans une première partie les raisons de l'inquiétude persistante de l'opinion publique face aux délocalisations avant de voir que ces dernières s'inscrivent dans une évolution plus large du processus de production à l'échelle mondiale qui n'est pas forcément négative. I Les délocalisations nourrissent les inquiétudes et occupent une place croissante dans le débat public de la plupart des sociétés industrialisées Parce qu'elles s'inscrivent dans une dynamique préoccupante Les délocalisations sont un phénomène somme toute récent, apparu au cours du second XXe siècle (les entreprises tirant parti de la liberté de circulation des capitaux et des produits ainsi que de la réduction des coûts de transports et des facilités de communication), devenu significatif dans l'économie mondiale que depuis la fin des années 80, et qui s'est fortement accéléré depuis. [...]

[...] Au-delà de ces mesures qui concernent les choix et les orientations décidées par chaque pays, on peut s'interroger sur l'éventuelle nécessité d'imposer des normes sociales minimales dans le monde pour éviter une concurrence déloyale : en matière de droit du travail, de fiscalité, de protection de l'environnement etc une législation internationale minimale permettrait d'éviter que des secteurs économiques ne soient pénalisés de manière indue par une insuffisante loyauté de relations commerciales internationales. En définitive, on peut affirmer que, sans chercher à sous-estimer les drames sociaux provoqués localement par les délocalisations et les défis qu'elles posent à nos politiques économiques traditionnelles, il apparaît qu'une attitude de repli ne constituerait pas une réponse appropriée. L'exemple de certains des partenaires économiques de la France, qui ont résolument adapté leur appareil productif afin de tourner à leur avantage les mutations provoquées par les délocalisations, devrait nous inspirer. [...]