De 1987 à 1995, le taux d'épargne des ménages est passé de 10,8% à 14,3%. Néanmoins, lorsque l'horizon s'élargit, on remarque que de 75 à 95, le taux d'épargne est passé de 20,2% à 14,3%. Sur la longue période, le taux d'épargne a donc baissé. Comment expliquer cette baisse ? Par ailleurs, il semble bien qu'avec les outils d'analyse traditionnels, rien ne laissait prévoir une remontée du taux d'épargne à partir de 1992 alors même que ces outils d'analyse avaient réussi à expliquer l'évolution du taux d'épargne dans les années 80. La crise du début des années 90 semble avoir modifié le comportement des ménages et a invité à enrichir les explication traditionnelles de la variation du taux d'épargne. De même, des facteurs institutionnels et démographiques ont joué un rôle non négligeable qui explique en partie l'évolution du taux d'épargne des ménages depuis le milieu des années 80.
[...] Economie politique contemporaine. P.Villieu Epargne et investissement. [...]
[...] Comment expliquer une telle remontée ? En 1990, plus que le taux d'épargne, c'est la consommation qui a changé de comportement, avec un taux de croissance en volume à peine supérieur à par an en moyenne, au lieu des des années 80. Ainsi, au début des années 90 le taux d'épargne remonte en période de récession économique (93 surtout). D'après la théorie Keynésienne, le taux d'épargne est censé jouer un rôle contra cyclique. Or, là c'est l'inverse qui se passe : le taux d'épargne augmente, la consommation diminue et altère encore plus la croissance. [...]
[...] II) Selon la théorie du cycle de vie de Modigliani, les individus consomment plus qu'ils ne gagnent lorsqu'ils sont jeunes, épargnent de plus en plus au cours de leur vie active et consomment les fonds accumulés peu à peu au cours de leur retraite. La composante démographique a donc un rôle clé pour expliquer l'évolution du taux d'épargne depuis le milieu des années 80. Néanmoins, le théorème du cycle de vie a été établi dans les années 50 alors même qu'en France, le système de retraite par répartition et son impact sur le revenu des plus âgés n'avait pas encore produit d'effets. [...]
[...] De même, le retournement du marché immobilier a pesé sur le patrimoine des ménages alors même que les remboursements d'emprunt pour l'immobilier (très souvent pris à long terme) impliquaient toujours des remboursements. Enfin, les banques se sont montrés plus sélectives et ont accordé moins de crédits. Tous ces phénomène ont alors poussé le taux d'épargne à la hausse, hausse que l'on constate dès 1992. L'Etat n'a eu qu'un rôle mineur sur l'évolution du taux d'épargne. Les théories exposées montrent que le taux d'épargne dépend beaucoup de la confiance et de l'incertitude. [...]
[...] Les outils traditionnels ne constituent donc plus un cadre cohérent pour expliquer l'évolution du taux d'épargne. Il faut alors revenir au chiffre soulignant la baisse de la consommation. Car la remontée du taux d'épargne semble bien s'expliquer par un changement d'état d'esprit des ménages. Aussi subjectif que cela puisse paraître, c'est bien autour des termes de " confiance " et " d'incertitude " qu'il faut expliquer cette remontée du taux d'épargne. Au niveau du revenu, il est possible de revenir sur la théorie du revenu permanent pour souligner que les ménages perçoivent désormais le chômage comme un facteur quasi permanent dont personne n'est à l'abri. [...]
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