Nous allons tenter de rendre compte dans cette étude de la façon dont la science économique explique la croissance économique. Cette question nous paraît essentielle au regard de la persistance du sous-développement dans de nombreuses régions du monde. Aussi serons-nous particulièrement attentif quant à la capacité de la science économique à fournir, à partir de sa compréhension de la croissance, des explications ou des remèdes au sous-développement.
Notre démarche consiste, après avoir présenté les motivations et méthodologie de l'économiste, à proposer une présentation critique de l'explication scientifique de la croissance. Cette dimension critique n'est pas à entendre comme un regard subjectif. Nous entendons par là rendre compte de la façon dont la science économique progresse, par dépassement des résultats jugés insatisfaisants ou incomplets.
Nous avons travaillé à la fois sur des ouvrages de synthèse, en langues française et anglaise, et sur des articles directement issus de la production des économistes, principalement en langue anglaise. Ces articles pouvant être des classiques qui ont marqué les théories de la croissance ou des contributions beaucoup plus récentes.
Nous avons choisi, pour la majorité de nos citations, de conserver la langue d'origine, afin d'éviter toute dénaturation des propos empruntés et, parfois, pour conserver le caractère historique de certains propos.
[...] Cette accusation est, au regard de la méthodologie de l'économiste, largement infondée. Tout d'abord, l'économie est, comme le rappel le titre de l'essai de Friedman évoqué dans le précédent paragraphe, une science positive. Autrement dit, elle ne fait que mettre à jour des inférences logiques. Elle peut donc, pour un objectif donné, proposer des moyens. Mais elle n'impose d'objectifs à personne. De plus, la science économique est fondée sur une conception subjective de la valeur. La valeur, pour l'économiste, n'existe que par le prisme des préférences individuelles. [...]
[...] C'est Mill qui, dans son System of logic (1844), prend position en faveur de la méthode déductive dans les ‘sciences morales'. La seconde thèse, qui défend la non nécessité d'une validité empirique des prémisses du raisonnement apparaît véritablement, même si l'on peut en trouver de timides expressions au XIX° siècle, avec les positions méthodologiques de Friedman en ouverture de ses Essays on positive economics (1953). Mais elle s'impose en réalité de facto avec la mathématisation de l'économie qui accompagne la révolution marginaliste, donc bien avant la contribution méthodologique de Friedman. [...]
[...] Ensuite et surtout, la compréhension des causes de l'absence de croissance dans une partie du monde, pour pouvoir, peut- être, formuler des recommandations. Ce second enjeu est d'ailleurs loin d'être spécifique à la période contemporaine, marquée il est vrai par le constat de la persistance du sous- développement. Il était par exemple présent dans les esprits au lendemain de la seconde guerre mondiale, du fait des défis que devaient alors relever les économies détruites par la guerre ou les pays qui, avec la fin des empires coloniaux, accédaient à l'indépendance. [...]
[...] Ainsi : L(t)=L0ent. Supposons le plein emploi. Alors : = sF(K,L0ent) est le sentier de croissance néoclassique. Notons r l'intensité capitalistique. Alors K=rL=rL0ent et, en dérivant par rapport au temps, = L0ent + nrL0ent. On peut donc écrire le sentier de croissance : ( L0ent = sF(K,L0ent). La fonction de production étant à rendements constants, on peut transformer cette égalité en : ( L0ent = s L0ent F(r,1). On obtient ainsi la relation : = sF(r,1)-nr. [...]
[...] Il ne s'agit pas seulement de faire honneur au libellé exact de notre sujet. Même si les éléments méthodologiques que nous allons introduire ne sont pas spécifiques à l'étude de la croissance, les théories de la croissance se caractérisent, nous le constaterons, par un formalisme qui pourrait surprendre le lecteur qui n'a pas à l'esprit le parti pris méthodologique de l'économiste. La méthodologie économique standard repose sur l'affirmation d'une double thèse (Vieira, 2001). D'abord, la thèse hypothético-déductiviste, qui affirme que l'économie doit être une science hypothético-déductive, dont les analyses sont construites par inférences logiques successives, des prémisses ou hypothèses d'un raisonnement jusqu'à ses conclusions. [...]
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