La théorie néoclassique propose le modèle de concurrence pure et parfaite comme marché de référence. Au sein de ce modèle, aucune firme ne jouit d'un poids suffisant pour avoir une influence sur les prix, on dit que les entreprises sont price-takers. Mais tous les marchés sont loin d'être concurrentiels, on peut en effet trouver des exemples où des entreprises ont ou ont eu des positions largement dominantes : AT&T (opérateur téléphonique longue distance), Kodak, Kleenex ou encore Alcoa (aluminium). Quand l'entreprise se trouve totalement seule à produire un bien ou un service et doit donc satisfaire une infinité d'acheteurs, la totalité de la demande, on parle de situation de monopole (du grec mono : un seul et polein : vendeurs). Les hypothèses d'atomicité et de libre entrée sur le marché doivent alors être abandonnées. Ce modèle constitue un cas extrême de concurrence imparfaite le monopoleur acquérant un contrôle total sur son secteur et sur les prix qui ne représentent plus une donnée extérieure, exogène mais une variable dépendante de sa volonté, véritablement endogène.
On pressent tout de suite le danger que peut constituer une situation à ce point dominante et on comprend la méfiance généralisée à l'encontre des monopoles, synonymes dans le sens commun d'inégalité salariale, de concentration antidémocratique des pouvoirs, d'abus toujours au détriment du consommateur. Faut-il dès lors, à l'instar des néoclassiques condamner et combattre de façon inconditionnelle les monopoles ? Ne pourrait-on pas, ne devrions-nous pas dépasser cette méfiance instinctive et procéder à une analyse objective qui permettrait, peut être, de justifier l'existence des monopoles, de mettre en évidence des situations pour lesquelles les monopoles peuvent paraître légitimes, avantageux et même plus efficaces que des situations de concurrence exacerbée ?
Si le monopole apparaît effectivement comme un modèle imparfait favorisant des abus qui discriminent le consommateur et étant à priori moins efficace économiquement ; on peut cependant nuancer cette assertion et mettre en évidence des situations pour lesquelles le monopole permet d'avoir une meilleure efficacité productive et d'œuvrer en faveur du consommateur.
[...] Pour assurer l'accès de tous, l'Etat pose des obstacles réglementaires ou législatifs à l'entrée de concurrents sur le marché et impose aux monopoles de couvrir tout le territoire et de d'assurer l'accès de tous au service, on parle alors de monopole légal. Dans ce cas, le monopole peut être tout à fait positif pour le consommateur. Les monopoles peuvent être des locomotives de l'innovation Le monopole d'innovation Le monopole peut aussi générer de l'innovation en la rendant rentable. En effet, les entreprises ne sont poussées à investir que si elles peuvent tirer profit conséquent (et exclusif) de ces investissements pendant un laps de temps raisonnable. [...]
[...] La défense du monopole par J. Schumpeter et la remise en cause du modèle néoclassique de concurrence pure et parfaite La thèse décrite ci-dessus a été défendue par J. Schumpeter dans Capitalisme, Socialisme et Démocratie (1942) ; pour cet auteur, la concurrence imparfaite n'est pas une imperfection elle est nécessaire et est plus favorable à l'innovation : les monopoles sont préférables aux situations de concurrence car ils protègent l'entrepreneur-innovateur en lui permettant de financer ses investissements sans être menacé par les entrepreneurs-imitateurs. [...]
[...] Le point d'équilibre du monopole : Em est le point d'intersection entre la droite de recette marginale et la courbe des coûts marginaux. Cette quantité est totalement écoulée sur le marché au prix P*. Or, comme on peut le voir sur le graphique ce prix est supérieur à celui qui serait fixé par un marché concurrentiel puisque sur dans un modèle de concurrence pure et parfaite le point d'équilibre correspond à l'intersection entre la courbe des Cm et la droite des RM (prix). [...]
[...] Par ailleurs, en situation de monopole, les entreprises utilisent des ressources importantes pour dissuader d'éventuels concurrents d'entrer sur le marché. De telles dépenses constituent souvent un gaspillage qui diminue l'efficacité de la production et dégrade le bien-être du consommateur. L'entreprise en situation de monopole peut par exemple chercher à obtenir un avantage comparatif plus en faisant augmenter les coûts de son concurrent qu'en essayant de réduire les siens. La réduction des efforts faits en matière de recherche et développement Alors que la concurrence incite les entreprises à investir, à innover, à chercher à être les premiers à proposer tel ou tel produit ; un monopoleur peut engranger des profits sans chercher à investir ou à innover. [...]
[...] Ainsi, ce sont plus les abus du monopole que la situation même du monopole qui sont néfastes. Le monopole peut dans certaines situations ne pas désavantager le consommateur et permettre un plus grand dynamisme économique, son existence peut donc se justifier. De toute façon, la concurrence parfaite ne peut être considérée comme le modèle de référence puisque dans un monde de concurrence parfaite, toute déviation, toute entorse à la règle selon laquelle le prix doit être égal au coût marginal entraîne le passage à une situation sous-optimale. [...]
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