En 1979, dans la grande synthèse qui couronne tous ses travaux, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVème- XVIIIème siècle, Ferdinand Braudel fait entrer dans la réflexion des économistes et des historiens le concept d'économie-monde qu'il avait déjà utilisé à propos de la Méditerranée dans sa thèse (1949), avec l'ambition d'une histoire totale. Il offrait ainsi la première synthèse dont le moteur est la mondialisation de l'économie.
Par économie-monde, Braudel n'entend pas l'économie mondiale, qui correspond à l'économie du monde pris dans son entier, au marché de tout l'univers, mais une « Weltwirtschaft », une économie qui est un monde en soi, qui ne met en cause qu'un fragment de l'univers, un morceau de la planète économiquement autonome, capable pour l'essentiel de se suffire à lui-même, et auquel ses liaisons et ses échanges intérieurs confèrent une certaine unité organique.
L'Europe, explique Braudel, a vu éclore une succession d'économies-mondes : la floraison de villes après le décollage du XIème siècle est la première économie-monde d'Europe. Mais, en général, il considère plutôt l'aire méditerranéenne au XVème siècle comme une des premières économies-mondes (Braudel se contredit parfois entre ses différents ouvrages). Il entend par là non seulement la mer elle-même, mais tout ce qui est mis en mouvement, à plus ou moins grande distance de ses rivages, par sa vie d'échanges. Cette aire, en effet, bien que divisée politiquement, culturellement, socialement aussi, accepte une certaine unité économique qui a été construite d'en haut, à partir des villes dominantes de l'Italie du Nord, Venise en tête et, à côté d'elle, Milan, Gênes, Florence. En effet, comme les autres économies-mondes, celle du XVIème siècle a été construite d'en haut, à partir de Venise, elle dépasse et recouvre des empires politiques tout entier, et surtout, elle transgresse les limites des civilisations chrétiens et musulmans, grecques, turques, etc…
Par ailleurs, on peut dire que New York est le centre de l'économie-monde d'aujourd'hui. Comment en est-on arrivé là ? Etant donnée la quantité de centres qu'il y a eu, je me suis attachée aux aspects plutôt théoriques de l'analyse de Braudel. Il est important de considérer les caractéristiques d'une économie-monde, pour en comprendre l'évolution des économies-mondes selon son point de vue.
[...] Etant donnée la quantité de centres qu'il y a eu, je me suis attachée aux aspects plutôt théoriques de l'analyse de Braudel. Il est important de considérer les caractéristiques d'une économie-monde, pour en comprendre l'évolution des économies-mondes selon son point de vue. I. Les caractéristiques de l'économie-monde Pour expliquer la notion d'économie-monde, il faut d'abord en délimiter l'espace. En effet, il n'y a pas d'économie-monde sans espace propre. La zone qu'elle englobe est la condition première de son existence. Cet espace renvoie à trois règles : 1. [...]
[...] L'évolution des économies-mondes Il existe des économies-mondes depuis toujours ou au moins depuis très longtemps, de même que pour les sociétés, les civilisations, les Etats et même les Empires. A partir du XIème siècle, l'Europe élabore ce qui sera sa première économie-monde, que d'autres suivront jusqu'au temps présent. Sommes-nous donc en face d'un processus sans fin ? Ces économies-mondes ont connu, qu'il des évolutions qu'il faut considérer à la fois au niveau de l'espace et au niveau du temps Evolution des économies-mondes dans l'espace Considérons dans un premier temps l'évolution de la taille des économies-mondes. [...]
[...] L'évolution spatiale d'une économie-monde peut également correspondre à un centrage ou un recentrage. En effet, les villes dominantes ne le sont pas pour toujours : elles se remplacent. Ces transferts, où qu'ils se produisent, d'où qu'ils viennent (pour des raisons purement économiques ou non), sont toujours très significatifs : ils correspondent à des ruptures de l'Histoire, à de vrais bouleversements. Ils révèlent la fragilité de l'équilibre intérieur du centre en dégénérescence et les forces de celui qui va s'établir. Tout le cercle de l'économie-monde est affecté et les répercussions d'un tel changement ne sont jamais uniquement économiques. [...]
[...] Les montées séculaires correspondent à l'épanouissement de tous les secteurs (économie, ordre social, culture, Etat). L'économie, qu'appuie une augmentation importante de la population, complique ses circuits et ceux- ci, avec la prolifération de la division du travail, favorise la hausse des prix. On a également, pendant ces périodes, un renforcement du capitalisme : les prix augmentent plus vite que les salaires, les profits se gonflent et permettent l'investissement. A l'inverse, les descentes, longues et résistantes, sont marquées par le changement. [...]
[...] Il s'agissait ici de s'attacher à présenter les aspects théoriques de l'évolution des économies-mondes que Braudel a montrée et analysée dans son ouvrage. Il expose sa vision de l'économie-monde, avec ses principales caractéristiques, et essaie d'en expliquer l'évolution. Ses explications liées aux cycles longs sont contestées par la plupart des économistes et certains historiens, surtout quand il affirme que la conjoncture économique détermine la politique beaucoup plus qu'elle n'est déterminée par elle. Source Braudel, Ferdinand: Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVème- XVIIIème siècle. [...]
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