Premier constat, l'euro est passé de 1,1820 dollars le 4 janvier 1999 (plus de 1,19 dollars au cours de cette journée), jusqu'à 1,0927 dollars le 24 février 1999. Si la baisse de l'euro au profit du dollar découlait dans un premier temps d'une anticipation de baisse des taux, elle traduit principalement le différentiel de croissance entre la zone euro (environ 2,7-2,9% en 1998) et les Etats-Unis (où le PIB a progressé de 3,8% en 1998) et se trouve entretenue par l'écartement du différentiel de taux entre les Etats-Unis et l'Europe. L'euro sera-t-il alors une monnaie forte ? Les taux de change peuvent varier en fonction d'une multitude de facteurs, dont certains interviennent dans le court terme et d'autres à plus long terme. À court terme, les taux de change peuvent être influencés par des instruments dont la mise en œuvre relève de la politique de change menée. Ces instruments comprennent les interventions stérilisées ou non de la Banque centrale sur les marchés des changes et les variations des taux d'intérêt officiels.
À plus long terme, les taux de change sont principalement déterminés par des facteurs économiques fondamentaux. La liste de ces facteurs inclut des variables telles que la croissance, l'inflation, la productivité, les soldes budgétaires, les soldes courants, l'offre relative d'actifs domestiques et étrangers... Les anticipations quant à l'évolution de ces variables jouent également un rôle déterminant dans l'évolution des taux de change. Ces facteurs économiques fondamentaux dépendent eux-mêmes de la politique économique suivie, le "policy-mix".
La question de l'euro fort sera donc étudiée à travers la Banque centrale tout d'abord puis à travers les facteurs externes, c'est-à-dire le marché.
[...] La question de l'euro fort sera donc étudiée à travers la Banque centrale tout d'abord puis à travers les facteurs externes, c'est-à-dire le marché. I. Euro fort et Banque centrale A. Volonté d'une monnaie forte ? Sur la valeur de l'euro, trois thèses sont traditionnellement mises en avant. Certains pays comme l'Allemagne, accordent la priorité à un euro fort pour limiter l'inflation (l'objectif principal de la BCE sera de maintenir la stabilité des prix), et contenir la progression des agrégats monétaires. Le 17 août 1997, Helmut Kohl déclarait ainsi "nous ne voulons pas d'un euro faible". [...]
[...] Avec la monnaie unique, les taux d'intérêt à court terme ont déjà commencé à converger et les différentiels de taux longs européens seront beaucoup moins importants que maintenant, sans devoir s'égaliser cependant en raison des primes de signature qui subsistent. Si les taux d'intérêt baissent en moyenne et si les possibilités de diversification se réduisent considérablement en Europe, il y aura une forte incitation à rechercher des opportunités ailleurs. Les investisseurs non européens, quant à eux, ne seront pas nécessairement incités à augmenter le poids de l'Europe dans leur portefeuille. De nos jours, les investisseurs hors Europe sont déjà nettement plus diversifiés que les européens. Les rendements sur euro pourraient baisser. [...]
[...] Il n'y a pas fusion des lignes d'emprunt, pas d'agence européenne d'émission de dette. La substituabilité entre dettes européennes, accrue certes par la disparition du risque de change, n'est pas parfaite car les politiques budgétaires restent indépendantes. Enfin, il faut tenir compte du fait que si l'attrait pour l'euro ne reste pas limité à sa fonction de placement, alors sont à entrevoir de futures émissions de euro-euros, c'est-à-dire d'emprunts en euro de non-résidents. Celles-ci tempéreraient significativement une éventuelle tendance à l'appréciation de l'euro. [...]
[...] Mais il ne faut pas exagérer ce risque. Si des ajustements de réserves sont nécessaires, ils peuvent être entrepris de manière graduelle afin d'éviter des mouvements intempestifs sur les marchés de change. Or, une baisse ou une diversification sur le moyen terme des réserves de l'Union n'a pas les mêmes effets qu'une cession brutale. En outre, le SEBC n'a aucune obligation de réduire ses réserves, et il pourrait s'avérer utile d'en détenir relativement beaucoup dans une première phase, tant que l'euro n'est pas bien établi. [...]
[...] Un grand marché financier ? Cependant, la formation d'un grand marché unifié, moins profond et liquide certes que celui des Etats-Unis mais plus que celui du Japon, peut constituer un puissant motif d'attraction pour les investisseurs non européens, tout comme la compétition accrue entre les marchés financiers européens. Pourtant, le grand marché financier est pénalisé par l'absence du Royaume- Uni dans la zone Euro. Diverses estimations –Commission des Communautés européennes, Aglietta et Thygesen- ont avancé des chiffres dans la fourchette des 500-700 milliards de dollars pour le réaménagement de portefeuille potentiel dans le cas d'une union large. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture