En juin 2005, le ministre italien du Travail et des Politiques sociales a annoncé sa volonté de réintroduire la lire et donc l'abandon de l'euro, monnaie qu'il qualifie de « désastre ». Pour cela, il s'appuie sur l'exemple de la Suède ou du Royaume-Uni, pays européens qui, ayant gardé leur monnaie nationale, affichent des meilleures performances économiques que la zone euro. Maroni décrit ainsi le Royaume-Uni comme un pays dont l'économie « croît et se développe, maintenant un contrôle sur sa devise ».
L'euro est un projet ancien dont la mise en place ne s'est effectuée que très récemment. En effet, le rapport Werner de 1970 en fixait les grands principes, dont les ambitions étaient assez élevées (création d'un centre de décision de la politique conjoncturelle, besoin d'harmonier les législations fiscales, libéralisation des mouvements de capitaux…). En 1979 a été créé le système européen monétaire, donnant naissance à une « monnaie partielle » selon Hicks car elle ne constituait pas un moyen réel de paiement. Cela s'appelait alors l'écu, qui représentait un panier de monnaies européennes, le nom « euro » ayant été arrêté en Décembre 1995. Le SME, amorcé par le serpent monétaire de 1972, était un système de changes fixes mais encadré par des marges de fluctuation (d'abord de 2,5 puis 15% en 1992-93). C'est en 1992 qu'une nouvelle étape fut franchie avec le traité de Maastricht, définissant les éléments de l'Union économique et monétaire européenne (création de nouvelles institutions, établissement de critères de convergence), qui voit le jour réellement le 1er Janvier 1999, avec à terme une monnaie unique. Une union monétaire a trois composantes: la fixité irrévocable des taux de change entre les différentes monnaies, une convertibilité entre les monnaies sans contrôle des changes (échanges contre devises) et la liberté totale des capitaux. Enfin, la mise en place de l'euro, par substitution aux monnaies nationales, s'est réalisée en trois phases: le choix des pays membres et la mise en place des institutions chargées de le gérer (BCE et SEBC) en 1998, la fixité des taux de conversion entre les monnaies et le passage des prix en euros sur les marchés le 1er Janvier 1999 et enfin l'introduction des pièces et billets comme réel instrument de paiement en euros le 1er Janvier 2002.
Ainsi, alors que l'euro est une réalité depuis quelques années et que des critiques se multiplient, avec l'apparition de l'idée d'abandonner la monnaie unique, il semble nécessaire de dresser un bilan de l'euro aujourd'hui. Face notamment aux faibles performances économiques de la zone euro, est-il possible de parler aujourd'hui d'échec à propos de l'euro ? Cela revient donc à s'interroger sur l'efficacité de la monnaie unique, c'est-à-dire sur sa capacité actuelle à remplir les objectifs qui ont donné lieu à sa création.
Par conséquent, nous verrons dans un premier temps que l'euro aujourd'hui fonctionne plutôt bien compte tenu de la crédibilité de l'euro et de la stabilité apportée aux pays membres de l'« euroland » ». Puis dans une deuxième partie, nous nous intéresserons aux limites actuelles que semble rencontrer l'euro, à l'image des mauvaises performances économiques de la zone euro.
[...] À l'image de l'Irlande, ils peuvent baisser leurs impôts, en s'assurant en retour de recevoir assez de capitaux, accentuant par là même les stratégies nationales, non concertées. Avec le principe actuellement d'un pays, un vote, ces petits pays sont majoritaires parmi les douze gouverneurs de banques centrales contre les trois grands pays, l'Allemagne, l'Italie et la France représentant environ 70% du PIB de l'UEM. Cela laisse à penser pour le directeur des études à l'OFCE, Jacques Le Cacheux, que la politique monétaire de la BCE, même avec l'adoption de l'euro par les PECO, sera systémiquement trop restrictive pour les grands pays moins inflationnistes que la moyenne laissant donc présager d'une politique qui ne conviendra pas à la situation économique de tous les pays et les opposant de plus en plus Une politique budgétaire insuffisante Face à cette hétérogénéité des situations nationales, la politique budgétaire, toujours aux mains des Etats apparaît comme la solution pour faire face aux spécificités conjoncturelles nationales. [...]
[...] La BCE doit donc mener une politique de compromis pour tenter de satisfaire globalement tous les pays. Ses marges de manœuvre sont limitées car elle doit éviter d'avoir des taux d'intérêt trop élevés, pénalisant les pays ayant une croissance ralentie, qui aurait des effets déflationnistes (baisse générale et soutenue des prix). Elle ne peut non plus trop baisser ses taux pour maintenir sa crédibilité, puisque cela revient pour des pays à forte inflation à avoir des taux d'intérêt nul, renforçant la demande intérieure et donc la hausse des prix, alors que l'objectif majeur de la BCE est de lutter contre l'inflation. [...]
[...] Le SME, amorcé par le serpent monétaire de 1972, était un système de changes fixes mais encadré par des marges de fluctuation (d'abord de 2,5 puis 15% en 1992-93). C'est en 1992 qu'une nouvelle étape fut franchie avec le traité de Maastricht, définissant les éléments de l'Union économique et monétaire européenne (création de nouvelles institutions, établissement de critères de convergence), qui voit le jour réellement le 1er Janvier 1999, avec à terme une monnaie unique. Une union monétaire a trois composantes : la fixité irrévocable des taux de change entre les différentes monnaies, une convertibilité entre les monnaies sans contrôle des changes (échanges contre devises) et la liberté totale des capitaux. [...]
[...] Cependant la monnaie unique semble être aujourd'hui responsable des mauvaises performances de la zone euro L'extension de l'utilisation de l'euro et ses apports en termes de stabilité devaient à terme être facteurs de croissance pour la zone euro, les avantages structurels de la monnaie unique (réduction des coûts de conversion et de transaction, convergence des économies par une comparaison accrue des économies) étant considérés comme à terme supérieurs aux coûts temporaires liés à sa mise en place intervenant sur un plan juridique, technique et psychologique. L'euro devait donc permettre une plus grande compétitivité des économies européennes, ce qui semble être démenti dans les faits, avec les performances économiques assez médiocres de la zone euro actuellement. La monnaie unique semble donc responsable de cette situation, ses effets ayant été surestimés. Néanmoins, l'euro n'en est pas la cause directe mais plutôt le signal d'un policy mix imparfait. A. Une croissance faible liée à la surestimation des effets de l'euro 1. [...]
[...] En effet, l'euro est relativement peu utilisé par les banques centrales comme réserve de change. À la fin 2003, la part de l'euro dans les caisses de ces banques représente environ 20% des réserves mondiales à contre 60% pour le dollar. Ce rapport est à peu près stable depuis la création de la monnaie unique puisque d'après les données de 2000, la monnaie américaine constituait 60% des réserves de change mondial, environ 25% pour l'euro. L'utilisation de la monnaie unique dans les règlements internationaux est également limitée. [...]
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