« Il n'y a plus aucune raison de faire peser sur le commerce et sur la population la gêne considérable résultant des prohibitions, restrictions, taxations, monopolisations, et de la dictature économique des pouvoirs publics et des consortiums. Il faut que toutes ces manifestations du régime étatiste disparaissent peu à peu. Il ne faut pas que les fonctionnaires habitués depuis quelques temps à tout régenter, continuent à entraver l'action commerciale du pays, sous prétexte qu'ils le font depuis quatre ans. » C'est en ces termes que s'exprime, dans une pétition des Chambres de commerce, la réaction au « dirigisme » économique pratiqué en temps de guerre, et ce dès le lendemain de l'armistice franco-allemand du 11 novembre 1918.
En effet, l'idéologie libérale, bien ancrée en France, se fonde sur la confiance exclusive en les seules lois du marché (libre entreprise et libre concurrence) pour garantir la cohésion sociale au sein de la population. Ainsi l'Etat doit se contenter d'assurer les fonctions de défense, de police et de justice, ce que l'on appelle les fonctions régaliennes de l'Etat et qui sont les prérogatives de la souveraineté.
Or la France s'est considérablement développée depuis 1914 : le niveau de vie des Français en 2005 est sans commune mesure avec le niveau de vie d'après guerre. Le niveau de vie est très difficile à mesurer, mais il existe de multiples indicateurs de développement, comme l'IDH (qui prend en compte l'espérance de vie à la naissance et le taux moyen d'alphabétisation notamment), ou le revenu réel par tête, qui se recoupent pour affirmer que le développement économique de la France est considérable durant la période étudiée. Parallèlement l'Etat a beaucoup « grossi », en nombre d'organes et en effectifs. Si l'on définit le développement économique comme un processus de croissance et de hausse du niveau de vie, il semble alors qu'il y ait corrélation entre développement économique et augmentation des prérogatives de l'Etat. On peut se demander si cette évolution est linéaire sur toute la période considérée, ou si l'Etat étend ses prérogatives par « à-coups ». Une corrélation peut être établie s'il y a coïncidence entre ces « à-coups » et le début de phases d'expansion, mais sûrement pas une causalité. En effet, comme il est difficile de mesurer le développement économique, il devient très difficile de mesurer l'importance des différents acteurs dans ce développement, et parmi eux, l'Etat. Pour étudier cette dialectique entre Etat et développement et le lien de causalité entre les deux, la thèse de l'économiste Wagner fournit un point de départ. Wagner affirme que le développement économique favorise l'augmentation du rôle de l'Etat dans l'économie. Est-ce que cette thèse se voit confirmée par l'étude de l'économie française de la Première Guerre Mondiale à nos jours ? N'existe-t-il pas un rapport plus complexe entre ces deux notions que sont l'Etat et le développement économique ?
[...] En 1948, l'Etat adhère au GATT mais c'est seulement en 1958 que l'Etat décrète d'un seul coup la libéralisation des échanges à 90% alors que le franc redevient convertible. De plus, dans le début des années 50, le rapprochement européen apparaît comme un moyen de stimuler les échanges et de contribuer à l'élévation du niveau de vie. La France veut aussi par ce biais imposer aux entreprises un effort de restructuration sous la pression de la concurrence étrangère. La construction européenne (traité de Rome en 57) a des effets positifs sur la croissance. [...]
[...] N'existe- t-il pas un rapport plus complexe entre ces deux notions que sont l'Etat et le développement économique ? La Première guerre mondiale, rupture fondamentale dans l'histoire économique de la France, est suivie d'une période réelle d'expansion économique dans lequel l'Etat, timide, joue néanmoins un rôle, notamment par l'organisation de la reconstruction. Cependant la crise des années 30 survient et l'Etat semble alors avoir sa part de responsabilité dans la récession. De l'avènement du Front Populaire en 1936, à la crise des années 70, l'Etat s'épanouit et renforce son rôle de principal acteur du développement économique, et ce par l'étape majeure de la naissance de l'Etat-Providence (II et III). [...]
[...] Comme celle-ci devait être courte et limitée, personne n'avait mesuré le véritable impact qu'elle pouvait avoir sur l'économie. Mais très vite, dès les premières semaines du conflit, ce libéralisme s'avère totalement inadapté au contexte particulier de la première Guerre mondiale. En effet l'année 1914 révèle un certain nombre de faiblesses dans l'économie française face à l'Allemagne. Le sursaut militaire qui suit la bataille de La Marne (septembre 1914) ne saurait cacher en effet les failles de la mobilisation industrielle et une économie de guerre beaucoup moins efficace et moins organisée en France qu'en Allemagne. [...]
[...] Le 6 ème (de 1971 à 1975) promeut quant à lui le développement des infrastructures et des télécommunications. Les bilans de ces plans se révèlent positifs. Ainsi les Trente Glorieuses constituent les années d'épanouissement de l'Etat. L'ensemble des dépenses publiques (Etat, collectivités locales, Sécurité sociale) passe de 26,5% du PIB en 1938 à 41% en 1948 et 50,5% en 1973. Cette apogée de l'Etat peut être mis en rapport avec divers courants de pensée qui transcendent des idéologies différentes. C'est d'abord la pénétration des idées keynésiennes en France. [...]
[...] En effet, comme il est difficile de mesurer le développement économique, il devient très difficile de mesurer l'importance des différents acteurs dans ce développement, et parmi eux, l'Etat. Pour étudier cette dialectique entre Etat et développement et le lien de causalité entre les deux, la thèse de l'économiste Wagner fournit un point de départ. Wagner affirme que le développement économique favorise l'augmentation du rôle de l'Etat dans l'économie. Est-ce que cette thèse se voit confirmée par l'étude de l'économie française de la Première Guerre Mondiale à nos jours ? [...]
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