Après le succès qu'avait connu la politique économique keynésienne au cours des Trente Glorieuses, les trois dernières décennies du XXe siècle ont été marquées par un débat très vif sur les fondements, les modalités et les limites de l'action publique. Pour l'essentiel, ces critiques sont venues des économistes eux-mêmes et d'abord de ceux d'entre eux que leurs convictions libérales conduisent à faire confiance aux acteurs économiques et par principe à refuser l'intervention de l'Etat dans l'économie.
Les arguments de ce débat peuvent être regroupés en quatre volets :
- la capacité du décideur public à prévoir les réactions des agents économiques face à une mesure de politique économique,
- sa capacité à susciter la confiance de ces mêmes agents
- sa capacité et sa volonté à servir le bien public,
- l'incertitude dans laquelle se trouve le décideur public lui-même quant à la nature des risques et la nécessité de faire jouer le « principe de précaution » dans la prise de décision économique.
[...] Point d'appui vers l'analyse de la formation du jugement des agents en utilisant les sciences cognitives 2 Les limites de la confiance TR : L'hypothèse d'anticipations rationnelles n'a pas pour seul effet de rendre plus complexe la représentation de l'économie et de ses interactions avec la politique économique. Elle affecte aussi l'efficacité des décisions. L'interaction stratégique entre gouvernement et agents privés est source d'inefficacité En fait, comme acteur économique jouissant d'un influence sur l'économie, le gouvernement garant du bien public, est amené à fixer des objectifs et réunir les conditions pour les atteindre. [...]
[...] Aléa moral Plus généralement, ce défaut de crédibilité s'explique par une incohérence temporelle. Dans l'exemple du biais inflationniste, il est optimal ex ante d'annoncer une inflation faible, mais il est optimal ex post de conduire une politique inflationniste. Des politiques questionnées Critique qui met en doute la capacité, voire la volonté des autorités à servir le bien public 1 Les limites de la bienveillance L'hypothèse traditionnelle fait du chef du gouvernement ou de ses ministres les maîtres d'un Etat sans défaut qui, tout à la fois, leur fournit l'information et transmet sans biais aucun leurs instructions du haut en bas de la hiérarchie. [...]
[...] Il suppose de choisir un taux d'actualisation applicable à des conséquences qui peuvent être lointaines, une estimation de probabilités et des coûts alors même que ceux- ci peuvent faire débat dans la communauté scientifique, et enfin une fonction de perte. En cela, cette décision est avant tout politique. [...]
[...] Le gouvernement annonce une inflation de mais vise une inflation de pour relancer l'économie. Mais si les agents anticipent cet objectif, ils vont s'en protéger en demandant des hausses de salaires afin de préserver leur pouvoir d'achat de la hausse des prix. La tentation de relancer par l'inflation débouche alors sur une inflation sans relance ou même à une poussée inflationniste. L'interaction stratégique entre gouvernement et agents privés est source d'inefficacité. Exemple en économie internationale Ce sont les problèmes de crédibilité qui ont amené progressivement la plupart des pays à rendre leurs institutions monétaires indépendantes et à les spécialiser dans la lutte contre l‘inflation. [...]
[...] Mais en 1961, John Muth montra que cette hypothèse revenait à supposer que les agents n'utilisaient pas toute l'information disponible et contredisait donc l'hypothèse de rationalité des agents économiques. Cette observation a donné naissance à la révolution des anticipations rationnelles (notion quelque peu emphatique). Néanmoins les conséquences sont lourdes pour les gouvernements qui doivent désormais intégrer les réactions prévisibles des agents économiques quand ils prennent une décision. La politique économique passe de l'art d'ingénieur à un art de stratège en interaction avec d'autres stratèges. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture