Entrepreneur, entreprise et société, hier et aujourd'hui, État entrepreneur, Schumpeter, capitalisme libéral, société industrielle
« L'entreprise est le microcosme du capitalisme..., l'institution cardinale du capitalisme », écrivait François Perroux dans Le capitalisme (1948). Elle est la « matrice » de la société industrielle où se construit la richesse sociale, où se développent les savoir-faire et les solidarités et où s'exerce le pouvoir. Elle naît et se développe sur le terreau de la culture dominante, plus ou moins favorable à « l'esprit du capitalisme ».
L'entrepreneur est la figure emblématique du capitalisme libéral et pour les marxistes, il est un agent passif, prisonnier de la logique du mode de production. Pour J. A. Schumpeter, il est responsable des innovations majeures et des cycles qui rythment l'évolution de la croissance. Pour J. M. Keynes enfin, il anticipe sur la demande effective, mais il est « victime des esprits animaux », cède à un instinct grégaire et investit en même temps que tous les autres au risque de la surproduction. Heureusement, l'État entrepreneur peut compenser en suivant une politique anticyclique.
[...] Dans une large mesure, l'entreprise est la matrice de la société. Le pouvoir de l'entrepreneur marque de son empreinte la société industrielle naissante. Il exerce les trois pouvoirs de la bourgeoisie du xixe siècle : il détient presque seul le pouvoir économique, car l'État reste en dehors de l'entreprise privée et, dans l'économie nationale, il s'en tient aux fonctions régaliennes définies par la théorie libérale. De nos jours, le chiffre d'affaires de certaines firmes transnationales est supérieur aux ressources budgétaires et au PIB des petits pays, et l'intérêt économique de la grande firme rejoint celui de l'État. [...]
[...] De nos jours, le dirigeant salarié reste chargé du management opérationnel. Il choisit les moyens et les méthodes puis contrôle les résultats pour atteindre l'objectif. Il devient un négociateur social et un juriste autant qu'un producteur. La durée de son mandat se raccourcit de neuf à sept ans en moyenne, d'après les études récentes. Pour compenser cette relative instabilité, il est intéressé par les résultats financiers de l'entreprise par des options sur actions (stock options) qu'il reçoit en sus de son salaire. [...]
[...] L'entrepreneur est un homme-orchestre. Son identité varie selon les époques et sa fonction s'adapte aux circonstances. Il est tour à tour ou simultanément un patron (du latin patronus : protecteur), un maître absolu à l'époque du capitalisme patrimonial, un pionnier qui introduit l'innovation en période de crise. À partir de la fin du xixe siècle, il doit maîtriser les techniques rationnelles et scientifiques de la gestion dans l'esprit du positivisme. Il organise la production selon les règles du taylorisme et du fayolisme. [...]
[...] La montée de nouveaux pouvoirs externes à l'entreprise affaiblit la fonction entrepreneuriale L'entrepreneur n'a plus les coudées franches. Il doit tenir compte de la contrainte réglementaire et législative de l'État ainsi que du pouvoir financier des actionnaires. L'État exerce les fonctions de suppléance et de réglementation ; il est lui-même entrepreneur quand le capitalisme libéral est défaillant. Par exemple, en France, la Compagnie ferroviaire de l'Ouest dépose son bilan en 1909 et l'État la rachète. En 1937, l'État rassemble les cinq dernières compagnies ferroviaires en déficit dans une société d'économie mixte, la Société Nationale des Chemins de fer français (SNCF), dont il assume l'endettement et assure le contrôle. [...]
[...] Entrepreneur, entreprise et société, hier et aujourd'hui Introduction L'entreprise est le microcosme du capitalisme l'institution cardinale du capitalisme écrivait François Perroux dans Le capitalisme (1948). Elle est la matrice de la société industrielle où se construit la richesse sociale, où se développent les savoir-faire et les solidarités et où s'exerce le pouvoir. Elle naît et se développe sur le terreau de la culture dominante, plus ou moins favorable à l'esprit du capitalisme L'entrepreneur est la figure emblématique du capitalisme libéral et pour les marxistes, il est un agent passif, prisonnier de la logique du mode de production. [...]
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