Un traitement équilibré de la question de la dette suppose de rejeter l'approche par la solvabilité, basée sur les seuls intérêts des créanciers, et de retenir l'approche par la soutenabilité, qui refuse de sacrifier la satisfaction des besoins de base des populations des pays endettés au remboursement de leur dette extérieure.
Atteints de myopie économique, les créanciers ne voient pas, ou ne veulent pas voir, que l'intérêt général leur commande de ne pas étrangler leurs débiteurs. En effet, humilier les plus faibles, qui représentent actuellement 80% de la population mondiale, ne peut conduire qu'à des situations où le désespoir et le ressentiment constituent les vecteurs d'une instabilité et d'une insécurité accrues.
L'approche par la soutenabilité, si elle nécessite d'être affinée, permet de fournir une autre mesure de l'impact de la dette. Les indicateurs alternatifs, et notamment l'indicateur de soutenabilité de la dette, montrent bien que les questions d'endettement sont gérées par les créanciers et dans leur propre intérêt.
Mais contrairement à ce qu'affirme l'approche dominante, le problème de la dette ne s'arrange pas, bien au contraire. Les réductions de dette en direction des pays les plus pauvres ne sont pas efficaces car les sommes dégagées ne permettent pas de bâtir les institutions indispensables à tout processus de développement.
La conditionnalité imposée à ces pays par les IFI les contraint à appliquer des politiques inspirées par le consensus de Washington, contraires à leurs intérêts. Les pays à revenu intermédiaire, qui eux pourraient tirer un plus grand avantage d'annulations de dettes, sont exclus de ce processus.
L'objet de cet article est de tester l'mpact social de la dette en Tunisie, pays à revenu intermédiaire, et de déduire si le remboursement de ces fonds provenant de l'extérieur détériore les performances sociales et économiques du pays.
Pour ce faire, les deux premières sections s'intéressent aux différents nouveaux et anciens indicateurs traitant le problème de la dette en distinguant principalement l'approche de soutenabilité et celle de la solvabilité de l'endettement extérieur.
Une troisième section sera réservée à une validation empirique quant à l'effet social que peut exercer la dette sur la croissance de l'économie tunisienne.
Les principales constatations économétriques prouvent que la dette extérieure en Tunisie à un impact social néfaste qui peut limiter la satisfaction des besoins sociaux (santé, éducation, etc.) des Tunisiens ce qui impose une gestion beaucoup plus efficace des fonds empruntés afin de les investir dans les vrais besoins de tous les secteurs de l'économie.
[...] [2006], Les promesses non tenues du (second) consensus de Washington dans les pays d'Amérique latine et des Caraïbes (1990-2003) Document de travail du CED, n°130, Université Montesquieu- Bordeaux IV. ⊗Berr E., Combarnous F., Rougier E. [2005], Too much consensus could be harmful: measuring the degree of implementation of the Washington consensus and its impact on economic growth Document de travail du CED, n°116, Université Montesquieu-Bordeaux IV. ⊗Bresser-Pereira L.C., Varela C., [2004], The second Washington consensus and Latin America's quasi stagnation Journal of Post Keynesian Economics, vol.27, p.231-250. CADTM [2004], Le droit international. Un instrument de lutte Paris, Syllepse. ⊗Deblock C., Kazi Aoul S. [...]
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[...] Les premiers visent à mesurer le poids effectif du service de la dette sur les populations des pays débiteurs. À ce titre, nous pourrons évaluer le montant annuel du service de la dette par habitant (SDHA), qui soulignera le point de vue des débiteurs sur la dette. Cet indicateur peut être évalué en rapportant le montant annuel du service de la dette, exprimé en dollars courants, à la population. Les valeurs obtenues mesurent en quelque sorte le poids social de la dette, en cela qu'elles évaluent per capita le montant ayant quitté le pays au cours de l'année au titre de la charge liée à la dette externe. [...]
[...] Le service de la dette externe est lui-même désagrégé en service de la dette publique ou privée. D'autre part, les IFI proposent un certain nombre de ratios rapportant les valeurs préalablement citées soit au montant des agrégats de PIB ou de PNB, soit à celui des exportations de biens et services. Enfin, sont proposés un certain nombre d'indicateurs de caractérisation, de description ou de composition de la dette et des flux financiers, selon les types de créanciers, les devises, les termes et échéances ou les formes d'emprunts concernés ; les montants de rachats et de réductions de dette, ainsi que ceux des réserves internationales sont également relevés. [...]
[...] La Tunisie a remboursé, en effet, au titre du service de la dette Mds de $ ; ce qui représente plus de 8 fois le montant de la dette initiale de 1980. D'un autre côté, l'expérience tunisienne démontre bien que la dette constitue en fait un obstacle majeur, face à l'aspiration légitime du peuple tunisien, à une vie meilleure, qui passe par la pleine satisfaction de ses besoins fondamentaux d'où l'effet social de la dette extérieure confirmée dans l'étude empirique . [...]
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