L'économie souterraine peut être distinguée en deux grandes catégories : l'économie informelle, qui porte ce nom car elle ne se déclare pas officiellement aux autorités publiques (que l'on appelle aussi travail au noir), mais qui est plus ou moins tolérée par celles-ci ; et l'économie illégale, largement combattue car elle va à l'encontre des lois les plus élémentaires, à travers des trafics comme la vente de drogue, le meurtre à grande échelle, ou encore la prostitution.
Le lien entre l'économie souterraine et la misère est hautement politique, et c'est ce qui mérite que l'on y attache de l'attention. En effet, ces deux « problèmes » que sont l'économie souterraine et la misère peuvent être chacun cause ou conséquence de l'autre. Dans la question qui nous est posée aujourd'hui, nous étudions plus particulièrement la misère comme cause de l'économie souterraine, ou en tout cas comme cause de l'essor de l'économie souterraine, et de sa prospérité. Abordée sous cet angle, la question n'est donc pas anodine, car elle signifierait ainsi qu'en venant à bout de la misère, l'économie souterraine tendrait à être affaiblie, voire à disparaître elle aussi.
Cette vision des choses n'est-elle pas trop naïve ? Ainsi, la misère, si elle est une cause sans doute nécessaire à la prospérité de l'économie souterraine, est-elle pour autant une cause suffisante ? L'économie souterraine, en créant un réseau parallèle à celui des nantis, offre-t-elle un ascenseur social aux pauvres ?
I) La pauvreté et les pauvres comme base de l'essor de l'économie souterraine :
II) L'économie souterraine fait-elle prospérer la misère ?
III) Faut-il lutter contre l'économie souterraine ?
[...] Toutefois, on peut noter que l'activité souterraine est surtout développée dans les pays pauvres, ce qui nous donne une piste quant au lien entre économie souterraine et pauvreté. Par exemple, à Kinshasa, les des activités économiques sont informelles, et à Kisangani (3ème ville du Congo), on semble même atteindre 90% (selon un rapport de la Conférence Mondiale du Travail et l'étude L'économie parallèle de la République Démocratique du Congo, de Claude Sumata). A plus fine échelle, on constate également que dans un pays, ce sont souvent parmi les populations issues de l'immigration, c'est-à-dire souvent les plus pauvres, que l'économie souterraine prospère : mafia italienne dans le début du XXème siècle aux Etats-Unis, trafic de drogue directement venu du Maroc en France, etc. [...]
[...] Faut-il lutter contre l'économie souterraine ? 3 La tolérance vis-à-vis de cette économie Pour des raisons politiques, l'économie informelle n'est pas toujours combattue, comme nous l'avons vu dans l'extrait de La Cité de Dieu en raison de la corruption, mais aussi parce qu'en grande partie, les autorités comprennent le rôle de celle-ci au sein des PVD, et comprennent que l'économie souterraine, en quelque sorte, permet de pallier les carences qu'elle possède. Lomami Shomba, toujours lui, écrit que l'économie informelle repose sur un compromis social, un consensus muet autour de la tolérance du non- respect de la loi Pourquoi muet ? [...]
[...] En effet, ces deux problèmes que sont l'économie souterraine et la misère peuvent être chacun cause ou conséquence de l'autre. Dans la question qui nous est posée aujourd'hui, nous étudions plus particulièrement la misère comme cause de l'économie souterraine, ou en tout cas comme cause de l'essor de l'économie souterraine, et de sa prospérité. Abordée sous cet angle, la question n'est donc pas anodine, car elle signifierait ainsi qu'en venant à bout de la misère, l'économie souterraine tendrait à être affaiblie, voire à disparaître elle aussi. [...]
[...] Mais quant à savoir si l'économie souterraine prospère davantage sur les pauvres que l'économie officielle, cela reste à prouver. Ainsi, si l'on changeait encore une fois l'intitulé en demandant : des personnes pauvres peuvent- elles s'enrichir à travers l'économie souterraine ? alors nous pouvons également répondre oui, et l'on ne peut, véritablement, le déplorer, en tout cas d'un point de vue économique ou social et si l'on se débarrasse de tout jugement éthique ou moral. Mais une matière comme la géographie, avant de juger, cherche à comprendre, et c'est en tout cas ce que l'on tente de faire. [...]
[...] III) Faut-il lutter contre l'économie souterraine ? La pauvreté et les pauvres comme base de l'essor de l'économie souterraine 1 Un recrutement de l'économie souterraine parmi les pauvres Pratiquer une économie souterraine, cacher son activité relèvent souvent plus de la contrainte que du choix, et participent de certains facteurs qui ont fort à voir avec la misère. Entrer dans l'économie souterraine peut ainsi être dû à une charge fiscale trop importante ; à un chômage massif ; à une absence de compétences requises, parmi quelques explications possibles. [...]
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