Pourquoi réformer l'économie socialiste soviétique ?

Résumé du document

Karl Marx définissait l'économie socialiste par l'accaparation des moyens de production par le prolétariat, c'est-à-dire la classe ouvrière. La « dictature du prolétariat » a été, au cours du XXe siècle, plus qu'un modèle théorique puisque la constitution de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) a vu l'application d'un tel système. L'économie socialiste soviétique est la possession du peuple. Elle devrait donc servir ses intérêts. Mais plus le temps avance et plus le peuple semble davantage souffrir du système que d'en bénéficier, à cause d'un certain nombre d'effets pervers (...)

Extraits

[...] Si l'on en croit les taux de croissance du produit national, ce système a tout d'abord connu des résultats satisfaisants, voire au delà de toute espérance: entre 12 et 13,2% durant le premier plan quinquennal (1928- 1932), et même des taux encore relativement élevés dans l'après-guerre; plus de en moyenne par an entre 1950 et 1970 (cf document 1). Outre les réussites économiques internes, l'économie socialiste soviétique s'exporte bien: la création du Conseil d'Assistance Économique Mutuelle (CAEM ou COMECON) a rallié les pays frères constitués par les Démocraties Populaires d'Europe centrale et orientale à l'économie de l'URSS. Toutefois, si les bons résultats des premières performances sont indéniables, il convient de les relativiser. La forte croissance économique peut s'expliquer par l'abondance des facteurs de production, notamment du travail, qui ont trouvé leur emploi dans un système de croissance extensive. [...]

[...] S'ouvre alors pour l'économie socialiste soviétique une crise endémique dont les causes se trouvent au cœur de son mode de production et dont les conséquences alimentent l'idée de réforme. En effet, l'économiste hongrois Jarnos Kornaï ne pouvait mieux caractériser l'état de l'économie soviétique en la qualifiant économie de pénurie tout d'abord parce qu'elle est prompte au gaspillage. Le modèle de croissance extensive ignore la recherche de la qualité de la production en n'ayant que pour seul objectif celui de respecter les directives du plan. [...]

[...] Les conséquences des dérives structurelles de l'économie socialiste soviétique ont été lourdes de conséquences pour le peuple, qui pourtant devrait être au centre du système, et avoir le pouvoir de le contrôler. Mais, même si tous les dirigeants soviétiques depuis Brejnev ont tenté de réformer l'économie, preuve du besoin d'adaptation de celle-ci, les enjeux politiques et idéologiques avaient le dessus. La rigidité du système couplée avec ses nombreuses défaillances n'a pu trouver d'autre issue qu'une atrophie de l'économie soviétique, ce qui lui vaut cette réputation péjorative d'être contre-productive. Peut-être que le socialisme aurait eu un grand avenir si les réformes de Gorbatchev étaient intervenues trente ans auparavant. [...]

[...] Pourquoi réformer l'économie socialiste soviétique? Karl Marx définissait l'économie socialiste par l'accaparation des moyens de production par le prolétariat, c'est-à-dire la classe ouvrière. La dictature du prolétariat a été, au cours du XXe siècle, plus qu'un modèle théorique puisque la constitution de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) a vu l'application d'un tel système. L'économie socialiste soviétique est la possession du peuple. Elle devrait donc servir ses intérêts. Mais plus le temps avance et plus le peuple semble davantage souffrir du système que d'en bénéficier, à cause d'un certain nombre d'effets pervers. [...]

[...] Le calcul de la croissance économique a ainsi pu être biaisé, d'autant plus que les consommations intermédiaires étaient prises en compte dans l'opération. Les conséquences premières et les plus visibles des dérives de l'économie socialiste soviétique sont sociales. Le modèle théorique voulait une égalité effective ainsi qu'une économie tournée vers le peuple, or la population a été contrainte à court-circuiter le système pour arriver à survivre. Les marchés parallèles ont pallié les déficiences du secteur agricole, considéré comme second par le pouvoir central, et plus généralement l'ensemble des secteurs de production de biens de consommation. [...]