L'action structurelle de l'Etat dans l'économie peut être définie comme une intervention des pouvoirs publics visant à modifier en vue d'atteindre certains objectifs et sociaux les évolutions économiques spontanées de moyen et de long terme telles qu'elles résulteraient probablement du libre jeu des marchés. A cours des trente dernières années, sa place s'est considérablement réduite par rapport à ce qu'elle avait été durant les trente ou quarante années précédentes. Un coup d'oeil sur l'histoire économique depuis le milieu du 19ème siècle montre qu'en fait cette action structurelle a toujours existé, mais que son ampleur a fortement varié d'une période à l'autre. Il n'y a donc pas de tendance régulière dans ce domaine, mais plutôt une évolution cyclique, faisant alterner des phases de renforcement et de recul de l'intervention structurelle de l'Etat dans l'économie des pays développés. Les changements qui sont en cours depuis l'éclatement de la crise financière de 2008 sont en ligne avec cette cyclicité.
[...] Les lois Méline, visant à protéger l'agriculture française, n'ont ainsi constitué que la partie la plus connue de cette stratégie, mais il convient de noter que l'industrie a également bénéficié de mesures similaires. En Angleterre, malgré une forte tradition libre-échangiste, la diminution de la compétitivité consécutive au retard pris par l'économie britannique dans la mise en œuvre de la seconde révolution technique a favorisé une montée des tendances protectionnistes, dont Chamberlain a été le défenseur le plus connu. En Allemagne, les thèses de List sur la protection de l'industrie naissante ont exercé une grande influence, alors que les Etats-Unis ont en permanence utilisé l'arme protectionniste pour assurer leur développement industriel. [...]
[...] Le New Deal adopté par les Etats-Unis sous la présidence de Roosevelt a fortement influencé de nombreux pays européens. Il a principalement reposé sur des mesures structurelles telles que le National Industrial Recovery Act ou l' Agricultural Adjustment Act et a comporté la mise en place d'un système de contrôle administratif puissant en vue d'encadrer par des commissions fédérales les monopoles naturels (électricité, télécommunications, transports aériens, par exemple) par ailleurs restés dans des mains privées ou pour veiller au respect de règles prudentielles strictes, notamment dans le secteur bancaire et financier, qui était jugé responsable de l'éclatement et de l'approfondissement de la Crise. [...]
[...] Sur le plan sectoriel, la politique de concurrence a cassé une grande partie des monopoles privés ou publics traditionnels. On a ainsi vu les Etats-Unis libéraliser le transport aérien puis le marché de l'électricité et enfin celui des télécommunications. Le Royaume-Uni a également démantelé ses monopoles électrique et gazier et le secteur des télécommunications a commencé à s'ouvrir au milieu des années 1980, parallèlement à la privatisation de British Telecom (création de Mercury) Au sein de l'Union européenne, on a promu avec un peu de retard la libéralisation de la prestation de services, ce qui a ouvert le secteur bancaire et celui des assurances à la concurrence. [...]
[...] L'Etat a été doté de responsabilités structurelles lorsque l'économie dirigée s'est substituée au cours des années trente au modèle libéral, qui globalement s'était maintenu jusque là, mais qui s'était montré incapable de faire face aux problèmes créés par la Grande Crise. Cette intervention étatique s'est exercée par divers canaux, dont le poids particulier a considérablement varié d'un pays à l'autre : nationalisations, réglementations sectorielles, contrôle des monopoles, des prix, des changes et des mouvements de capitaux. Durant les années trente, si on met à part l'Allemagne nazie, il n'y a eu qu'en matière d'armements que les Etats ont véritablement conduit une politique industrielle, entendue comme une action publique cohérente fondée sur des objectifs de production précis et dont la réalisation est soutenue par des commandes, des crédits et éventuellement des capitaux publics. [...]
[...] L'Allemagne wilhelmienne a pris dans ce domaine une avance considérable sur les autres pays industrialisés en créant dès les années 1880 et à l'instigation du Chancelier Bismarck un système complet d'assurances sociales. Les pouvoirs publics se sont parfois intéressés aussi à la répartition des revenus par l'instauration d'un impôt sur le revenu, l'Angleterre ayant très tôt montré le chemin avec l'instauration d'une Income-Tax, fondée sur une capacité contributive différentielle en fonction du niveau de revenu de chacun. Cette idée a par contre mis beaucoup de temps pour s'imposer en France, où l'impôt sur le revenu n'a été voté qu'en 1913, à la veille même de la première guerre mondiale. [...]
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