« Elle voulait être la première à pouvoir accéder à plusieurs rayons du magasin », déclarait le capitaine des pompiers, intervenu pour soigner les victimes de la bombe au poivre utilisée par une cliente de Wal Mart, le 25 novembre dernier, premier jour des soldes aux États-Unis.
Le fait divers choque par sa disproportion : comment un geste aussi grave a-t-il pu être motivé par une finalité aussi dérisoire, se procurer une console de jeux à moitié prix ?
Pour être anecdotique, il n'en demeure pas moins révélateur d'une tendance lourde des comportements sociaux actuels.
De nouvelles pratiques de consommation émergent, tantôt initiées tantôt relayées par les médias, qui voient leur dénominateur commun dans la recherche de la bonne affaire à tout prix. Trouver un bien ou une prestation au meilleur prix est devenu l'obsession du moment, une monomanie à rapprocher du contexte de crise économique actuel.
[...] L' économie de crise solution à la crise économique ? Elle voulait être la première à pouvoir accéder à plusieurs rayons du magasin déclarait le capitaine des pompiers, intervenu pour soigner les victimes de la bombe au poivre utilisée par une cliente de Wal Mart, le 25 novembre dernier, premier jour des soldes aux États-Unis. Le fait divers choque par sa disproportion : comment un geste aussi grave t-il pu être motivé par une finalité aussi dérisoire, se procurer une console de jeux à moitié prix ? [...]
[...] Si les sites permettant d'échanger appartements et maisons pour les vacances, dans le but de limiter son budget loisir au prix du transport, sont désormais connus[4], l'auto-partage, qui permet la mise à disposition d'un véhicule auprès de plusieurs usagers est promis à un bel avenir. Comme le co-voiturage, son reflet inversé (partage d'un trajet et donc de son coût), ces pratiques ne sont pas dénuées d'une dimension écologique. Moins d'essence consommée, moins d'acquisitions de véhicules donc économie de l'énergie déployée pour leur fabrication, etc. [...]
[...] Economie de crise et crise forment finalement un couple complexe aux relations ambivalentes : si l'économie de crise s'affiche comme un antidote à la crise économique, permettant pour une part de pallier ses manques et pour une part de relancer la reprise, elle est aussi, par définition, opposée à sa solution. Sans crise, plus d'économie de crise, d'autant que les pratiques qu'elle induit contribuent largement à entretenir les difficultés économiques. La fille de la crise économique ouvrira-t-elle la porte à une alternative au modèle économique actuel tout entier ? [...]
[...] Quelles influences ce nouveau modèle, caractérisé par l'ensemble des pratiques de consommation visant à optimiser les dépenses, exerce-t-il sur la crise économique actuelle ? L'enjeu est de taille, à l'heure où tous les chefs d'Etat et de gouvernement ne cessent de multiplier entrevues et réunions de réflexion pour tenter d'apporter des remèdes au marasme économique actuel. Et si la solution venait finalement d'en bas, du corps social ? Si l'économie de crise s'impose de toute évidence comme une réponse à la crise actuelle, elle en est également la matrice, en ce qu'elle la nourrit. [...]
[...] Il n'est qu'à constater le nombre de publicités proposant le rachat d'or. Avec la crise, l'or a en effet repris sa fonction de valeur refuge, ce qui a fait grimper ses cours à des sommets rarement égalés. S'en est suivi une déferlante de propositions de rachat d'or, par des sociétés créées ad hoc ou par des chaînes de bijouterie bien installées. Même la très sérieuse BFM TV s'est mise à diffuser ce type de spots[6]. L'économie de crise, grâce aux méthodes qu'elle propage, propose ainsi de pallier la crise économique actuelle. [...]
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