C'est sous le Second Empire, environ vers 1864 qu'apparaît l'expression « état-providence » dans la langue française. Elle est forgée par des penseurs libéraux hostiles à l'accroissement des attributions de l'Etat comme le député Émile Olivier. L'Etat-providence intervient dans la vie économique et sociale pour rétablir les grands équilibres économiques et sociaux menacés par la crise. Cette dernière risque de faire éclater la société et d'accentuer les inégalités. La mission de l'Etat-providence est alors de fournir à tous les citoyens et en particulier aux plus défavorisés, des biens et des services collectifs dans le souci d'assurer plus d'égalité et de justice sociale afin de rétablir l'équilibre social.
Pour assurer cette mission, l'état intervient de manière autoritaire dans la redistribution des richesses au moyen des prélèvements obligatoires, permettant ainsi d'entretenir la consommation de tous et d'assurer une croissance économique durable.
C'est dans le domaine social que l'Etat-providence se distingue le plus. Il développe une protection sociale étendue à l'ensemble de la population grâce à la Sécurité sociale qui prend en charge les risques sociaux liés à la vie collective (aide au logement, chômage, maladie, vieillesse). Les années d'après-guerre (1945-1974) ont été les années phares de cette conception de l'État (...)
[...] Seul l'État peut rompre le cercle vicieux de la dépression. Il peut le faire via une politique budgétaire (l'État peut s'endetter afin de relancer par de nouvelles dépenses les commandes des entreprises), via une politique monétaire, il peut accroître la masse de monnaie en circulation dans l'économie ce qui aura aussi pour effet de stimuler la demande ou l'État peut enfin redistribuer les revenus, en prélevant sur les ménages les plus riches ayant une forte propension à épargner, afin de donner aux ménages les moins riches qui ont au contraire une forte propension à consommer. [...]
[...] Or, dans ce contexte difficile, l'efficacité économique (la compétitivité) et le progrès social (réductions des inégalités et socialisations croissantes de la demande) redeviennent contradictoires à court terme. La poursuite du développement de l'État-providence est donc triplement remise en cause : économiquement, socialement et culturellement. Conclusion : Combien de temps les choses pourront-elles continuer d'aller ainsi ? L'accroissement des impôts et des charges sociales ne risque-t-il pas de mettre en péril la compétitivité des entreprises et de saper le dynamisme de l'économie ? Ce sont des questions qui se posent fréquemment que ce soit à droite ou à gauche. [...]
[...] Une phrase de Say illustre parfaitement cet esprit : "Le meilleur de tous les plans de finance est de dépenser peu, et le meilleur de tous les impôts est le plus petit." (Jean-Baptiste Say, Traité d'Economie Politique, 1803) II) Les principaux éléments d'analyse de la crise de l'État-Providence: L'État-Providence est-il dans une impasse financière ? Les causes de cette impasse financière : Le diagnostique concernant l'impasse financière est parfaitement clair, il s'appuie sur des données irréfutables : le rythme de croissance des dépenses publiques liées aux politiques sociales et aux mécanismes de redistribution est actuellement beaucoup plus rapide que celui de la production nationale. Il en résulte un accroissement des prélèvements obligatoires (impôts + cotisations sociales) dans le produit national. [...]
[...] Comme nous l'avons vu, les difficultés de financement de la protection sociale, les doutes quant à son efficacité et à sa légitimité caractériseraient, une crise de l'État-providence Un tel constat doit malgré tout être nuancé. En effet, si les limites rencontrées depuis une vingtaine d'années par les différents systèmes d'État-providence démontrent la nécessité d'engager des réformes profondes, l'État et ses systèmes de régulation collective demeurent aujourd'hui les meilleurs garants de la cohésion sociale. L'État-providence doit certes adapter son intervention aux évolutions de son environnement économique (concurrence sociale dans une économie mondialisée, vieillissement démographique, nouveaux comportements économiques et sociaux) et répondre de manière adéquate à l'émergence de nouveaux besoins sociaux (exclusion, dépendance), mais il demeure le socle d'un véritable modèle social européen ANNEXES Evolution du taux de Prélèvements obligatoires en France depuis 1965. [...]
[...] L'État-providence a toujours été attaqué et critiqué depuis son développement mais un compromis social présidait lors de son existence et de sa croissance. Ce qui change, c'est que ces attaques trouvent un écho dans des secteurs de l'opinion autrefois plus intéressés à sa progression. En d'autres termes, il y a entrecroisement des critiques de la droite et des insatisfactions de la gauche. Conçue comme un mécanisme anti-crise, la politique Keynésienne est aujourd'hui remise en cause par la crise économique. Ses recettes s'avèrent aussi difficilement capables de réduire le chômage que les remèdes de la politique des années trente. [...]
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