En Allemagne, comme en France, la pénétration des idées émanant de l'économie politique classique est faible et incertaine. Alors qu'en Grande-Bretagne l'influence classique est très forte. A partir de 1840, sous l'influence de Friedrich List, se développe l'école historique allemande. Nous reviendrons sur cet homme et ses inspirations caméralistes dans la première partie de notre exposé. Cette école est un monde de pensées, son esprit et sa méthode ont marqué la pensée économique allemande jusqu'à nos jours et une grande partie des auteurs américains. Nous verrons comment elle affranchit progressivement les dogmes classiques et repose sur l'affirmation de la mobilité des phénomènes économiques. Elle rejettera le principe du laisser-faire et préconisera l'intervention de l'Etat dans la vie économique. On distinguera donc la première école historique allemande menée par Roscher et Hildebrand de 1840 à 1860, de la seconde école historique qui se développe à partir de 1870 avec Schmoller à sa tête
[...] Cette école a contribué à clarifier des questions d'ordre méthodologique. Elle a effectué un travail de recherche considérable en renouvelant la connaissance du passé économique : ses auteurs ont fait des inventaires, des catalogues, des tableaux chronologiques, des dictionnaires Néanmoins, en se refusant à tout effort de conceptualisation, c'est-à- dire en niant qu'il existe des lois économiques, l'EHA condamne la science économique. Cependant, comme nous l'avons vu, elle est un monde de pensées et son esprit et sa méthode continuent à vivre avec l'institutionnalisme américain. [...]
[...] Pour Roscher, il faut revenir à de l'idée de Malthus de Lord Lauderdale selon laquelle l'épargne n'est vraiment féconde que dans la mesure où elle se développe parallèlement à la demande de biens et services. Son analyse servira de socle à la seconde école historique allemande de Schmoller et plus tard à la sociologie de Weber. Bruno Hildebrand (1812-1878) : une réaction éthique Cet économiste et statisticien allemand fait un pas de plus dans sa réaction contre la doctrine anglaise. Pour lui, les lois économiques ne peuvent pas être absolument, universellement et perpétuellement vraies. [...]
[...] Aron, Les étapes de la pensée sociologique éd. Gallimard p. 539-541. Dernière partie de notre exposé : l'institutionnalisme américain Les idées historisantes se sont donc exportées au-delà des frontières allemandes. Nous citerons ici 3 noms d'économistes américains : ceux de Thorstein Veblen, John Kennet Galbraith et Robert William Fogel. Veblen (1857-1929) distingue 2 instincts fondamentaux, à savoir l'instinct artisan et l'instinct prédateur. Pour lui, la société a besoin des 2 mais il faut un juste équilibre tout en sachant qu'au sein de chaque homme, les 2 instincts peuvent cohabiter. [...]
[...] A noter que Fogel et Douglass C. North ont reçu le Prix Nobel d'économie en 1993 pour avoir lancé la Nouvelle Histoire Economique dans les années 1960. Ils ont contribué à une analyse plus riche de l'histoire de l'économie en mêlant histoire et théorie économique. Ils ont aussi donné de l'approche néoclassique une vision moins statique et ont inclus dans l'analyse des phénomènes, le rôle fondamental des institutions. Conclusion L'EHA apparaît comme un courant en marge de la science économique orthodoxe. [...]
[...] Le caméralisme est enseigné dès 1500 dans les universités allemandes et à Strasbourg. Ce mouvement est populationniste, industrialiste, protectionniste, rationaliste et interventionniste parce qu'au 15ème siècle, l'Allemagne est très en retard du point de vue industriel. Et même si les idées caméralistes sont proches de celles de Montchrestien et de Colbert, elles ne reprennent pas l'individualisme et le républicanisme présent dans le mercantilisme français. Le caméralisme s'est prolongé jusqu'au 19ème siècle ; en effet, il donne la main à la doctrine de List, qui est bien le précurseur de l'Ecole Historique Allemande. [...]
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