Selon Marx, capital et travail sont profondément antagonistes et ne pourront être réconciliés que dans le mode de production communiste. Cependant, certains ont recherché la possibilité d'un système qui tout en continuant d'être capitaliste ferait des salariés les bénéficiaires et donc des alliés de la production.
Le terme de fordisme a été forgé par le philosophe italien marxiste Gramsci. Il est utilisé en référence au constructeur automobile américain du début du XXème siècle, Henry Ford. Celui-ci a été le premier à mettre consciemment en pratique une articulation entre la production de masse et la consommation de masse. En effet, H.Ford a mis en place dans son usine un système qui dépasse le strict cadre de l'organisation scientifique du travail en ajoutant trois principes à la logique taylorienne.
Tout d'abord, on peut observer un approfondissement de l'OST et l'instauration du travail à la chaîne. Dorénavant, c'est le convoyeur mécanique qui donne le rythme du travail et le travailleur ne maîtrise plus son travail, il n'a d'autre choix que de suivre la cadence, aussi rapide soit-elle. Le but étant « d'apporter le travail à l'ouvrier au lieu d'amener l'ouvrier au travail » (H.Ford, Ma vie, mon œuvre). Ainsi, toute flânerie est éliminée du processus de production.
En second lieu, Ford met en place une standardisation maximale des pièces, des produits, des procédés de production… Tout est normé et ceci afin de réduire autant que possible les coûts de production par les économies d'échelle.
Enfin, il instaure le « Five dollars a day », ce qui représente une rémunération plus élevée que celle en vigueur sur le marché. Par ce moyen, Ford cherche à stabiliser la main d'œuvre. Alors qu'auparavant l'ouvrier était considéré comme un coût à minimiser, il devient un consommateur. Cependant, il est important de noter que le salaire est un moyen pour Ford de gérer, de dominer les salariés ; c'est ce que l'on peut appeler l'usage capitaliste du salaire. On peut citer Ford : « La fixation du salaire à cinq dollars fut une des plus belles économies que j'ai jamais faites, mais en le portant à six dollars, j'en fis une plus belle encore. » ainsi le prix de la Ford T est passé de 850 dollars en 1908 à 360 dollars en 1917.
Néanmoins, l'expérience de Ford s'est soldée par un échec.
Après la Seconde Guerre Mondiale s'est ouverte une nouvelle ère de salaires élevés, de forte consommation, de crédit facile, de capitalisme à forte productivité, fondée sur une base solide de chaînes de montage, ce qui permet la production de masse. C'est ce mode de développement sans précédent accompagné de dispositifs sociaux que l'on qualifie de fordisme. La France connaît une croissance forte et régulière, ce qui fait penser que le fordisme est une nouvelle version du capitalisme qui permettrait d'échapper aux crises, qui selon Marx sont inhérentes au capitalisme. Le fordisme serait donc une réponse aux problèmes du capitalisme, aux problèmes d'incertitude liés au marché.
Cependant, malgré le succès de ce modèle productif, de ce mode de régulation macroéconomique, le fordisme semble se gripper et dès la fin des années 1960, il connaît une grave crise dont les causes sont multiples.
Comment peut-on expliquer ce double mouvement paradoxal et la rupture du compromis fordiste qui a pourtant fonctionné pendant près de trente ans ?
Le capitalisme est caractérisé par des crises et les « Trente Glorieuses » ne seraient en fait qu'un moment de long répit où l'adéquation entre mode de régulation et régime d'accumulation (Ecole de la Régulation) a permis l'expansion. Dès lors qu'il y a déconnexion entre les deux, le système se grippe et s'autodétruit.
[...] La suraccumulation de capital, due à une progression des investissements supérieure à la progression de la production, a entraîné un ralentissement des gains de productivité et de la croissance économique. Le premier choc pétrolier est un détonateur et un révélateur de la crise. En outre, la tertiarisation de l'appareil productif participe au ralentissement des gains de productivité, en raison de la productivité structurellement plus faible du secteur tertiaire. La logique selon laquelle l'accroissement continu et important de la productivité assure à la fois l'accroissement des salaires et des profits cesse. ont des impacts sur le partage de la valeur ajoutée Cf. [...]
[...] De plus, alors que le fordisme s'accompagnait d'une mobilisation des salariés relevant soit de la stimulation financière, soit de la contrainte organisationnelle et hiérarchique, ces modèles cherchent à mobiliser autrement les salariés, à les mettre en état de coopérer activement pour faire face aux nouvelles contraintes de flexibilité de qualité, d'innovation, à les impliquer, d'où la mise en place d'un avancement au mérite. Dorénavant, l'évaluation est individuelle, tout comme le salaire qui ne fait plus l'objet de négociations collectives. Enfin, on cherche à faire adhérer les salariés aux valeurs de l'entreprise (concept de culture d'entreprise). Les résultats de ces nouveaux modèles sont supérieurs à ‘l'ancien', ils ne cessent de gagner des parts de marché, combinant effets d'échelle et variété. [...]
[...] A cela s'ajoute la stratégie des cinq zéros : 0 stock/ O délais / 0 défaut / 0 panne / O papier L'auto-activation de la production, ce qu'on appelle l'autonomation : les ouvriers sont dotés d'une certaine autonomie, ils sont responsables de la qualité de la production et peuvent à tout moment stopper la chaîne. Cette organisation antitaylorienne donne aux opérateurs plus d'autonomie et elle réduit le nombre d'échelons hiérarchiques de l'entreprise. De plus, ce mode d'organisation mobilise toutes les ressources de l'ouvrier au lieu de le dominer. Enfin le travail est organisé en équipes, ce qui entraîne un fort sentiment de solidarité et empêche l'absentéisme. En effet de la rémunération dépendait de la capacité du groupe à atteindre ses objectifs. Néanmoins, la dureté de la tâche était compensée par la garantie de l'emploi. [...]
[...] Des modèles alternatifs sont cherchés mais le système fordiste ne disparaît pas vraiment. Il est simplement adapté de manière à donner une nouvelle importance au capital humain et à répondre aux exigences du marché ; cependant l'aspect social est quelque peu gommé. Les NOFT qui voient le jour sont donc des formes hybrides du taylorisme et du post-fordisme. En fait, l'organisation fordienne au sein de l'entreprise (niveau microéconomique) est toujours d'actualité mais le système fordiste (niveau macroéconomique) lui, été désintégré. [...]
[...] >Une crise de légitimité quand les actifs occupés qui cotisent ont l'impression de payer pour les autres. En effet, certains ne sont plus incités à travailler car leurs employabilité est telle qu'ils ne peuvent espérer un emploi typique. Dès lors, l'inactivité assortie de prestations sociales pourra être plus rentable économiquement qu'un emploi précaire à temps partiel. La solidarité sociale est alors remise en question par ces comportements de passagers clandestins. Cette crise fait que l'Etat n'est plus capable d'assurer la pérennité du compromis, il ne contrôle plus les grands équilibres. [...]
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