Le concept de démocratisation culturelle a vu le jour avec la création du ministère des Affaires culturelles d'André Malraux en 1959. Ce ministère avait pour principale mission de « rendre accessible au plus grand nombre les oeuvres capitales de l'humanité et d'abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, et de favoriser la création des oeuvres de l'art et de l'esprit qui l'enrichissent ». Dès lors, cette mission place, au centre de la politique culturelle, la question du public. Cette mission repose sur une volonté profonde de lutter contre l'inégalité d'accès à la culture, une volonté qui se fonde sur la confiance en l'universalité de la culture qu'il s'agit de faire partager. Pendant longtemps, la démocratisation culturelle a permis de légitimer, en quelque sorte, les décisions et les actions des pouvoirs publics dans le domaine de la culture : élus en charge de la politique culturelle, responsables d'établissements, artistes etc., tous faisant référence, avec plus ou moins de lyrisme ou de conviction, à l'exigence de démocratisation afin de justifier leur choix ou préciser le sens de leur action. Cependant, le souffle de l'histoire est passé et depuis quelques années, le terme a totalement disparu de la rhétorique ministérielle au profit d'autres thématiques, celle de la diversité culturelle notamment.
Ainsi, est-on amené à s'interroger sur le concept de démocratisation culturelle, est-ce une volonté politique ou un concept purement intellectuel ?
[...] Les débats sur la culture, dans les années 60-70, s'articulaient autour de deux antagonismes : la culture dominante et la culture dominée. La culture dominante était assimilée à la bourgeoisie et la culture dominée puisée dans les nouvelles expressions de luttes sociales et d'émancipation nationale. A l'aube des années 80, la question sociale change et l'idée d'une société à deux vitesses voit le jour. La crise est marquée par une rupture entre la société et le politique, par l'affaiblissement des établissements de transmission du savoir et des règles ou encore par le maintien d'un volant formel de chômage (...)
[...] La démocratisation culturelle veut mettre en relation l'art et les citoyens en réduisant l'écart entre ces deux termes, et donner un sens social à l'intervention artistique et culturelle. Or, l'insertion de l'art, et son appropriation, dans la réalité sociale est une démarche sclérosée dans des problématiques pour le moins désuètes. La culture ne peut exister qu'à condition d'être vécue et partagée dans une société donnée. Pour ce faire, il est indispensable de mettre à la disposition des citoyens des moyens de s'intéresser et de développer leur sensibilité par l'intermédiaire du langage artistique. [...]
[...] En effet, s'il est établi il mène inévitablement à une forme d'ethnocentrisme ou de sociocentrisme qui donne à la communauté une valeur plus importante qu'à l'individu. Le but n'est pas de combiner les différences mais bien de chercher les espaces et les temps dans lesquels ces différences sont visibles dans des situations d'énonciation élaborées et destinées à être accueillies, afin de pouvoir se fusionner dans une identité nouvelle. Aujourd'hui, le multiculturalisme se trouve dans une situation difficile liée à l'effondrement et à la désagrégation des différentes formes de socialisation. [...]
[...] Le désir d'accéder à une identité culturelle résulte de différents facteurs : cette volonté est très certainement liée à un affaiblissement du mouvement ouvrier ainsi qu'aux progrès industriels ; à la décrépitude d'une société hiérarchisée, mais aussi à l'effondrement du triptyque peuple, nation, culture dont l'équilibre, selon Jean-François Chosson est difficile à trouver mais surtout à maintenir. Le but est d'accorder à la culture une place au centre de l'organisation et des transformations de la société. Par ailleurs, le multiculturalisme se trouve être rejeté à certains égards ce qui nous entraine dans deux impasses principales. La première impasse repose l'ordre de faire perdurer le modèle républicain, un ordre qui ne connaît pas la crise de l'école et qui aboutit à une politique démagogique visant à défendre les intérêts du peuple, en d'autres termes au populisme. [...]
[...] Dès lors, l'action culturelle devient davantage un moyen d'établir des relations publiques avec les équipements culturels. Cependant, mise à part ces deux approches, l'action culturelle a permis d'éclairer le paysage culturel mais aussi et surtout elle est à l'origine de productions artistiques importantes dans les années 70. Les nouvelles formes de productions artistiques sont multiples et innovantes : cinéma engagé, théâtre, art vidéo, performances etc. Pour exemple on citera le Théâtre du Soleil, le groupe de peintre Les mal assis ou encore Armand Gatti. [...]
[...] Il est de plus en plus difficile de dissocier le secteur public du secteur privé que ce soit en termes de normes esthétiques, de production voire même en termes de diffusion. Force est de constater que les critères de distinction des produits artistiques reposent sur l'image, l'originalité et l'innovation. La discordance entre le projet politique et le projet culturel est d'autant plus marquée dans la mesure où ils ne proposent rien de concrets, de tangibles. La double désillusion, en ce qui concerne l'efficacité des pouvoirs politiques et le pouvoir critique de l'art, a gagné tous les esprits. Et l'action culturelle semble se réduire à une pratique spectaculaire des relations publiques. [...]
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