Si, selon l'affirmation de John Kennedy, « La marée montante soulève tous les bateaux », les inégalités demeurent pourtant une question importante dès l'instant où la croissance n'améliore pas de manière égale tous les revenus.
Le développement économique, entendu ici comme une amélioration des conditions matérielles de vie liée à la croissance, et non comme dans son acception qualitative formulée par l'IDH, mène-t-il, sur les plans internes comme internationaux, à la réduction des inégalités ? En quoi l'existence d'inégalités est-elle une limite potentielle au développement économique ?
Nous verrons donc en premier lieu que si le développement économique est une condition de la réduction des inégalités internes, celles-ci sont à la fois composante intrinsèque et condition de la croissance (I). Sur le plan international en second lieu, la réduction des inégalités peut passer par un processus de rattrapage économique favorisé par le mouvement de mondialisation des échanges, pouvant pourtant aussi entraîner une aggravation des inégalités (II).
[...] Ainsi, l'efficacité économique peut paraître non corrélée avec la réduction des inégalités et même lui être antithétique. Par ailleurs, la courbe de Kuznets formule l'hypothèse d'une relation en cloche entre le niveau de développement et la dispersion des revenus individuels. Les inégalités seraient faibles dans les pays pauvres et agraires, et dans les pays riches, mais élevées dans les pays intermédiaires. En effet, le développement économique ferait passer un pays d'une économie agraire égalitaire par une réallocation des ressources, phase de transition industrielle, augmentant les inégalités, avant qu'au final, les inégalités se réduisent lorsque le secteur agricole devient minoritaire. [...]
[...] Le développement économique apparaissant alors comme la résultante d'une PGF composée d'incitations économiques conscientes mais aussi d'externalités positives moins clairement envisageables, aucun niveau stationnaire de croissance n'existe a priori. La réduction des inégalités Sud-Nord peut alors relever de la gageure dans la mesure où les externalités de la présente croissance des pays du Nord continueront de déterminer la croissance future de ceux-ci. En ce sens, les nouvelles théories de la croissance pourraient limiter la portée égalitaire introduite par le rattrapage envisagé par le modèle de Solow. [...]
[...] Nous verrons donc en premier lieu que si le développement économique est une condition de la réduction des inégalités internes, celles-ci sont à la fois composante intrinsèque et condition de la croissance Sur le plan international en second lieu, la réduction des inégalités peut passer par un processus de rattrapage économique favorisé par le mouvement de mondialisation des échanges, pouvant pourtant aussi entraîner une aggravation des inégalités (II). I. Le développement économique est une condition à la réduction des inégalités internes à un pays, bien que celles-ci soient intrinsèques au processus de croissance économique A. [...]
[...] Les théories de la croissance endogène initiées notamment par Lucas, Barro et Romer, peuvent mettre en exergue une autre vision des conditions du développement économique. Ainsi, la PGF envisagée comme facteur exogène par Robert Solow est-elle ici généralement comprise comme la résultante d'incitations économiques et d'effets externes d'organisation des marchés. En conséquence, sur le fondement d'une hypothèse de rendements décroissants et d'externalités positives existantes, la place accordée au capital humain et à l'organisation des marchés peut-elle limiter les possibilités d'un rattrapage économique classique tel qu'envisagé par le modèle de Solow. [...]
[...] Le développement économique semblerait donc nécessaire pour pouvoir supporter une redistribution contraire à la logique de fonctionnement du marché, mais aussi parce qu'il mènerait nécessairement à une réduction ultérieure des inégalités, comme l'évolution de l'Occident au XXe tendrait à le prouver. B. Les inégalités sont une conséquence intrinsèque du processus de croissance économique Les inégalités sont pourtant un élément intrinsèque de la croissance économique. En effet, la dynamique de croissance est fondée, dans une optique schumpétérienne, sur une nécessaire destruction créatrice créant par là même de nouvelles et temporaires inégalités liées aux rentes d'innovation. Par ailleurs, la croissance économique peut créer les conditions d'inégalités intergénérationnelles dès lors qu'elle obéit à des cycles variant dans le temps. [...]
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