L'euro est souvent présenté comme trop fort et nuisant à la compétitivité européenne (l'exception allemande mise de côté), cependant il est trop souvent oublié que nous sommes un pays très dépendant vis-à-vis de matières premières comme le pétrole ou le gaz. Or la première conséquence d'une dévaluation serait la hausse immédiate du prix de nos importations. Et au vu des remous que provoque chaque hausse du prix du gaz et de l'essence, il semble judicieux de s'interroger sur la pertinence d'une dévaluation.
La dévaluation a constitué pendant les années 80 et 90 l'un des outils principaux des politiques économiques des gouvernements de chaque bord politique. Les dévaluations de 1982, 1983 et 1984 par exemple en France ont été efficaces et ont pu conduire à une amélioration du solde commercial et à des embellies de la croissance. La question se pose donc aujourd'hui de savoir si (notamment pour l'euro) une dévaluation pourrait constituer une solution viable à la crise. La dévaluation est, en effet, une politique dangereuse qui peut mener à bien plus d'effets pervers que ce qui était escompté. Il s'agit donc de mener un examen critique vis-à-vis de ce mécanisme afin de déterminer sa pertinence au regard de la situation de notre économie actuelle et, éventuellement, d'envisager d'autres alternatives plus indolores.
[...] C'est ce que Pierre Noel Giraud qualifie de sortie par le haut : garder une avance en compétitivité, pas seulement prix, suffisamment forte pour ne pas être rattrapé par les PBSCT. Enfin, cette volonté de vouloir dévaluer sa monnaie suppose un affaiblissement au niveau mondial de celle-ci et donc un risque de spéculation. Or prenons le cas d'une économie qui aurait facilité le développement d'activités à forte compétitivité hors prix, celles-ci conduiraient à un pessimisme des élasticités prix, c'est à dire qu'une hausse des prix n'influerait que de manière minime sur le volume des ventes, et cette économie aurait tout intérêt à voir son taux de change s'apprécier. [...]
[...] Le délai est d'environ 18 mois avant que l'effet prix ne laisse place l'effet volume (une hausse des quantités vendues améliore le solde du commerce extérieur), si l'élasticité du produit en question est supérieure à 1. Cette baisse des importations combinée à la hausse des exportations permet d'améliorer de manière significative le solde commercial du pays. Cette réponse constitue néanmoins, parfois, un remède pire que le mal : effectivement la relation de la courbe en J que nous avons observé n'est ni immédiate, ni évidente. [...]
[...] Si la dévaluation a pu constituer une solution pertinente, elle comporte cependant son lot d'inconvénients. La dévaluation peut sembler, à première vue, une solution efficace : l'effet théorique d'une dévaluation du taux de change conduit à une baisse des importations : bien que cela dépende de l'élasticité, les termes de l'échange se dégradent pour le pays qui voit le cours de sa monnaie diminuer et donc son pouvoir d'achat par la suite. De plus, associé à cette baisse des importations, une hausse des exportations se produit, conséquence de la compétitivité prix retrouvée grâce à la dévaluation. [...]
[...] Une dévaluation peut elle être efficace? L'euro est souvent présenté comme trop fort et nuisant à la compétitivité européenne (l'exception allemande mise de côté), cependant il est trop souvent oublié que nous sommes un pays très dépendant vis-à-vis de nombreuses matières premières comme le pétrole ou le gaz. Or la première conséquence d'une dévaluation serait la hausse immédiate du prix de nos importations. Et au vu des remous que provoque chaque hausse du prix du gaz et de l'essence, il semble judicieux de s'interroger sur la pertinence d'une dévaluation. [...]
[...] La base de ce mécanisme étant une compétitivité structurelle forte, basée sur l'innovation, la connaissance et des activités à forte valeur ajoutée. La dévaluation a su par le passé constituer une arme efficace pour remédier à certains déséquilibres, toutefois aujourd'hui elle est inadaptée au contexte mondial et il semble bien plus judicieux de jouer sur la compétitivité hors prix que sur la compétitivité prix. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture