La culture constitue-t-elle un marché comme les autres ? Cette interrogation provocatrice –on s'est longtemps habitué à voir une culture détachée des contingences économiques terrestres, pureté de la culture plus coupable de ses relations avec le politique qu'avec l'économique - est aujourd'hui celle d'un monde où tout se vend et s'évalue, et où la culture semble être elle aussi entrée en économie de marché : la culture n'est elle pas un marché, au sens de la rencontre d'une offre et d'une demande ? Certes mais elle est également un mot complexe, que l'on peine à définir sans en approcher l'essence : la culture, l'art, c'est effectivement de la musique, de la peinture, de la littérature, c'est aussi aujourd'hui de la photographie, de la bande dessinée, de la mode, les domaines de la culture s'étendant à perte de vue, l'art en perdant peut être même son sens : d'où la difficulté de réduire la culture à un marché, quand il est artificiel de mettre des mots sur ce que l'homme ne comprend pas. Il est ainsi intéressant dans un premier temps de montrer en quoi la culture peut se voir comme un marché, puis dans un deuxième temps d'observer quelques caractéristiques qui font que l'on peut parler d'une marchandisation croissante, avant dans un troisième temps d'en montrer les spécificités qui font que la culture ne constitue peut-être pas un marché comme les autres.
[...] Or l'idée d'un patrimoine futur est discutable : pour H. Arendt, c'est la résistance au temps qui ferait du travail d'un artiste une œuvre d'art : l'Etat devant donc se contenter de favoriser les conditions de création sans intervenir dans la création. L'intervention de l'Etat dans l'art contemporain produit en effet de nombreux effets pervers : labellisation d'un art officiel, ce qui est acheté par l'Etat, choix de certains artistes représentatifs, mais aussi obligation morale de tout acheter, de peur de rater un futur chef d'œuvre, interventions qui menacent l'intégrité de l'art. [...]
[...] De tels tarifs posent le problème de la démocratisation de l'accès à la culture Une valorisation de la culture qui s'inscrit dans une perspective économique S'il n'est pas possible de dresser un panorama exhaustif des multiples actions qui visent à promouvoir, en s'appuyant sur la culture, des retombées économiques, -il suffit de penser à la floraison l'été de festivals- l'on peut cependant s'arrêter sur un aspect particulier, la valorisation du patrimoine, qui tend à devenir un véritable enjeu de marketing. Le patrimoine est en effet un secteur culturel plutôt ingrat : un tas de vieilles pierres dont bien souvent les communes (propriétaires à plus de 40% des monuments classés) ne savent que faire, mais qu'elles doivent cependant entretenir. Les propriétaires privés connaissent eux aussi ces difficultés : malgré d'importantes subventions, conserver un monument coûte très cher. [...]
[...] Rocard), le développement local, la culture constituant un atout pour le développement économique des territoires, et le moyen de rendre attractif les plus défavorisés, trois thèmes censés faire de la culture un moteur pour la croissance. Ce discours rencontre un véritable écho, et pas mal de collectivités locales se lancent dans une dynamiquement d'équipements culturels, supplément d'âme au développement local. Aujourd'hui encore, l'Etat s'appuie sur la culture, et sus ses aspects économiques : c'est la vie et les institutions culturelles françaises qui font venir en France les touristes (le Louvre ayant pour l'année 2005 comptabilisé plus de visiteurs que la Tour Eiffel), qui valorisent l'image de l'Etat, en France la politique de grands travaux, qui valorise l'image de l'homme politique en même temps qu'elle est l'occasion d'investissements- à l'étranger aussi, la culture étant une composante nécessaire au rayonnement de la France L'intervention privée : les enjeux du mécénat Le mécénat est un autre acteur, jouant un rôle majeur sur le marché de la culture, surtout dans les pays anglo-saxons. [...]
[...] Elle montre le poids d'une concentration grandissante, par exemple dans le secteur de la musique, qui conduit à la promotion de trop rares vedettes, souvent au détriment du talent, un système qui devient la règle dans le secteur culturel : que l'on pense par exemple aux 400 romans de la rentrée littéraire, production qui enfle chaque année, mais dont seuls quelques auteurs profitent, ceux en tête de gondole des supermarchés, premiers vendeurs de livres en France. Mais il existe aussi un troisième risque, celui d'un art officiel. [...]
[...] Ces aides proviennent essentiellement d'une taxe sur le chiffre d'affaire des diffuseurs télévisuels et d'une taxe sur les places de cinéma Une spécificité de l'art, aux enjeux particuliers Si l'art semble bien constituer un marché, il faut cependant en pointer les spécificités, qui font que l'art n'est pas un marché comme un autre. On l'a vu, son fonctionnement est différent, et des aides sont nécessaires pour pallier sa non-rentabilité intrinsèque. Mais l'art est surtout un marché spécifique en ce que ses enjeux sont particuliers : l'on peut brièvement relever trois types de dangers, qui sont autant de menaces à l'intégrité de l'art. Le premier risque est celui d'un art formaté. En effet, l'originalité de l'art peut être menacée par une globalisation qui s'accentue. [...]
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