Avec l'essoufflement de la période faste des « Trente Glorieuses » (selon l'appellation de Jean Fourastié), s'achèvent les décennies de forte croissance, tandis que la crise économique actuelle s'accompagne d'un chômage de masse que les diverses politiques économiques peinent à résorber...De fait, nombre de nos contemporains présentent le retour à la croissance économique comme le « remède miracle » de ce fléau majeur qu'est le chômage. Aussi semble-t-il légitime de s'interroger sur les effets respectifs de l'augmentation, sur le long terme, du produit intérieur brut (P.I.B.)...
Après avoir souligné le rôle non négligeable de la croissance pour lutter contre le chômage, nous analyserons les limites de cette assertion et verrons que le phénomène n'est pas aussi simple qu'on ne pourrait être tentés de le penser (...)
[...] Ce mécanisme de flexion permet d'ailleurs de limiter l'impact de la conjoncture (qu'elle soit favorable ou non) sur le niveau du chômage : ainsi, en période de reprise, la hausse de l'emploi sera atténuée, et inversement en période de ralentissement ou de dégradation de la situation de l'emploi. On voit donc bien que l'effet de la croissance sur l'emploi n'est pas systématique. D'ailleurs, force est de constater que la croissance se révèle le plus souvent impuissante à résorber le chômage de longue durée : en effet, les chômeurs de ce type sont pris dans l'engrenage d'un véritable cercle vicieux : en particulier, les employeurs sont réticents pour les embaucher, craignant des aptitudes amoindries ou obsolètes. [...]
[...] Ceci contribue à expliquer la forte montée du chômage depuis les années 1970 : la croissance ne peut absorber la population active disponible sur le marché du travail, alors que le phénomène était exactement inverse pendant les Trente glorieuses. De même, en deçà du facteur démographique interviennent les comportements sociologiques, qui influent positivement ou négativement sur le niveau de la population active (par exemple, l'arrivée massive des femmes sur le marché du travail à partir des années 1960 influe positivement, alors que la prolongation des études influe négativement sur le taux de population active). [...]
[...] Parallalèlement, la consommation suit les lois d'Engel De fait, les interactions entre production et productivité auront des effets importants sur le volume de l'emploi, et du chômage. Si les gains de productivité permettent de pousser les limites de la croissance (selon l'école de la régulation), la croissance permet elle aussi d'agir sur la productivité (par exemple via le financement des coûteuses dépenses de recherche) et donc, via des canaux variés (résultant de choix de société), sur l'emploi. De plus, la croissance favorise des anticipations optimistes, tant au niveau du travailleurs que du consommateur et de l'employeur, d'où un impact positif sur l'emploi. [...]
[...] De fait, selon les libéraux classiques, le chômage est volontaire (puisque des individus préfèrent le loisir à une activité peu rémunérée) et c'est la rigidité des coûts salariaux qui, plus que la croissance, entrave le plein emploi (pour les libéraux, le chômage volontaire n'est en effet pas du vrai chômage). Malinvaud, partisan de la théorie du déséquilibre, constate que dans les faits, les deux types de chômage que nous venons d'évoquer peuvent cependant coexister, d'où la nécessité de ne pas mener une politique économique trop globale qui s'avèrerait par conséquent inefficace. [...]
[...] Partie 2 Ainsi, il s'avère que la seule croissance économique est insuffisante pour résorber le chômage. D'ailleurs, dans un premier temps, l'entreprise préfère attendre la confirmation de la conjoncture avant d'embaucher a contrario, de licencier) : de fait, elle augmentera la productivité du travail (en recourant par exemple aux heures supplémentaires ou à une hausse des cadences) en période de reprise, et inversement en cas de conjoncture guère favorable, en diminuant le taux d'utilisation de ses capacités productives : les facteurs de production sont alors sous- utilisés. [...]
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