Le 9 juillet 1987, dans un article du "Monde", Michel Camdessus, alors directeur général du FMI, déclarait : "l'ajustement structurel, c'est plus de croissance et plus d'emploi demain ». Il parlait des plans d'ajustement structurels préconisés par les institutions financières internationales pour les pays du Sud. En 1998, le même Michel Camdessus estimait que « nos recommandations étaient les bonnes, mais elles ont été mal appliquées."
Ces deux déclarations, effectuées à 11 ans d'écart, semblent indiquer que la volonté d'ajustement structurel, traduite dans les faits par la mise en place de politiques de réformes structurelles, n'a pas atteint les objectifs espérés. Ce constat revient assez régulièrement alors même que, dans un autre contexte, la stratégie de Lisbonne qui prône un certain nombre de réformes structurelles peine à atteindre ses objectifs européens. Pourtant, les tenants de cette vision des choses continuent de parler de l'économie politique de la réforme…
Si l'on considère que la production potentielle est le niveau maximal de production soutenable à long terme sans tension excessive dans l'économie (en particulier inflationnistes), le taux de croissance potentielle est en général défini comme le taux de croissance de la production potentielle. Cette croissance potentielle dépend de "ce qui rend la croissance possible", par opposition à la croissance effective qui considère "la manière dont elle se produit effectivement." (Kuznets)
Une réforme structurelle est une réforme qui vise à modifier le cadre dans lequel les agents économiques agissent (et interagissent). L'objectif affiché est en général l'augmentation du potentiel de croissance de long terme.
Considérer le rapport qui existe entre la croissance potentielle et les réformes structurelles revient donc à se demander si le déficit de l'un peut être compensé par la mise en place des autres. La réponse à un trop faible niveau de croissance potentielle résiderait-elle dans des réformes de fond des structures des différents marchés et de leurs modes de fonctionnement ?
La question est en fait de savoir si les réformes structurelles représentent les solutions adéquates pour accroître un faible potentiel de croissance.
[...] Il en résulte un cercle vicieux de la croissance molle qui est résumé sur le schéma ci-dessous. Les causes de ce déficit Les contributions à la croissance dans la période 2000-2004 font bien ressortir que la croissance molle des grands pays de la zone euro vient principalement du manque du manque d'investissement dans les technologies de l'information. Si l'on s'intéresse aux sources de la croissance sur la période 2001- 2004, le tableau montre bien la faiblesse des pays de la zone euro pour la recherche et le recrutement de chercheurs dans les entreprises. [...]
[...] Pour l'OCDE, plusieurs raisons expliquent les progrès mitigés des réformes structurelles dans les pays développés. Les intérêts acquis, les inquiétudes des personnels ou des dispositifs institutionnels profondément enracinés et difficiles à modifier peuvent encombrer la voie des réformes. En fin de compte, l'économie détermine rarement l'issue de la bataille des réformes : c'est la politique qui en détient les clés. La réforme fait intervenir les notions d'équité, de sécurité de l'emploi et de la dépendance vis-à-vis de systèmes comme la couverture médicale ou les prestations de chômage. [...]
[...] Concernant les dépenses de R&D et le nombre de chercheurs dans les entreprises : là encore, les chiffres sont éloquents. En France, les dépenses de R&D ne représentent que 1,36% du PIB contre 3,42% en Suède par exemple. Le taux n'est pas beaucoup plus élevé aux Etats-Unis, par contre le nombre de chercheurs pour emplois est pratiquement le double de celui constaté en France (73,71 pour 1000 contre 38,64). Face à ce déficit de croissance potentiel dont les causes sont bien identifiées, et que l'on pourrait être amené à considérer comme un dysfonctionnement global de la régulation économique, une seule solution semble être préconisée par les dirigeants politiques européens (et plus largement) : la réforme structurelle. [...]
[...] L'exemple de l'oligarchie militaire algérienne en est un parfait exemple. Elle est en effet passée sans aucun problème des monopoles publics aux monopoles privés. Ce type d'action semble ne pas pouvoir se passer d'un État qui encadre juridiquement les échanges, définit et fait respecter les droits de propriété. La BM, dans un rapport de 1991 constate une amélioration de la balance des paiements mais pour la croissance, les résultats ne sont pas concluants Les PAS n'ont finalement joué un rôle positif que dans les pays dont l'économie était déjà modernisée, avec une certaine industrialisation (Turquie, Philippine). [...]
[...] Néanmoins, l'objectif d'accroissement du potentiel de croissance ne peut pas faire l'économie de la mise en place de politiques macroéconomiques, particulièrement à population active constante. En effet, il existe 2 leviers principaux sur lesquels il est possible d'agir pour augmenter la croissance potentielle : le rattrapage de la frontière technologique et l'innovation. Le premier (rattrapage de la frontière) concerne les pays qui assimilent le progrès technique et l'incorporent au stock de connaissance existant. Cette démarche induit de fait des investissements en actifs immatériels compétences humaines Pour autant, le passage de la phase d'assimilation à celle de transformation en productivité globale des facteurs (PGF) n'est pas évident, il ne va pas de soi. [...]
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