En 2006, la croissance française devrait se situer à un niveau compris, selon les estimations, entre 2 et 2,5 %. Cette progression n'est pas fondamentalement distincte du taux de croissance moyen que la France a connu depuis 1900. Elle contraste cependant avec le taux constaté pendant « les Trente Glorieuses ». A l'image des pays industrialisés, le taux de croissance de la France était en moyenne, au cours cette période, de l'ordre de 5 % par an.
Aujourd'hui, cette dynamique vertueuse semble avoir été brisée. C'est au milieu des années 1970 que se situe cette rupture : la pression inflationniste augmente, le système monétaire international se transforme et devient difficilement maîtrisable, la contrainte extérieure s'accroît. L'accroissement du produit intérieur brut (PIB) français semble depuis lors suivre le schéma simplifié de la règle des 3-2-1 : si les Etats-Unis parviennent à maintenir une croissance de 3 % par an, elle n'est plus que de 2 % en Europe et de 1 % au Japon. A la différence des Etats-Unis, les faits paraissent attester que la France connaît des difficultés pour intégrer pleinement un nouveau cycle long de croissance (Kondratieff), engendré par les innovations technologiques et aboutissant à une hausse des gains de productivité et à l'apparition de nouveaux marchés. Au contraire, l'économie française ne semble évoluer qu'au rythme de cycles courts marqués par les comportements de stockage puis de déstockage pouvant donner lieu à de brèves phases de croissance soutenue (1994, 1998-2000).
[...] C'est la voie empruntée par les pôles de compétitivité, mais seulement à l'échelle nationale. Enfin, un consensus semble aujourd'hui exister pour considérer que la France ne pourra sortir d'une croissance durablement faible qu'en favorisant une plus grande fluidité de son marché. La réduction des entraves réglementaires au développement des entreprises (la France se situe au quatrième rang des pays de l'OCDE au titre du degré de réglementation) ainsi que la flexibilisation du marché du travail doivent aller de pair avec l'accroissement de l'effort de formation. [...]
[...] En effet, le multiplicateur budgétaire que produit une relance de la demande par la voie des dépenses publiques est relativisé par les évictions par les importations liées à l'importance du taux d'ouverture de l'économie française. S'y associe l'inefficacité de toute relance budgétaire de cette envergure au regard du principe de l'équivalence ricardienne. Les agents, par l'anticipation qu'ils font des hausses futures d'impôts rendues nécessaires par les déficits publics ainsi engendrés, feront le choix de l'épargne de leur revenu supplémentaire plutôt que celui de sa consommation. Enfin, au-delà ce que postule la théorie économique, le pragmatisme vient nuancer la capacité d'avoir recours à l'instrument budgétaire. [...]
[...] La question réside donc dans le fait de savoir si l'évolution que connaît la France a un caractère irrémédiable ou s'il est possible de l'influencer. Correspond-elle à une phase normale devant laisser la place à une période de croissance soutenue ? Une vision pessimiste pourrait consister à considérer que la France est entrée dans une phase de faibles gains de productivité et de faible croissance, l'analyse sur long terme considérant dès lors que la période antérieure aux années 1970 avait un caractère exceptionnel. [...]
[...] La croissance ne peut être retrouvée que par l'augmentation du facteur travail ou par le progrès technique notamment permis par l'innovation technologique. Seul ce dernier peut permettre de retrouver un sentier de croissance à long terme assurant la hausse du PIB par tête et donc l'amélioration du niveau de vie. Les politiques d'encouragement à l'épargne ou à l'investissement sont alors inefficaces. Une étude réalisée en 2004 (Bretin) estimait que cette situation serait celle de la France entre 2005 et 2015. [...]
[...] Plus généralement, le rapport Guillaume constatait dès 1998 que le transfert des résultats de la recherche aux entreprises se fait dans de moins bonnes conditions qu'aux États-Unis ou au Japon. Au total, il en résulte des gains de productivité dans une moindre proportion alors même que c'est la hausse de la productivité globale des facteurs qui permet d'assurer la croissance de long terme. La France a donc des difficultés à tirer partie des évolutions contemporaines. Cette situation ne peut par ailleurs pas être compensée par les instruments traditionnels de politique économique. [...]
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