Une économie qui épargne et investit accroît sa capacité de production dans le temps ; la mise en oeuvre de nouveaux équipements souvent plus perfectionnés et plus productifs que les anciens permet une augmentation de la production qui se traduit par une élévation des revenus et du niveau de vie de la population ; il n'en va autrement que si l'expansion démographique est plus rapide que le développement de cette production. On peut donc définir la croissance économique comme l'augmentation du produit par tête en longue période.
Ainsi définie, la croissance est un objectif affiché de tous les gouvernements et la mise à jour des facteurs susceptibles d'influencer les taux de croissance présente un grand intérêt pour estimer les perspectives d'amélioration des niveaux de vie. De faibles écarts entre ces taux aboutissent en effet, lorsqu'ils se maintiennent durablement, à de fortes différences des revenus par tête entre nations : avec un taux de croissance du produit par tête de 3% l'an , il faut 23 ans pour doubler le niveau de vie matériel des habitants (ce qui ne veut pas dire qu'ils sont deux fois plus heureux) ; mais si le taux n'est que de 1%, il faut 70 ans pour obtenir le même résultat.
Il n'est donc pas surprenant que les économistes aient de tous temps cherché à élaborer de savantes constructions théoriques destinées à mieux cerner le phénomène et à définir les mesures les plus capables de favoriser le développement à long terme de l'activité. On se propose dans ce document d'en présenter les grandes lignes.
[...] Les déficits sont qualifiés d'insoutenables lorsqu'une telle situation se prolonge. Ce fut notamment le cas de nombreux pays en développement qui avaient massivement emprunté au cours des années 1970, quand les taux d'intérêt étaient bas mais variables ; durant les années 1980 la hausse des taux et le ralentissement de la croissance mondiale les ont mis durablement ans l'impossibilité de faire face à leurs engagements. Plus généralement, l'endettement public pose le problème de l'équité entre générations dans la mesure où il correspond à un transfert de charges aux générations futures[6]. [...]
[...] Cette règle théorique fixe simplement la limite que la consommation ne doit pas dépasser si l'on veut assurer en permanence le développement de la capacité de production nécessaire à la poursuite de la croissance. Deux cas sont à considérer : D'une part, un taux d'épargne et d'investissement supérieur à celui qui est préconisé par la règle d'or ne sera pas tenable aussi longtemps que l'objectif reste l'amélioration des niveaux de vie. En effet, si on sur- investit d'une manière permanente, la consommation initiale est amputée par le surcroît d'épargne et d'investissement sans aucune compensation future ; car l'investissement futur opèrera sur la consommation future un prélèvement supérieur à l'augmentation de consommation permise par l'investissement initial. [...]
[...] On fait notamment valoir que dans une économie en croissance, les générations futures auront un revenu par tête et un niveau de vie supérieurs à ceux de la génération actuelle. Elles auront donc la possibilité de satisfaire des besoins moins urgents que ceux d'aujourd'hui. Dès lors, un transfert de consommation de l'avenir vers le présent, autrement dit une réduction de l'épargne et de l'investissement actuels, ne paraît pas contraire à l'équité entre générations. Dans cette éventualité, le taux moyen de rémunération du capital dépassera le taux de croissance d'équilibre d'une valeur égale au taux d'escompte social qui reflète les préférences de la société pour le présent. [...]
[...] D'une manière générale, puisque la fonction d'épargne et le coefficient de capital sont fixés d'une manière indépendante, les chances de parvenir à une croissance équilibrée avec le plein-emploi du travail et du capital sont pratiquement nulles ; pour les auteurs s'inscrivant dans la tradition keynésienne, l'économie évolue sur une lame de rasoir entre le chômage et l'inflation. Pour rendre un peu de souplesse au modèle, les économistes néo- keynésiens de l'Ecole de Cambridge ont proposé de faire de l'épargne une fonction de la répartition du revenu global entre salaires et profits[3]. En raison de la non-distribution de la totalité des profits par les entreprises qui réinvestissent directement leurs bénéfices, la propension à épargner sur les profits est sensiblement plus élevée que la propension à épargner sur les salaires. [...]
[...] On admet que l'Etat peut soutenir la formation du capital en favorisant l'épargne privée par une réduction de la fiscalité sur le revenu des placements. Pour financer son budget, on préconise alors le recours aux impôts sur la consommation plutôt qu'aux impôts sur le revenu puisque les taxes sur la consommation (la TVA) n'atteignent que la fraction du revenu qui est dépensée et non celle qui est épargnée. Quant à la réduction des déficits publics, elle se justifie dans la mesure où le comblement de ces déficits par le recours à l'emprunt absorbe une partie de l'épargne privée. [...]
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