La croissance économique est l'élévation du PIB/tête au cours du temps, or le PIB/tête ne prend pas en compte les inégalités. Cette limite est soulignée par le rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social, car il n'appréhende pas les externalités négatives. L'industrialisation a marqué le début de l'accroissement continu des richesses produites mais cet accroissement est-il réparti de façon homogène ?
Les inégalités peuvent être économiques (revenus, patrimoine), sociales (chômage, soins, espérance de vie...) ou culturelles (scolarisation, lecture, loisirs...). Dans nos sociétés, où les facteurs économiques jouent un rôle important, les inégalités sont le plus souvent cumulatives. Ainsi, nous pouvons nous poser la question de la relation entre la croissance et les inégalités. Le lien entre croissance et inégalités est double : la croissance influe sur les inégalités et les inégalités agissent rétroactivement sur la croissance.
[...] Néanmoins, s'il est difficile de dégager un modèle démontrant une causalité entre inégalités et croissance, cette dernière est utilisée pour réduire les inégalités. II. La croissance comme possible facteur de réduction des inégalités A. Les choix politiques : un rôle central dans la réduction des inégalités Nous avons vu précédemment que la croissance et les inégalités peuvent être corrélées positivement ou négativement selon les pays. Dans cette partie, nous nous focaliserons sur les politiques publiques mises en place pour lutter contre les inégalités. [...]
[...] En effet, les Etats-Unis bénéficient d'un taux de croissance non négligeable sans pour autant réduire les inégalités. Ainsi, les États-Unis comptaient 36,4 millions de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté, soit près de de la population totale en 1995 ; entre 1974 et 1995, ce nombre a augmenté de moitié, passant de 23 à 36 millions, dont beaucoup sont des actifs, les fameux poor workers. La croissance n'a pas empêché un accroissement des inégalités : en 1994, les les plus riches recevaient du revenu national contre vingt ans avant. [...]
[...] Par ailleurs, même s'il ne fait pas de doute que la croissance est "bonne pour les pauvres"3, elle n'est probablement pas suffisante. Au mieux, elle diminue légèrement les inégalités et de manière décroissante au fur et à mesure du processus de développement. Réciproquement, l'absence ou la faiblesse de la croissance rendent difficiles la lutte contre la pauvreté et pour l'égalité des conditions comme l'illustrent de nombreux PED essentiellement africains, ou dans une moindre mesure les pays industriels depuis 25 ans. [...]
[...] De plus, nous pouvons remarquer que la croissance a permis la réduction de l'extrême pauvreté2 d' 1.9 milliard en 1981 à 1.3 milliard en 2008 soit une réduction de de la population à Certes, cette diminution est inégale puisqu'elle a profité bien plus à l'Asie qu'à l'Afrique qui n'a conduit qu'à une baisse sensible, mais elle démontre l'impact positif que peut avoir la croissance dans la réduction des inégalités. En partant d'un point moyen de revenu soit 9 000$/an par habitant, une hausse de 10% du PIB réduit de 0.2 point l'indice de Gini et participe à la convergence entre les pays. Mais à l'extrémité, l'élasticité est nulle, l'impact d'une telle hausse est nulle pour un pays comme les Etats-Unis. [...]
[...] De plus, la bourgeoisie a intérêt à ce qu'existe un certain niveau de chômage, constituant ainsi une main d'œuvre de réserve pour exercer une pression à la baisse sur les salaires, expliquant la paupérisation de la classe ouvrière et le creusement des inégalités entre possesseurs du capital et les ouvriers. Aujourd'hui, deux écoles de pensées s'affrontent concernant la croissance et les inégalités. Les économistes libéraux ne considèrent pas que la justice sociale, l'égalité ou l'équité constituent des objectifs justifiés. Selon eux, cette option est non seulement une imposture parce que l'égalité réelle est hors d'atteinte, mais surtout une erreur parce qu'elle porte atteinte à l'efficacité des mécanismes du marché et de la libre concurrence qui peuvent seuls permettre d'approcher de la meilleure allocation des ressources et des richesses produites. [...]
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