Le titre de cet exposé est aussi celui de l'ouvrage de Paul Krugman, en anglais The Return of Depression Economics, publié en 1999. L'économiste part du constat que la Grande Dépression des années 30 n'était pas un phénomène « injustifié et inutile », lié comme on l'explique couramment à des décisions prises par les dirigeants américains après le krach boursier de 1929 : défense de l'étalon-or au prix du sacrifice de l'économie américaine, absence de renflouement des banques en difficulté pour empêcher la panique générale… En revanche, Krugman s'inscrit en faux contre les analyses habituelles, en expliquant que les crises financières de la fin des années 1990 notamment présentent des similitudes avec la Grande Dépression.
Ces similitudes sont multiples : à chaque fois, la crise a surgi alors que « l'horizon est serein, que la plupart des experts tablaient sur la poursuite de la prospérité ». A chaque fois, les réponses apportées à la crise se révèlent inopérantes, et à chaque fois, la cause initiale de la crise semble anodine par rapport aux conséquences gravissimes qu'elle engendre. Un seul « faux pas financier » (créances douteuses dans l'immobilier thaïlandais et dévaluation du baht) ont ainsi engendré une crise dans la plupart des économies d'Asie à la fin des années 1990. Pour Krugman, « l'histoire de leur chute semble sortir tout droit de l'histoire financière des années trente ».
On distingue trois types de crises financières principaux : les crises de change, les crises bancaires et les crises boursières. Moins souvent apparaissent des crises immobilières, obligataires et des crises des finances publiques ; en outre, ces dernières ne débouchent pas nécessairement sur des crises financières : ce n'est le cas qu'à partir du moment où elles ont un effet direct sur les marchés financiers ou les intermédiaires financiers. Les crises financières se caractérisent par une baisse de la valeur des titres en bourse. Elles sont souvent liées à une crise de confiance à l'égard du marché, qui entraîne une plus grande volatilité des cours.
[...] En 2001, Eichengreen et Arteta ont ainsi démontré que la dynamique des marchés financiers et celle du crédit bancaire avaient une forte tendance à la synchronisation, puisque les mouvements de spéculation s'accompagnent nécessairement d'un recours au crédit. Les banques ont un rôle central dans les crises financières de par leur fonction organisatrice du système des paiements. Si les agents doutent de la liquidité de leur banque, il y a un risque de panique bancaire, d'une course aux retraits par les agents. [...]
[...] À l'origine de toutes les crises se trouve ainsi une impulsion qui peut être multiple : un nouveau mode de production, un nouvel instrument financier (émission de nouvelles actions par une entreprise), l'ouverture d'un nouveau marché Des agents informés mettent alors en œuvre une stratégie rationnelle et sélective pour maximiser leur rendement, ce qui se traduit par la montée du prix du produit, qui va être interprété comme un signal par les agents moins avisés qui vont les imiter. Dès lors, le mouvement de spéculation s'amplifie jusqu'à ce qu'une crise éclate et que les rendements s'avèrent bien inférieurs à ce que les agents espéraient. [...]
[...] C'est d'autant plus le cas en ce qui concerne les marchés financiers : ceux-ci ont une nature particulière, qui les distingue de tous les autres marchés, et qui tient à la nature même des biens financiers. Ces derniers ne sont pas des search goods des biens dont on connaît d'avance la qualité de sorte qu'un agent peut acquérir celui pour lequel est exigé le prix le plus faible. Et ce ne sont pas plus des experience goods autrement dit des biens dont on découvre la qualité après leur acquisition, comme c'est le cas par exemple d'un véhicule d'occasion. [...]
[...] [1]BOYER Robert, DEHOVE Mario, PLIHON Dominique, Les crises financières, rapport au Conseil d'Analyse économique, La Documentation française, Paris : 2004, p BOYER Robert, DEHOVE Mario, PLIHON Dominique, Les crises financières, rapport au Conseil d'Analyse économique, La Documentation française, Paris : 2004, p LE PAGE Jean-Marie, Crises financières internationales & risque systémique, Ed. De Boeck Université, Bruxelles : 2003, p LE PAGE Jean-Marie, Crises financières internationales & risque systémique, Ed. De Boeck Université, Bruxelles : 2003, p BOYER Robert, DEHOVE Mario, PLIHON Dominique, Les crises financières, rapport au Conseil d'Analyse économique, La Documentation française, Paris : 2004, p. 113. [...]
[...] De plus, la concurrence est faible sur le marché des services financiers, plutôt oligopolistique. Plusieurs pistes de réflexion sont possibles : la création d'un fonds collectif alimenté par une redevance payée par les entreprises et qui rémunérerait sous contrôle les cabinets d'audit ; des législations mettant fin aux structures oligopolistiques vers plus de concurrence entre agences Selon certains, les banquiers centraux peuvent également intervenir en détectant les bulles spéculatives et en agissant sur les taux. La nécessité d'un contrôle de la part d'une autorité de tutelle sur les marchés bancaire et financier a aussi été pointée par beaucoup d'économistes. [...]
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