La théorie a tenté d'expliquer les fragilités à l'origine des crises de change par différentes générations de modèles, mais ces derniers se sont avérés infructueux au cours du temps. En effet, même si ces modèles peuvent avoir un écho positif sur la compréhension des crises récentes, chaque génération a été dépassée par les faits en raison de l'évolution des structures finan¬cières internationales et de la nature des crises. À l'origine, les modèles de première génération ont cherché à expliquer les crises de balance des paiements des années 70-80.
[...] Les indicateurs microéconomiques (rentabilité des entreprises, leviers d'endettement) sont ainsi meilleurs que les indicateurs macroéconomiques (déficits budgétaires et courants, taux de chômage . ) pour prédire les crises mexicaines et asiatiques. La profitabilité des entreprises asiatiques a effectivement baissé avant la crise. Les prêts non performants s'expliquent par des erreurs d'évaluation du risque de la part des banques et un manque de supervision, de transparence et de régulation des intermédiaires financiers. La réduction des coûts d'emprunt peut aussi conduire les banques et les firmes à emprunter en monnaie étrangère et à financer des projets risqués. [...]
[...] Les facteurs de déclenchement des crises sont nombreux : endettement excessif, aléa moral (Krugman 2001 ; Corsetti, Pesenti, Roubini 1998), dégradation des bilans (Krugman 2001 ; Mishkin poids des dettes extérieures à court terme par rapport aux réserves (Stiglitz 2000) . Néanmoins, deux conditions minimales ressortent des crises de troisième génération. D'une part, les flux de capitaux, notamment à court terme, augmentent fortement avant la crise. D'autre part, l'activité bancaire s'accélère avant l'effondrement et la crise bancaire précède souvent la crise de change. [...]
[...] Une crise peut ainsi se produire sans changement ex ante des fondamentaux. Toutefois, ces derniers ne sont pas complètement sans rapport avec le risque d'attaque spéculative. Leur état crée une plage de vulnérabilité qui détermine l'étendue des équilibres possibles. On peut ainsi se demander si tout oppose ces deux premières générations de modèles. Fondamentaux et anticipations : accord ou désaccord L'introduction des anticipations a fait évoluer la théorie des crises, mais jusqu'où ? Au point de modifier radicalement l'analyse des crises ou simplement au point de la compléter ? [...]
[...] Elles défendent la monnaie jusqu'à l'épuisement des réserves de change ou jusqu'à un seuil qu'elles se sont fixé. Les autorités peuvent aussi augmenter les taux d'intérêt. En théorie, la volonté de défendre la parité est absolue, car la hausse des taux est illimitée. Mais cette hausse détériore très fortement la croissance et fragilise les systèmes bancaires. Quand l'engagement des autorités est maximum, les fondamentaux sont ainsi le seul élément explicatif des crises. Si l'engagement des autorités est faible, ces dernières supportent un faible coût d'intervention. [...]
[...] En raison de l'hétérogénéité des crises, la littérature théorique ne parvient toutefois pas à expliquer les crises de change au sein d'un modèle homogène. Ce relatif échec a poussé les recherches à se couper partiellement du cadre théorique pour analyser les crises d'un point de vue plus empirique. Après les crises mexicaines et asiatiques, un grand nombre d'études se sont ainsi portées sur l'analyse des indicateurs avancés de crises. Ces indicateurs d'alerte, fondés sur le principe des points de retournement du cycle, offrent une nouvelle voie de recherche. [...]
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