L'éclatement de la bulle immobilière des subprimes en 2007 aux États-Unis s'est rapidement propagé à la sphère réelle et au reste du monde. Depuis 2008, l'économie européenne est ainsi plongée dans la récession et les politiques de rigueur mises en place par les états rendent difficiles toute sortie de crise. Mais la présente difficulté à apporter des solutions à cette crise s'explique aussi par les accords monétaires en place. En effet, la monnaie unique ainsi que l'obligation de tenir les critères de Maastricht empêche toute politique monétaire autonome des états. Ce faisant, nous voyons clairement que le respect des accords monétaires, certes nécessaire à leur crédibilité, peut néanmoins mettre en danger l'autonomie décisionnelle des états ainsi que l'état de santé d'une zone monétaire. Ainsi, l'Islande qui n'a pas à supporter les accords monétaires de Maastricht a pu, par la dévaluation notamment, mettre en place des politiques qui sont en tout point différentes des politiques monétaires européennes qui plongent les états en difficulté dans la récession. La crédibilité des accords monétaires en faisant preuve d'une telle rigidité est alors sous optimale. Dès lors, sous quelles conditions les accords monétaires peuvent-ils mêler crédibilité et efficacité ?
Les accords monétaires doivent nécessairement garantir une certaine crédibilité. Mais cette dernière doit cependant préserver une certaine souplesse pour ne pas être un frein à la croissance ou même aux échanges. Mais la remise en cause des accords monétaires s'explique aussi par la mondialisation financière. En effet, la mobilité accrue des capitaux est déstabilisatrice des taux de changes et remet donc en cause la crédibilité des accords monétaires. Dans cette optique, faut-il pour autant soutenir la déréglementation monétaire, c'est-à-dire l'absence d'accords monétaires ? Si cette voie est privilégiée par certains libéraux, elle peut aussi être source d'une instabilité monétaire croissante. Des accords monétaires crédibles ne sont-ils pas en effet source de stabilité des changes et donc des échanges ? En ancrant les anticipations des agents, la coopération monétaire favorise alors la mondialisation. De même, ne faut-il pas aussi voir dans les accords monétaires, un moyen de lutter contre la guerre des monnaies ? La question qui se pose est alors de savoir, quelle forme ces accords monétaires doivent prendre de nos jours pour permettre à la fois la stabilité des échanges sans brider la croissance des états (...)
[...] Ainsi, Milton Friedman dans Inflation et systèmes monétaires, montre que des accords monétaires institutionnellement mis en place ne sont pas optimaux puisqu'ils ne permettent pas les ajustements des parités au niveau de la parité des pouvoirs d'achats. Seul un régime de changes flottants ou la monnaie fluctue uniquement en fonction de l'offre et de la demande internationale de sa devise. Il n'est donc pas question d'une quelconque crédibilité des accords monétaires au sens ou la valeur des monnaies s'ajuste constamment au niveau de la productivité des états. Dans cette mesure, le respect d'accords monétaires rigides n'est donc pas optimal. [...]
[...] La crédibilité des accords monétaires imposent donc des règles comportementales et des politiques strictes qui brident la croissance potentielle des états européens. Que ce soit dans le cas de l'étalon or ou de la gestion de l'euro, il apparaît que les ajustements contra-cycliques sont rendus impossibles par les règles mises en place. La crédibilité des accords monétaires, prive donc les états de leur capacité à mener des politiques autonomes, conjoncturelles et contra- cyclique au niveau interne. Ainsi, la BCE ne permet pas des opérations de Quantitative Easing similaires à celles menées par la FED depuis 2010 et les états, privés du soutien monétaire doivent se résoudre à des ajustements procycliques. [...]
[...] C'est pourquoi, la crédibilité des accords monétaires peut être remise en cause d'un certain point de vue. Néanmoins, des accords monétaires crédibles favorisent la stabilité des échanges en luttant contre la guerre des monnaies. Si les accords monétaires ont pu favoriser l'essor de la mondialisation, il apparaît aujourd'hui que la récente dérégulation des marchés remet justement en question leur crédibilité voire leur existence. A cela il faut ajouter que les accords monétaires peuvent être contraignants pour la souveraineté des états ce qui explique que des libéraux puissent prôner l'abandon de tout accord monétaire. [...]
[...] C'est à dire que la crédibilité des accords monétaires dépend grandement de l'étroitesse de leur relation avec les états. En étant parfaitement indépendante, une institution visant à garantir le respect des accords monétaires sera jugée crédible. C'est ainsi que Kydland et Prescott dénoncent en 1977 dans l'article Rules rather than discretion l'incohérence temporelle des politiques monétaires. L'efficacité des politiques discrétionnaires des états est selon eux remise en question par les anticipations rationnelles des agents. Ces derniers, en anticipant parfaitement toute variation des prix à venir, ou toute distorsion éventuelle de leurs prévisions ne permettent plus aux politiques monétaires d'être efficaces puisque le mécanisme de l'illusion monétaire a disparu. [...]
[...] La crédibilité des accords monétaires peut donc être remise en cause du fait de sa trop grande rigidité. Toutefois, pouvons nous affirmer que laisser les monnaies fluctuer librement est la solution optimale ? Si la crédibilité des accords monétaires peut être récusée dans la mesure ou elle instaure un carcan monétaire bridant les possibilités des états, ces accords ne doivent pas entièrement remis en question. S'il faut favoriser plus de souplesse, ce n'est pas sans rappeler que les accords monétaires seuls peuvent rendre possibles la stabilité des échanges. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture