Si le phénomène des délocalisations est ancien – l'industrie a engagé ce mouvement dès les années soixante – elle ne fait vraiment parler d'elle qu'à partir des années quatre-vingt dix. La notion de délocalisation, phénomène difficilement mesurable et complexe, est donc difficile à cerner. La Direction des relations économiques extérieures définit une délocalisation comme « un transfert d'activités économiques du territoire national vers le territoire d'un autre pays ». Le phénomène des délocalisations touche désormais aussi bien le secteur industriel que celui des services (on peut citer l'exemple typique des centres d'appels en Inde).
Pour les économistes libéraux du XIXe siècle, la localisation des industries dépend des dotations en facteurs de production et du coût de ces facteurs. L'apport théorique du modèle HOS explique qu'un pays a intérêt à se spécialiser dans la production du bien qui utilise de façon intense le facteur dont il est relativement plus doté que son partenaire. Le commerce international s'organise donc en fonction du principe de libre concurrence qui s'exerce en matière de coût du travail et du capital pour toute production « librement localisable ».
La décision de délocaliser hors du territoire national n'a pas pour seule motivation les coûts de production, mais également des facteurs structurels comme la situation politique du pays, la qualification des salariés, l'étendue de la réglementation ou encore la qualité des réseaux de transport et de la logistique.
Quelles conséquences entraînent les délocalisations d'activités industrielles et de services hors du territoire national ?
Nous verrons que si les délocalisations d'activités industrielles et de services hors du territoire national peuvent entraîner des conséquences bénéfiques pour les entreprises et les consommateurs, elles peuvent également générer des effets néfastes pour l'économie.
[...] La délocalisation par le haut menace les savoirs-faires des pays développés Le danger est davantage la délocalisation par le haut d'activités de R&D que la délocalisation par le bas de productions banalisées ou faiblement rentables. L'importance croissante des industries technologiques et des services pose la question de la répartition de la valeur ajoutée à l'échelle planétaire. L'Inde ne se contente pas de se spécialiser dans le domaine des services informatiques et des centres d'appels téléphoniques anglophones. Le développement d'une industrie high-tech constitue une priorité du gouvernement indien depuis 1998. Le pays a ainsi massivement investi les secteurs des technologies de pointe, comme le nucléaire, l'aérospatiale ou encore le secteur pharmaceutique. [...]
[...] Chaque jour, des emplois sont donc détruits et d'autres créés, dans un relatif équilibre d'ensemble. Ce phénomène de long terme s'exprime par une incessante et massive recomposition du travail qui joue un rôle fondamental dans la croissance. Pierre Cahuc, professeur à l'université de Paris indique qu'en France, environ emplois étaient détruits quotidiennement, et à peu près autant étaient créés. Pour les Etats-Unis, par exemple, il y a certes eu une destruction massive d'emplois industriels, mais jusqu'à présent, ce phénomène a toujours été compensé par de fortes créations d'emplois dans le secteur de services, essentiellement high-tech ou à forte valeur ajoutée. [...]
[...] La vie entière d'un bassin industriel peut être directement menacée. Les salariés non qualifiés sont ceux qui ont le plus de mal à retrouver un emploi et la politique de formation des salariés licenciés ne suffit pas à reconvertir les emplois détruits. Si quantitativement, les emplois les moins qualifiés sont les plus touchés, les délocalisations touchent progressivement des emplois qualifiés. Pierre- Noël Giraud explique que la distinction entre emplois du secteur abrité de la concurrence internationale et du secteur exposé est aujourd'hui plus pertinente. [...]
[...] Nous verrons que si les délocalisations d'activités industrielles et de services hors du territoire national peuvent entraîner des conséquences bénéfiques pour les entreprises et les consommateurs, elles peuvent également générer des effets néfastes pour l'économie. Si les délocalisations d'activités industrielles et de services hors du territoire national peuvent entraîner des conséquences bénéfiques pour les entreprises et les consommateurs Les délocalisations permettent aux entreprises d'être plus compétitives Les entreprises délocalisent leur production pour rechercher un taux de profit plus élevé grâce à des conditions de production plus avantageuses que dans le pays d'origine. [...]
[...] Ainsi les informaticiens indiens n'ont rien à envier en qualification à ceux de la Californie. C'est donc une partie du potentiel productif d'un pays qui peut se voir affaibli, des compétences acquises au cours de décennies de travail qui sont perdues (partiellement ou totalement). Et ceci dans de plus en plus de secteurs d'activité, y compris dans la Recherche-Développement. A long terme, les délocalisations peuvent représenter un danger pour la consommation et la croissance des pays développés Les effets des délocalisations ne sont pas purement quantitatifs : elles pèsent aussi lourdement sur la psychologie des salariés et des consommateurs. [...]
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