« Le pillage des ressources naturelles par les entreprises étrangères, c'est fini ». C'est par ces mots qu'Evo Morales, alors président de la Bolivie depuis seulement 6 mois, annonce la nationalisation des hydrocarbures boliviens le 1er mai 2006. Pour comprendre ce tournant majeur dans l'histoire du pays, il faut se resituer en 1994, lorsque sous la pression de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, le président Gonzalo Sanchez de Lozada privatise plusieurs secteurs dont les hydrocarbures. En 2000, les compagnies pétrolières privées opérant dans le pays découvrent un des plus important gisement de gaz naturel d'Amérique du Sud dans la région de Chaco. Un an plus tard, le consortium Pacific LNG associant British Gas, British Petroleum et Repsol YPF se crée afin d'exploiter la région avec pour projet de l'exporter vers le Mexique et les Etats-Unis. Cependant le pays est enclavé et la construction d'un gazoduc rendue nécessaire. Mais quand en 2003 le projet se concrétise, une véritable « guerre du gaz » se déclenche (1). L'opposition dénonce le fait que la Bolivie ne percevra que 18% des revenus des exportations, que les boliviens n'en profiteront pas ainsi que le probable passage du gazoduc par le Chili - ennemi depuis la fin de la guerre du Pacifique en 1883 qui avait eu pour conséquence la perte d'une partie de leur territoire permettant d'accéder directement à l'océan (A). Le pays sombre dans un conflit qui fera plus de 80 morts. Gonzalo Sanchez de Lozada n'est plus soutenu que par l'armée et les Etats-Unis; il est contraint de démissionner le 17 octobre 2003. Le vice-président Carlos Mesa lui succède et convoque un référendum (en juillet 2004) qui affirmera avec une grande majorité le souhait d'un réinvestissement de l'Etat dans la gestion des ressources naturelles du pays (B). Evo Morales ira encore plus loin en signant le décret de nationalisation des hydrocarbures (2).
Le décret impose aux compagnies exploitant des hydrocarbures en Bolivie de remettre en propriété toute leur production à la société publique YPFB (Yacimientos Petroliferos Fiscales Bolivianos), qui prendra également en charge la commercialisation des hydrocarbures. Les compagnies du secteur ont aussi du renégocier de nouveaux contrats sous peine de ne plus pouvoir opérer sur le sol bolivien. De plus, le décret fixe une nouvelle répartition des revenus, la part de l'Etat passant à 82% sur les principaux gisements. Enfin,les entreprises seront désormais soumises à la vérification de l'Etat de leurs investissements, profits et régularité dans le paiement de leurs impôts.
[...] La relative indifférence de l'Union Européenne Répondant à un eurodéputé qui jugeait incorrecte la remise en question sans dialogue de contrats qui avaient été signés, Evo Morales avait répondu qu'il n'avait pas bien compris au nom de quels contrats et de quels droits de l'homme les espagnols s'étaient approprié [leurs] vies, [leurs] terres, [leurs] richesses (12). Dette morale ou pur intérêt en vue de la renégociation des contrats, les européens apparaissent en tout cas plus compréhensifs sur le décret de nationalisation que les Etats-Unis. Un des effets pervers d'une partie prenante importante de l'Etat dans l'économie est que l'intérêt des agents n'est plus au cœur des décisions. Les possibilités d'atteinte d'une situation optimale s'amenuisent alors. II. [...]
[...] Les conséquences intérieures A. Un bouleversement de la balance des paiements Un solde global excédentaire de la Balance des paiements signifie que la banque centrale bolivienne a accumulé des réserves de change entre 2004 et 2006. L'excédent du compte des transactions courantes n'a effectivement pas été compensé par une sortie de capitaux mais plutôt par 4 une augmentation des réserves; par conséquent, la Bolivie a connu une hausse de sa masse monétaire particulièrement aux alentours de la signature du traité. [...]
[...] Quelles sont les conséquences du décret de nationalisation des hydrocarbures en Bolivie? Un an et demi après, quelles sont les conséquences du décret de nationalisation des hydrocarbures en Bolivie? 1 Introduction Le pillage des ressources naturelles par les entreprises étrangères, c'est fini C'est par ces mots qu'Evo Morales, alors président de la Bolivie depuis seulement 6 mois, annonce la nationalisation des hydrocarbures boliviens le 1er mai 2006. Pour comprendre ce tournant majeur dans l'histoire du pays, il faut se resituer en 1994, lorsque sous la pression de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, le président Gonzalo Sanchez de Lozada privatise plusieurs secteurs dont les hydrocarbures. [...]
[...] Cependant tous ces aspects ne doivent pas occulter la politique sociale mise en place par Morales. Des politiques adaptées et financées sans déficit public sont mises en œuvre. Certes, le pays avait beaucoup de retard, mais l'allocation des ressources supplémentaires du gaz aux projets sociaux constitue sans hésiter le côté le plus positif de ce décret hautement politique. Reste à observer à présent l'avenir de la situation Références Article : LatinReporters.com 13/10/2003 Bolivie: la "guerre du gaz" devient un emblème sanglant de lutte contre la globalisation, [LatinReporters.com], http://www.latinreporters.com/boliviepol13102003.html Article : Irene ROCA ORTIZ 21/12/2004 En Bolivia, il y a de l'eau dans le gaz [Narcosphere.narconews.com], http://narcosphere.narconews.com/story/2004/12/21/194420/92 (3)Texte: Tratado de Comercio de los Pueblos, -28 et 29/04/2007- Tintorero, Venezuela http://www.landaction.org/spip/spip.php?article152 Article : LatinReporters.com, 20/07/2004 Bolivie - référendum sur le gaz : victoire conditionnelle du président Carlos Mesa [LatinReporters.com] http://www.latinreporters.com/boliviepol20072004.html Article: Roger BURBACH -03/05/2006-, Bolivia's Radical Realignment Under Evo Morales [Agencia Latina de Informacion] http://alainet.org/active/11335 Citation: extraite du journal bolivien [El Diario] -3/02/2008-, gobierno de Evo Morales está asfixiado por falta de inversiones en el área clave de los hidrocarburos e intenta por todos los medios de atraerlas.” Article : Sylvie DUGAS -9/08/2006- La nationalisation des hydrocarbures, outil ou écueil pour le développement de la Bolivie ? [...]
[...] Les conséquences sur les relations extérieures A. Vers une intégration alternative en Amérique du Sud : le TCP Un mois avant la signature du décret de nationalisation, Evo Morales s'est engagé dans le traité commercial des peuples (TCP) aux côtés des présidents cubain et vénézuélien Cette 2 politique d'intégration des régimes sud américains de gauche opposés au libre échange a été initiée par Hugo Chavez, souhaitant contrecarrer la Communauté andine, zone de libre-échange promue par l'administration Bush. Cet accord a été particulièrement favorable à la Bolivie qui s'est vu assuré par ses deux partenaires l'achat des ses biens agricoles (dont le soja) à un prix au minimum égal au marché, l'approvisionnement en pétrole vénézuelien en cas de pénurie et le dépêchement de médecins cubains en cas d'urgence sanitaire A la fois cause et conséquence anticipée du décret de nationalisation, il est intéressant d'observer un an et demi après ce qu'est devenue cette nouvelle ère de relations entre pays sud américains. [...]
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