Le consensus de Washington est à la politique économique ce que Milton Friedman fut à la théorie keynésienne : un apport subversif qui a transformé l'approche économique.
L'expression "consensus de Washington" vise à regrouper en une formule rapide les principes qui ont servi aux organisations internationales, telles que le FMI et la Banque Mondiale, pour gérer la crise de la dette intérieure et extérieure des pays en voie de développement durant les années 1980.
Parallèlement, c'est l'émergence de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan à la tête de l'Angleterre et des Etats-Unis. Ils sont le symbole d'une logique ultralibérale et sont à l'origine, du moins politique, d'un renouveau dans l'économie.
Plus largement, le séminaire, qui réunissait un groupe d'économistes du FMI et de la Banque Mondiale et qui a finalement abouti au consensus de Washington, bénéficie alors du contexte de crise idéologique globale lié à l'effondrement du communisme soviétique et à la crise du keynésianisme.
Nous allons donc voir, dans un premier temps, pourquoi et avec quelles ambitions il a été institué ; avant de revenir sur ses échecs aussi bien factuels que théoriques.
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La théorie économique dominante dans les années 1970 est le keynésianisme. Celle-ci dispose de leviers budgétaires et monétaires qui agissent logiquement sur le déficit et l'inflation.
L'école structuraliste, représentée par Raoul Prebish en particulier, qui vise à lutter contre la « croissance appauvrissante » dans les PVD, use dans les mêmes années de ces outils en Amérique du sud. Ce qui prend la forme de politiques protectionnistes, inflationnistes et souvent budgétairement insoutenables.
Plus particulièrement, les années 1980 sont caractérisées pour la plupart des pays d'Amérique latine par une profonde crise économique et une hyperinflation dévastatrice. La rencontre de ces deux phénomènes avec la crise de la dette extérieure, qui se caractérise par une incapacité des pays débiteurs à rembourser les dettes qu'ils avaient contractées auprès des institutions internationales, a obligé de nombreux pays à accepter des programmes d'ajustement structurel afin d'obtenir un rééchelonnement de leur dette. Et ce, notamment en Amérique du sud, mais aussi à l'est de l'Asie et en Afrique.
Ceci a constitué la pierre angulaire de l'abandon de la théorie keynésienne et par suite a conduit à un changement d'orthodoxie (...)
[...] Avant d'étudier les critiques pouvant être portées quant à l'efficacité de l'application du consensus de Washington. II. Constat et critiques Le constat factuel Dans son ouvrage Nations et mondialisation, Dani Rodrik souligne les échecs des politiques de libéralisation et de privatisation préconisées par le consensus de Washington Une partie de son livre est basé sur une étude empirique qui cherche à montrer que les pays qui ont suivi le plus scrupuleusement les recommandations du consensus de Washington ne sont pas forcément ceux qui ont le mieux réussi. [...]
[...] En effet, aujourd'hui plus que jamais, les institutions-outil de ce consensus sont remises en question quant à l'efficacité de leurs actions. On peut réprouver l'orthodoxie avec laquelle le FMI, la Banque centrale et l'OMC donnent des réponses aux problématiques actuelles. Il s'agirait donc de sortir des gonds de l'ultra libéralisme qui semble toujours dominer le paradigme économique des grandes institutions internationales. [...]
[...] Et ce, notamment en Amérique du sud, mais aussi à l'est de l'Asie et en Afrique. Ceci a constitué la pierre angulaire de l'abandon de la théorie keynésienne et par suite a conduit à un changement d'orthodoxie. Les bases théoriques selon Williamson John Williamson, qui est à l'origine de l'expression consensus de Washington en a donné son interprétation dans son ouvrage de 1990 sous la forme de 10 commandements qui sont un mix de mesures de stabilisation et de mesures structurelles La discipline budgétaire, qui s'impose pour éviter l'effet boule de neige de la dette, pour garantir au pays un haut niveau d'épargne nationale, pour ne pas léser les générations futures et pour maintenir l'intégrité des comptes publiques qui est l'un des fondements de l'Etat de droit La réorientation de la dépense publique La dépense publique est souvent, dans les PVD, consacrée à d'autres buts que la croissance et les missions d'intérêt général, offrant donc une très faible utilité sociale. [...]
[...] Ceci a pris la forme de crise non seulement économique mais aussi sociale très dommageable. On peut penser ici à la crise Argentine, avec des taux de chômage et de pauvreté très, très élevés. Par ailleurs, dans la même logique, Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie 2001, dans son livre La Grande désillusion, explique que dans tous les pays qui ont appliqué les politiques imposées par le consensus, le développement a été lent et, là où il y a eu croissance, ses bénéfices n'ont pas été également partagés Stiglitz soulève donc ici le problème du partage des ressources dans les pays en voie de développement. [...]
[...] Introduction : Le consensus de Washington est à la politique économique ce que Milton Friedman fut à la théorie keynésienne : un apport subversif qui a transformé l'approche économique. L'expression "consensus de Washington" vise à regrouper en une formule rapide les principes qui ont servi aux organisations internationales, telles que le FMI et la Banque Mondiale, pour gérer la crise de la dette intérieure et extérieure des pays en voie de développement durant les années 1980. Parallèlement, c'est l'émergence de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan à la tête de l'Angleterre et des Etats-Unis. [...]
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