Le capitalisme repose sur l'homme qui est un être moral de sorte que faire abstraction de la morale peut être considérée comme une mutilation.
Ainsi, moraliser le capitalisme est-il souhaitable ? Comment le faire ? Quels sont les modèles de développement alternatifs ? La richesse est-elle la seule condition d'accès au bonheur ?
Débat mené par Jean-Louis Gombaud (éditorialiste, journaliste à RTL) avec pour intervenants :
Jean-Hervé Lorenzi, professeur à l'université Paris-Dauphine et président du Cercle des économistes.
Nicolas Baverez, économiste, normalien et énarque.
Philippe Lemoine, coprésident du groupe Galeries Lafayette
[...] Il faut donc essayer de réformer le système économique, faire émerger une gouvernance de la mondialisation d'où des réformes des institutions et des règles, mais pour autant on ne peut pas faire vivre le capitalisme sans des valeurs fortes. La mondialisation et les entreprises sont des biens communs, et donc il faut réfléchir aussi à l'éthique des acteurs. Le mot de valeur est au confluent du capitalisme et de la morale : d'un côté la création de valeurs et de l'autre côté la valeur, le principe moral et ce qui menace la démocratie aujourd'hui c'est que nous sommes dans un temps de profond nihilisme dans lequel certaines valeurs sont perverties et dénuées de sens il faut donc leur donner une valeur concrète, ce serait le meilleur antidote face à la crise. [...]
[...] on s'aperçoit que la théorie de la concurrence change de pied tous les 25 ans, s'adaptent au besoin de l'économie (ex. crise de 1930 : on modifie les théories de la concurrence de manière à expliquer qu'il faut certes de la concurrence mais que des grosses entreprises qui peuvent avoir un pouvoir de marché important n'est pas si mal) persuadé d'une évolution de la théorie dans laquelle le consommateur n'est pas roi, mais aussi producteur. Que s'est-il passé dans les années 90-2000 pour que nous oublions des principes moraux ? [...]
[...] Qui doit se donner ce droit ? Pour Lorenzi, donner une définition générale du capitalisme est totalement absurde puisque l'on ne peut et ne doit pas parler de capitalisme, mais DES capitalismes, à un instant déterminé. Pour donner un exemple, Il explique notamment que le capitalisme d'aujourd'hui, que nous connaissons a subit une mutation très importante dans la période récente. Le capitalisme consiste donc en une manière dont un système arrive à rentabiliser un capital qui a été investi en espérant qu'il soit rémunérateur par la suite : on avance de l'argent et cet argent doit trouver de la rémunération (il mentionne également le fait que pour les classiques, qui ont analysé le capitalisme au moment de sa naissance, ce dernier avait déjà une dimension morale). [...]
[...] Nicolas Baverez ajoute qu'à cette confusion fréquente entre l'économie de marché et le capitalisme, s'ajoute une confusion avec le libéralisme. Pour celui-ci, le capitalisme est un mode de production fondé sur le calcul rationnel de la production, sur l'organisation d'un certain nombre de facteurs, et sur le profit contrepartie du risque pris (du côté des moyens, et non des fins, donc pas de la morale). L'économie gère la production et non l'ensemble de l'humanité et des activités (vision totalitaire sinon) L'économie de marché quant à elle est un système de règles et d'institutions dont le capitalisme peut faire parti ou non, plusieurs manières d'organiser la production existante. [...]
[...] Conférence du 2 décembre 2009 : Faut-il moraliser le capitalisme ? Relations de la morale et du capitalisme Introduction au débat : Le capitalisme repose sur l'homme qui est un être moral de sorte que faire abstraction de la morale peut être considérée comme une mutilation. Ainsi, moraliser le capitalisme est-il souhaitable ? Comment le faire ? Quels sont les modèles de développement alternatifs ? La richesse est-elle la seule condition d'accès au bonheur (question soulevée suite au rapport de la commission Stiglitz / Fitoussi / Amartya Sen)? [...]
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