François Quesnay, Adam Smith, pensée économique, modernité de l'analyse, origine de la richesse, système d'échanges moderne
Dans la période de crise économique mondiale que nous vivons, chaque État est amené à faire des choix de politiques économiques, le but étant de relancer la croissance. Ces choix s'inspirent des théories des grands penseurs de l'économie : chaque politique économique correspond à une certaine conception de l'économie et des sources de la richesse. François Quesnay et Adam Smith font partie de ces auteurs qui influencent, aujourd'hui encore, les politiques économiques des États. Leurs analyses, élaborées toutes deux au XVIIIe siècle, font preuve d'une modernité étonnante sur certains points. L'analyse physiocrate de F. Quesnay, bien que fondée sur l'idée d'une production des richesses par l'agriculture uniquement, présente une ébauche de comptabilité nationale, prenant en compte des flux monétaires. Quant à A. Smith, le père de l'économie classique, il semble avoir fondé le libéralisme sur lequel de nombreux États aujourd'hui fondent leurs politiques.
[...] C'est donc relativement à leur contexte d'élaboration qu'il faut comparer la modernité des analyses de Smith et de Quesnay. S'interroger sur la modernité de leurs analyses, c'est donc s'interroger sur leur éventuel avant-gardisme, et leur adaptabilité au monde d'aujourd'hui. Et si les analyses de Quesnay et de Smith peuvent toutes les deux êtres considérées comme modernes, elles ne le sont pas sur les mêmes thèmes, et c'est ce que nous allons essayer de dégager. Nous verrons donc dans une première partie quel est le degré de modernité de chacun de ces deux auteurs concernant l'origine qu'ils attribuent à la richesse. [...]
[...] Le libéralisme et le commerce sont des conditions à l'enrichissement pour Adam Smith Pour Adam Smith, l'enrichissement ne réside pas uniquement dans la production agricole. D'une façon étonnamment moderne, il analyse le commerce comme source de la richesse. En fait, d'après lui, chacun travaillant à son intérêt personnel permet d'atteindre l'intérêt général, guidé par ce que Smith appelle métaphoriquement la main invisible De cette théorie, Smith déduit que chacun trouve son intérêt dans l'achat et la vente de produits, à un prix d'équilibre, qui se fixe naturellement de façon à ce que chacun soit satisfait des débouchés de sa production. [...]
[...] À partir de ce postulat, on peut comprendre les différents flux considérés par Quesnay. Les agents économiques échangent entre eux, ils sont interdépendants. Ce tableau économique est une ébauche de comptabilité nationale, et en cela il est déjà extrêmement moderne. Mais surtout, Quesnay prévoit que les agents se fassent entre eux des crédits : la classe stérile fait crédit aux fermiers pour qu'ils puissent renouveler leur matériel par exemple. Dans cette idée de crédit, on aperçoit une certaine création monétaire par le crédit entre les agents. [...]
[...] Il conceptualise le free banking qui correspond au système bancaire actuel, où les banques sont libres de faire des crédits notamment, créant ainsi de la monnaie. Il y a une concurrence entre les banques. Cette idée de concurrence se retrouve ailleurs dans l'analyse smithienne. En vue d'échanger, chacun doit rechercher la productivité, ce qui se traduit notamment par la division du travail dans les manufactures. Une fois de plus, Smith semble être le précurseur de systèmes modernes, mis en place par la suite. [...]
[...] Sur ce point, son analyse semble bien plus moderne que celle de F. Quesnay, et nous allons voir pourquoi. Pour Quesnay, l'agriculture est la seule source de richesse Pour François Quesnay, la richesse n'est produite que par l'agriculture. Il développe notamment son analyse dans l'article Fermier de l'Encyclopédie. Les agriculteurs, en travaillant la terre, sont les seuls à créer de la richesse à proprement parler, en produisant des biens à partir de la nature. Quesnay ne considère pas que les rentes des propriétaires sur leurs terres constituent une création de richesses : elles sont versées par les agriculteurs, véritables producteurs de richesses. [...]
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