Alors que le vieux continent européen connaît une conjoncture économique morose et s'interroge sur l'avenir de son modèle, que le Japon peine à sortir de crise, que les Etats-Unis ont stabilisé leur croissance à 3-4% après la forte baisse de 2001-2, deux pays émergents épuisent le registre des hyperboles économiques : la Chine et l'Inde connaissent depuis dix ans les taux de croissance les plus élevés du monde avec des moyennes respectives de plus de 9 et 6%. Appelés les « géants asiatiques », géants démographiques, géographiques, et désormais économiques, les deux pays comptent chacun plus d'un milliard d'habitants, une population jeune, des territoires à l'échelle d'un continent : les facteurs démographiques, l'exploitation croissante des ressources n'épuisent pas les déterminants d'une telle croissance, inscrite dans la durée, qui surpasse ici largement la croissance démographique et ne peut être attribuée qu'en partie à l'augmentation quantitative de l'usage des facteurs de production, travail et capital. De tels résultats amènent à se demander s'il s'agit d'une croissance est stable et durable qui mène sur la voie du développement et du rattrapage ou s'il n'existe pas un risque majeur de surchauffe et de crise. Dès lors, il convient d'en identifier les déterminants. Peut-on aujourd'hui parler d'un modèle de croissance indien ou chinois ? Quels facteurs peut-on identifier à l'origine d'une telle évolution? Ouverts récemment aux échanges internationaux, membres depuis peu de l'OMC ; au-delà de ces points communs, les deux pays ont emprunté des voies divergentes. Quels sont les facteurs de leur croissance et que nous disent-ils sur leurs perspectives ? L'hypercroissance actuelle de ceux que l'on désigne comme les deux « géants asiatiques » porte en elle la possibilité d'un ralentissement voire d'une réelle crise économique, comme elle peut s'inscrire dans la voie d'un développement stabilisé en mettant à profit les facteurs d'une croissance endogène, voie que semble suivre l'Inde.
Le début des formidables croissances indienne et chinoise ont coïncidé avec une libéralisation interne de l'économie et une ouverture vers l'extérieur. Cependant, les développements respectifs des deux pays ont été asymétriques. La Chine connaît depuis les années 1970 une croissance notable et régulière. En effet, Mao meurt en 1976 et Deng Xiaoping remet en question la politique précédente tout en amorçant une libéralisation économique. Notamment, il instaure un système d'économie mixte qui entraîne peu à peu la progression des caractéristiques d'une économie de marché, du secteur privé face au secteur public dont l'Etat se désengage massivement entre 1995 et 2000. Par ailleurs, il autorise en 1979 les investissements directs étrangers et crée 4 zones franches. L'ouverture se poursuit ensuite à rythme constant : baisse des tarifs douaniers puis disparition des droits sur les produits d'assemblages importés dans les années 90, entrée à l'OMC en 2001, avec période de transition jusqu'en 2006. Depuis lors, la Chine a consenti la baisse des droits d'importations de produits agricoles et industriels et les investissements étrangers dans les services, les télécommunications, la banque, les assurances et les marchés de titres. Ces facteurs institutionnels ont permis tout d'abord l'augmentation et une meilleure utilisation des facteurs quantitatifs de croissance. La Chine dispose à l'origine de vastes ressources naturelles et énergétiques. De plus, la population active est en progression constante (2,6% par an) et représente près des trois quarts de la population totale, soit 900Mio de personnes. Quant à la croissance capitalistique elle est assurée par des taux d'investissements très élevés : outre l'épargne nationale importante, la Chine est devenue en 2002 le premier destinataire d'Investissements directs étrangers (440 Mds entre 1990 et 2002, voir annexe). Ces facteurs ont entraîné une mutation profonde de la structure économique et de l'appareil productif, notamment avec le développement d'une économie industrielle très performante. Si la part demeure relativement élevée de l'emploi et du PIB dans le secteur agricole, un important transfert a été effectué vers le secteur secondaire et même vers le secteur des services.
[...] L'accélération de la croissance enregistrée pendant cette période est en partie attribuable à la poursuite de la réforme structurelle, y compris la libéralisation des échanges, ayant permis de réaliser des gains d'efficience. De plus, le pays dispose d'un réseau d'infrastructures relativement développé ; des réformes importantes ont été engagées récemment, en particulier dans les services de télécommunication, les services financiers et, dans une certaine mesure, les services d'infrastructure, tels que l'énergie et les transports. Le gouvernement démocratique a en effet compris l'importance des conditions structurelles pour favoriser le développement économique qui profitera à la population dans une perspective plus globale et de long terme. [...]
[...] La part de l'agriculture a décliné de 55 à tandis que celle de l'industrie monte de 13 à 22%. L'ensemble du système est en voie de dérégulation et de privatisation avec collaborations étrangères, ce qui devrait assurer des progrès plus rapides. La montée des services s'est accélérée dans les années 1990-2000 : secteur bancaire et bourses, commerce de gros et de détail, depuis les boutiques de bazar aux grands magasins modernes, télécommunications, restaurants, même tourisme et autres loisirs. Les progrès du secteur industriel sont encouragés par son ouverture : investissements privés étrangers et baisse des barrières douanières, transferts de technologies et modernisation des équipements existants. [...]
[...] La Chine et l'Inde font souvent l'objet d'analogies du fait de leur impressionnante émergence économique parallèle cette dernière décennie qui semble devoir bouleverser ce qui était établi comme un ordre économique mondial. Deux pays, ou plutôt deux sous-continents, qui rassemblent 2,5 Mds d'habitants, des potentiels de ressources, de force de travail et de productivité immenses, s'ouvrent juste aux échanges internationaux et semblent suivre un rythme de croissance effréné qui plafonne de 7 à soulevant souvent l'euphorie des analystes. Une telle croissance laisse cependant redouter une surchauffe, un effet de bulle qui ne pourrait aboutir que dans un atterrissage plus ou moins violent, voire dans une crise économique. [...]
[...] Appelés les géants asiatiques géants démographiques, géographiques, et désormais économiques, les deux pays comptent chacun plus d'un milliard d'habitants, une population jeune, des territoires à l'échelle d'un continent : les facteurs démographiques, l'exploitation croissante des ressources n'épuisent pas les déterminants d'une telle croissance, inscrite dans la durée, qui surpasse ici largement la croissance démographique et ne peut être attribuée qu'en partie à l'augmentation quantitative de l'usage des facteurs de production, travail et capital. De tels résultats amènent à se demander s'il s'agit d'une croissance est stable et durable qui mène sur la voie du développement et du rattrapage ou s'il n'existe pas un risque majeur de surchauffe et de crise. Dès lors, il convient d'en identifier les déterminants. Peut-on aujourd'hui parler d'un modèle de croissance indien ou chinois ? Quels facteurs peut-on identifier à l'origine d'une telle évolution ? [...]
[...] L'Inde a procédé à un changement graduel alors que la Chine effectue de grands bonds en avant mais aussi en arrière : elle suit un régime de croissance stable avec peu de risques. Si le pays ne s'est pas constitué comme la Chine en plate-forme à l'exportation, le commerce extérieur a bondi en moyenne de par an et l'Inde est en train d'émerger comme un leader mondial dans les services, notamment en informatique, à côté des secteurs traditionnels comme les bijoux ou le textile-habillement. [...]
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