L'arrivée au pouvoir des communistes en Chine en 1949 sonne la fin du morcellement de la Chine, d'abord répartie entre comptoirs occidentaux, puis pillée par les Japonais. La Chine revient aux Chinois. Cette mutation sera d'abord discrète, avec la fermeture de l'économie chinoise, et se fera dans la douleur (révolution culturelle, « grand bond en avant »). Mais avec l'arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping en 1976, la Chine rompt avec le communisme « traditionnel », et tente de se définir un modèle économique propre, l'économie socialiste de marché, officiellement une variante du communisme, mais qui s'apparente en réalité davantage à un capitalisme autoritaire. Les succès économiques de la Chine vont alors s'enchaîner, et celle-ci gravir la hiérarchie des économies internationales, jusqu'à devenir deuxième puissance économique (PIB) et première puissance exportatrice, à tel point que la formule prêtée à Napoléon, « Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera », semble se vérifier aujourd'hui, tant les craintes soulevées par l'essor de ce géant économique, démographique, politique et militaire sont énormes.
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- Une première étape : la constitution du marché. Il faut au sortir du règne de Mao refonder l'économie, ce qui passe par la responsabilisation économique, la modification du système des prix, et par l'établissement de zones franches. La planification est d'abord maintenue, mais la revente de l'excédent est autorisée, puis la stricte planification disparaît d'abord dans l'agriculture puis dans l'industrie. Enfin, pour que le marché entre dans les moeurs, il faut faire comprendre aux agents le calcul rationnel, ce qui passe notamment par l'éducation.
- La promotion des exportations (1994-2005). Les efforts d'industrialisation sont accentués, D. XIAOPING fait appel aux IDE et lance la Chine dans la voie des exportations. Avec l'accélération de la croissance, les taux d'investissement et d'épargne croissent rapidement, pendant que la baisse de la part des salaires dans la VA favorise l'accumulation du capital. En 2000, la Chine entre dans l'OMC et poursuit sa course à la croissance, celle-ci ne descendant jamais plus sous 8% (14% avant la crise), ses exportations explosent (de 20% PIB en 2000 à 37% en 2007) grâce à une progressive remontée des filières (...)
[...] Mais le modèle actuel, mis à part le contrôle de la population, a peu à voir avec le communisme de Mao, dans la mesure où l'enrichissement personnel est toléré et même valorisé : on compte aujourd'hui 115 milliardaires chinois (151 avec Hong Kong), et les pratiques occidentales sont adoptées par les élites et les classes moyennes. II. Les revers du miracle chinois : la Chine, colosse aux pieds d'argile ? 1. La croissance rapide à tout prix, menace pour la croissance à long terme L'endettement des collectivités locales. L'endettement global des collectivités locales chinoises dépasserait les 1400 mds $ (eq. PIB espagnol), ce qui porterait la dette publique chinoise à plus de 80% du PIB ! (approximation étant donné le flou des statistiques chinoises). [...]
[...] Alors, où va s'arrêter la Chine ? Va-t-elle, comme certains le prédisent, s'imposer comme la première puissance économique mondiale d'ici 2030 ? Va-t-elle comme d'autres, moins nombreux, le pensent, s'effondrer à cause d'une corruption endémique et d'une bulle immobilière qui ne cesse de gonfler (P. KRUGMAN) ? [...]
[...] Des conséquences environnementales dramatiques. Le domptage de l'environnement est très ancien en Chine, où les politiques de grands travaux remontent à l'Antiquité, et déjà le modèle communiste qui prévalait avant 1978 était désastreux pour l'environnement (exemple de la destruction rémunérée des oiseaux pendant la Révolution culturelle qui favorisa l'essor d'insectes nuisibles). Pour maintenir sa croissance, la Chine a des besoins en énergie énorme, d'où une importante déforestation et la désertification rampante du nord du pays (qui menace Pékin désormais Pékin). [...]
[...] La Chine semble lancée à toute vitesse dans son processus de développement. Mais comment envisager ce succès : mirage économique ou réel succès ? I. Le modèle économique chinois, le triomphe du pragmatisme économique 1. La réussite fulgurante de l'économie socialiste de marché depuis les années 1980, fruit d'un tâtonnement Une première étape : la constitution du marché. Il faut au sortir du règne de Mao refonder l'économie, ce qui passe par la responsabilisation économique, la modification du système des prix, et par l'établissement de zones franches. [...]
[...] Le modèle chinois, bien loin de placer tous ses citoyens sur un même pied d'égalité, accentue les inégalités (mais c'est le propre de tous les processus de développement, comme on le voit sur la courbe de LORENZ). Ces inégalités sont sociales entre les différentes classes mais aussi spatiales (la côte est a peu à voir désormais avec la Mongolie inférieure). Ces disparités spatiales sont un réel danger pour l'unité chinoise, comme on le voit au travers des nombreuses volontés séparatistes, qu'elles émanent du Tibet, ou du Xinjiang. [...]
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