Depuis la chute du Mur de Berlin, le capitalisme est le système économique et social de référence dans le monde. Cependant, cette notion est plus large qu'il n'y paraît et il est important de la redéfinir. Le capitalisme, dans son acceptation la plus large est un système économique et social fondé sur la propriété privée des moyens de production et d'échanges. Le rôle de l'Etat est minimal, il est le garant de la propriété privée, c'est-à-dire qu'il doit assurer la concurrence sur le marché pour que chacun puisse exercer son pouvoir d'initiative. L'objectif premier de ce système économique est clairement la recherche du profit. Mais les interprétations du capitalisme ne sont pas univoques et elles ont ouvert la voie à plusieurs pratiques. Si la recherche du profit reste l'élément moteur, le capitalisme rhénan, qui reprend les idées héritées de l'ordo-libéralisme allemand, y intègre une forte dimension sociale. Cette forme de capitalisme essaie de concilier l'efficacité d'une économie libérale à une politique sociale développée. Cette vision sociale est propre au capitalisme rhénan, à titre d'exemple on peut y opposer le capitalisme anglo-saxon qui a une vision plus individualiste du système économique, en donnant la part belle aux actionnaires (fournisseurs de capitaux) et en s'attachant aux gains sur le court terme. La politique sociale est en dehors du système économique, elle passe par la création d'un Etat-providence. Mais la gestion de la politique sociale par l'Etat se fait souvent en confrontation avec les entrepreneurs qui voient là de l'ingérence.
[...] Si la cogestion apparaît comme l'élément de base du capitalisme rhénan c'est parce qu'elle s'applique aussi aux autres sphères de la société, notamment, nous l'avons vu, au niveau fédéral. Pourtant c'est avant-tout au domaine de l'industrie que la gestion en commun s'est appliquée, notamment après la seconde guerre mondiale puisqu'elle a servi à implanter une démocratie industrielle qui permette la démocratisation du politique. C'est pour cette raison que la cogestion semble l'élément fondateur du capitalisme rhénan. Et elle l'est effectivement mais pas seule. [...]
[...] Les banques sont souvent membres des conseils d'entreprises où les actionnaires leur confient leur droit de vote, tandis qu'en retour, les grands industriels sont au conseil d'administration des banques. On pourrait voir cela comme une forme de financement cogéré Ce qui témoigne bien de l'imbrication forte entre ces éléments de base, tous nécessaires au capitalisme rhénan. En conclusion, on peut dire que la cogestion est effectivement indispensable au capitalisme rhénan. Elle permet d'atteindre le consensus dans l'intérêt général des acteurs privés. [...]
[...] La cogestion est un élément de base du capitalisme rhénan mais elle ne suffit pas à en expliquer le fonctionnement dans son ensemble. D'autres éléments s'y ajoutent : on peut notamment mettre en évidence le rôle du système de formation. L'école est souvent intégrée à l'entreprise. Le salarié passe par plusieurs échelons hiérarchiques avant de devenir membre de la direction. Il intègre donc les principes de la coopération au fil de sa carrière. De plus, la formation est en général financée par l'entreprise qui la dispense, c'est une forme de modernisation du compagnonnage courant au dix-neuvième siècle. [...]
[...] Ce rapport n'est pas du tout le même dans le capitalisme anglo-saxon notamment. En Allemagne, les entreprises sont rarement côtées en Bourse et cela se ressent dans les décisions et les modèles d'investissement qui sont basés sur le long terme. Les entreprises allemandes versent à leurs actionnaires des dividendes juste nécessaires à la bonne tenue des actions sur le marché, les actionnaires n'exigent pas une rentabilité forte et immédiate. Cela favorise le consensus entre les ouvriers et les patrons : les deux parties peuvent se projeter dans le long terme. [...]
[...] Les acteurs privés et publics s'entendent donc sur le fait que la cogestion est la condition de l'existence du capitalisme. Et de fait, la cogestion s'avère efficace, d'autant que la classe ouvrière allemande a toujours été intégrée au système économique. En Allemagne des travailleurs sont syndiqués, ce qui assure aux salariés une bonne représentation. La cogestion n'est pas imposée a posteriori, elle résulte aussi en partie de la tradition. Son efficacité est également due à la composition de l'économie outre-Rhin. [...]
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