Notre problématique est l'enjeu de nombreux débats et constitue un sujet très controversé
aujourd'hui. La divergence des réponses qui lui sont apportées nous amènera à nuancer nos
propos. Nous verrons tout d'abord en quoi le capitalisme justifie la colonisation et en quoi l'empire a au départ répondu aux attentes de ses promoteurs et qu'il a largement contribué à
l'enrichissement de la métropole. La colonisation semble bien avoir été la clé de l'épanouissement
du capitalisme. Mais dans un second temps nous relativiserons cette analyse en montrant que la
colonisation a été confrontée à d'intenses critiques, notamment à partir des années 1930, et que,
de ce point de vue, elle semble avoir été par la suite une entrave à la croissance du capitalisme.
[...] sa puissance de reproduction, sa dilatation et sa multiplication à travers l'espace [ . Un peuple qui colonise c'est un peuple qui jette les assises de sa grandeur future». La colonisation est un instrument essentiel du prestige national. L'explication économique est aussi un argument permettant de justifier la colonisation, même si en France il n'a pas été le motif déterminant de l'expansion coloniale. Nous allons tout de même porter un intérêt particulier au motif économique car c'est lui qui permet de décrire les liens entre capitalisme et colonisation. [...]
[...] A cet égard, J. Marseille a analysé l'évolution de l'industrie des biens d'équipement et en a tiré des conclusions accablantes : en constatant que les avancées de ce secteur s'accompagnent d'un recul du marché colonial, il écrira tout semble donc s'être passé comme si la croissance du secteur des biens d'équipement passait par un relatif délestage du marché colonial, comme si les ventes à destination de l'étranger étaient la clef d'une croissance rapide, le marché colonial se contentant d'être le compagnon des mauvais jours». [...]
[...] L'économie française devait s'adapter à la nouvelle conjoncture internationale. * * * Nous avons donc vu que la colonisation se présente d'abord comme un apparent succès du point de vue du capitalisme français. Des années 1880 à la décolonisation, le marché colonial a en effet pleinement rempli les fonctions qui lui étaient dévolues : celle de débouché, celle de pourvoyeur de matières premières, celle de lieu de placement sûr et rémunérateur de capitaux français. Il absorbe bon nombre des exportations françaises et apporte également une contribution décisive à l'importation des matières premières agricoles qui représentent alors plus de 20% des importations totales de la France. [...]
[...] L'empire sert aussi d' oreiller de paresse pour les secteurs tels l'industrie textile ou l'industrie alimentaire qui sont dans une phase de déclin irréversible. En réalité, l'empire servait d'exutoire pour les produits français les moins concurrentiels, il jouait un rôle de refuge. Les adversaires de la colonisation condamnent ce phénomène car plutôt que de diminuer leur prix afin d'être plus compétitives, les entreprises en perte de vitesse préfèrent se replier sur le marché colonial et sauvegarder leurs structures. Incapables de faire face à la concurrence, ces industries ne peuvent vendre qu'à l'abri des barrières douanières coloniales. L'exemple de l'industrie cotonnière étudiée par J. [...]
[...] Au regard de l'étude des taux de profit, il apparaît que, dans l'ensemble, l'investissement colonial constitue une bonne affaire pour le capitalisme. Le placement colonial est d'autant plus intéressant que les profits qui y sont réalisés sont bien plus élevés que ceux des sociétés métropolitaines. L'investissement colonial offrait donc de solides opportunités pour la métropole. En plus des taux de profits particulièrement intéressants, il était un placement sécurisé dans la mesure où la France exerçait un contrôle politique direct sur ces territoires. [...]
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