Le millésime 2006 du classement établi par le Forum Economique Mondial positionne la France en 18E position en matière de compétitivité. Elle perd 6 places par rapport au classement 2005 et enregistre ainsi un recul considérable par rapport au rang qu'elle tenait il y a 10 ans. Ce rapport étant fondé sur les témoignages de plus de 11000 chefs d'entreprise du monde entier, on pourrait conclure à un effondrement de l'attractivité qu'exerce notre pays sur les investisseurs étrangers.
Pourtant pour l'année 2005, l'Agence Française pour les Investissements Internationaux (AFII) enregistrait un flux de plus de 40 milliards d'euros d'Investissements Directs à l'Etranger (IDE) en direction de notre territoire, ce qui le plaçait au 4e rang derrière la Chine, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Selon ces chiffres la situation ne serait donc pas du tout catastrophique.
Peut-on en conclure pour autant que malgré une image défavorable dans le monde des affaires, la France est en pratique toujours, si ce n'est plus, attractive qu'en 1995 ?
La situation économique française n'est en effet pas des plus séduisantes. Son Produit Intérieur Brut (PIB) progresse nettement plus lentement que celui des Etats-Unis, avec un taux de croissance de 2 points inférieur en 2005. Mais surtout le chômage représente toujours près de 10% de la population active d'après l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE). Donc même si les investissements étrangers en France sont relativement importants, ils ne suffisent évidemment pas à mettre en route une dynamique de croissance et d'emploi. Dans un tel climat économique, il semble naturel que les chefs d'entreprise puissent hésiter à investir à nouveau en France.
Pourquoi les flux d'IDE vers la France ne traduisent pas la véritable attractivité de notre territoire ? Quelles sont les raisons structurelles voire institutionnelles de ce désamour pour l'économie hexagonale ? Et quels sont les déséquilibres sectoriels et géographiques au sein du territoire français ? N'assiste-t-on pas à l'hypertrophie de l'Ile de France en matière d'investissements étrangers et de création d'emploi, au détriment des autres régions ?
[...] Elle publie tous les ans le nombre de cas traités par ses services, mais il est beaucoup plus difficile d'estimer le nombre d'entreprises qu'elle a réellement aidé et surtout incité à venir s'implanter en France. En outre, les chiffres qu'elle publie peuvent souvent porter à confusion et embellir la réalité. Par exemple, lorsqu'elle parle de créations d'emplois elle inclut souvent les emplois sauvegardés, c'est-à-dire lors du rachat d'une entreprise en faillite, ceux qui auraient peut-être été supprimés sans l'intervention d'investisseurs étrangers. [...]
[...] Les pôles de compétitivité, définis par la DATAR comme un espace de synergies locales entre recherche, industrie et formation ne permettent pas non plus de remédier à ce mal français. Malgré les efforts des gouvernements Raffarin puis de Villepin et la labellisation de 66 pôles en France, ils ne suffisent pas à convaincre les décideurs étrangers qui sont toujours 73% à exclure la France dans leurs décisions d'implantation d'après l'étude d'Ernst & Young. En effet, comme le précise l'économiste américain Paul Krugman, plus que des pôles de compétitivité, les entreprises recherchent des pôles de compétences (d'après la terminologie de l'agence Futuris). [...]
[...] Implantation favorisée par des aides publiques de l'Etat français. Dix ans plus tard, le groupe Daewoo délocalise ses activités vers la Pologne et la Chine. La France n'est donc plus aussi attractive face à l'émergence des pays en développement et les interventions étatiques sont vite dépassées par la réalité. Dernier exemple : les Zones Franches Urbaines situées dans des régions en proie au chômage et à la désindustrialisation, leur but est d'attirer les entreprises étrangères en réduisant la fiscalité (taxes foncière et professionnelle entre autres). [...]
[...] La réalité n'est effectivement pas aussi rose. D'après une étude du cabinet américain de recherche Thomson Financial, sur les 40 milliards d'euros reçus en milliards proviennent du rachat d'entreprises françaises par des sociétés étrangères. Ainsi seulement des investissements étrangers en France seraient effectivement créateurs d'activité. Dès 2000, les implantations d'entreprises étrangères en France ont amorcé un net déclin en 2001) et n'ont depuis jamais retrouvé le niveau des années 1990. La majorité des IDE s'apparente donc à de simples flux financiers sans création d'activité, qu'il s'agisse de transferts de propriété lors d'opérations de fusions acquisitions, de prêts intergroupes entre une filiale étrangère et sa maison mère française. [...]
[...] Les dépenses publiques et privées en matière de recherche et développement dépassent difficilement du Produit Intérieur Brut (PIB) français. On est donc loin du minimum de requis depuis 2000 par les objectifs de Lisbonne pour faire de l'Europe l'économie la plus dynamique et la plus compétitive du monde Les faibles liens entre l'industrie, la recherche et l'enseignement supérieur mettent en danger la capacité de notre pays à rester dans la course mondiale à l'innovation et donc à attirer des entreprises travaillant dans les nouvelles technologies. [...]
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