Les changements considérables observés sur les marchés des capitaux au cours des 15 dernières années, le rôle croissant de ces marchés dans le financement de l'économie et leur importance dans la détermination et l'amplification du cycle économique ont attiré l'attention sur l'importance relative des prix des actifs et des effets de richesse sur l'économie réelle.
Ces évolutions ont soulevé la question suivante : la politique monétaire doit-elle réagir aux variations des prix des actifs financiers et immobiliers ? En effet, une augmentation des taux d'intérêt aurait pour conséquence de rendre les placements en action moins attractifs, d'être un signal d'inflation ou de calmer l'économie et la spéculation (dans la théorie). L'intérêt est double : non seulement les variations importantes des prix des actifs comme le sont les bulles financières sont susceptibles de compromettre la stabilité des prix (principal objectif des banques centrales) mais elles peuvent également affecter la stabilité financière (autre objectif d'une banque centrale) et par là avoir d'importantes répercussions dans l'ensemble de l'économie.
L'article de Ben Bernanke, président de la FED depuis le 1er février 2006, est un discours prononcé devant la National Association for Business Economics en 2002, donc après l'explosion de la bulle Internet (… p. 39 + Greenspan « exubérance irrationnelle ») et l'affaire Enron (décembre 2001). Dans cet article, il analyse l'opportunité de l'intervention d'une banque centrale en cas de bulle sur les marchés financiers.
[...] Si le juste prix des actions est difficile à évaluer, il n'en est pas de même pour l'immobilier : il semble qu'il y ait une bulle en GB, Espagne et France. Ces bulles sont contrôlables car elles sont toujours précédées d'une augmentation de la distribution de crédit aux ménages que la politique monétaire peut affecter. De plus, des crises graves ont été déclenchées ou amplifiées par des bulles spéculatives qui peuvent entraîner une crise systémique des banques : 1990 aux USA au japon au R-U. [...]
[...] De plus, la question des indicateurs à retenir est posée : aucun ne permet à coup sûr dévaluer une bulle financière. Enfin, Bordo et Jeanne en 2002 ont fait une étude dans 15 pays depuis 1970, ont identifié 24 fortes augmentations des prix des actifs. Seulement 3 fois cette hausse s'est traduite par un krach. Une intervention de la banque centrale pour casser une bulle aurait donc de grandes chances d'être néfaste à l'économie. étude de Campbell et Shiller en 1997 : marché 3X surévalué par rapport à ses valeurs fondamentales trop pessimistes). [...]
[...] Ainsi, l'article de Ben Bernanke insiste sur la prudence en matière d'action de la banque centrale par rapport au prix des actifs. Certes, il lui est difficile, en tant que gouverneur de la Fed, d'avoir une position différente, mais son argumentation semble convaincante car ni l'identification d'une bulle, ni les moyens d'une banque centrale, ne semblent permettre une action adaptée. Cependant, les prix des actifs doivent être surveillés par les banques centrales étant donné la nature complémentaire des objectifs de stabilité des prix et de stabilité financière, sans qu'il soit opportun d'intégrer les prix des actifs dans une règle de politique monétaire. [...]
[...] Il prend l'exemple de 1929 pour étayer ses affirmations En mars 1928, les gouverneurs de la Fed ont estimé qu'il fallait calmer la spéculation sur le marché des actions alors qu'il n'y avait sans doute pas encore de bulle en mars 1928 (Galbraith, 1954). De plus, cette augmentation des TI a eu lieu dans un contexte d'inflation très faible : les TI sont passé de en janvier 1928, à 10% en août 1929. L'activité économique chuta à partir d'août 1929 dans de nombreux secteurs, résultat de cette politique monétaire trop restrictive. En septembre, alors que les actions augmentaient fortement, l'économie était déjà en forte dépression. La Fed, par ses interventions, a fait chuter l'économie mais non le marché des actions. [...]
[...] Le krach boursier a été, pour Bernanke, autant une victime qu'une cause de la Dépression (ceci a été également dit par Keynes et plus tard par Friedman). Les efforts de la Fed ont été trop faibles et trop tardifs donc inopérants, preuve qu'il est difficile d'identifier une bulle et d'agir contre elle. Une position qui fait débat et qui permet de s'interroger sur la manière de lutter contre les bulles financières et leurs conséquences Une position qui fait débat parmi les économistes La position de Bernanke fait débat parmi les chercheurs et économistes. [...]
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