Le problème épineux de choisir entre acquérir ou risquer d'être acheté se pose à de plus en plus d'entreprises. La crise financière actuelle, si elle a fait diminuer de 26% le volume des fusions-acquisitions depuis début 2008, a aussi entraîné à partir de septembre une nouvelle vague de ces opérations, notamment sur la scène financière européenne.
Il s'agit donc de se demander si, malgré ce « coût du risque » dont parle David Barroux, les fusions-acquisitions constituent la seule alternative viable à d'éventuelles disparitions programmées au sein d'un marché international qui laisse de moins en moins de place aux entreprises qui ne jouent pas le jeu de la globalité.
[...] Il peut enfin s'agir d'opérations de fusion qui permettent l'intégration régionale de nouveaux groupes. C'est le cas à l'échelle européenne, où le rassemblement de banques de nationalités différentes est fortement encouragé afin d'empêcher la disparition progressive de trop petites structures. Ce phénomène est présent depuis quelques années, avec par exemple l'acquisition en 2004 d'Abbey National par Santander, ou en 2006 de la banque italienne ENL par BNP Paribas - lui-même né en 2000 de la fusion entre BNP et Paribas qui en fait le premier groupe bancaire français On assiste aux mêmes réflexes de regroupement en cette période de crise financière, avec notamment le projet de fusion entre la Caisse d'Épargne et la Banque Populaire ou l'absorption de Fortis Belgique et Luxembourg par BNP Paribas. [...]
[...] La fusion Alcatel- Lucent n'a par exemple pas permis un rapide élargissement au marché des réseaux optiques, et le groupe a donc été obligé d'investir de grosses sommes en recherche-développement pour ne pas être trop devancé par ses concurrents, notamment chinois. La rapidité d'entrée sur de nouveaux marchés normalement permise par les opérations de fusions-acquisitions n'a donc même pas eu lieu dans ce cas, ce qui prouve le manque de pertinence de la fusion. Les fusions-acquisitions se soldent donc souvent par des échecs, souvent liés à leur manque de pertinence, et qui se traduisent par des pertes de bénéfices et d'importants plans de licenciement. Elles se retrouvent donc injustifiées, car elles peuvent elles aussi mener une entreprise à sa perte. [...]
[...] George Soros. La vérité sur la crise financière, Éditions Denoël p. [...]
[...] Les opérations de fusions peuvent donc être une bonne réponse à une modification ou une réorientation de la demande des consommateurs. Les fusions horizontales - c'est à dire l'acquisition par une entreprise d'une autre du même secteur d'activité - peuvent elles aussi constituer une réponse efficace pour les firmes qui ne veulent pas se retrouver en position de faiblesse sur un marché international où les très grandes entreprises dominent. Une fusion-acquisition permet de passer du statut de proie à celui de nouveau prédateur potentiel sur le marché concurrentiel global. [...]
[...] Une alternative viable ? Les farouches opposants à la logique des fusions-acquisitions affirmeront dès lors que ces opérations occasionnent plus de conséquences négatives que de réels avantages. De cette manière, il est vrai que près de la moitié de ces opérations se soldent par des échecs. Il en va par exemple ainsi de la fusion Alcatel-Lucent, finalisée fin 2006, et qui dès 2007 entraînait le licenciement de personnes, soit des effectifs. En effet, la croissance externe par fusion a en partie pour but la recherche d'économies d'échelle (réduction du coût unitaire parallèle à une augmentation de la production) afin d'obtenir des synergies, mais ces économies d'échelle ne sont souvent réalisables qu'en supprimant des emplois excédentaires afin de rationaliser le processus de production. [...]
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