La globalisation financière correspond aux transformations qui ont modifié les principes de fonctionnement de la finance. Ces transformations conjuguent libéralisation des systèmes financiers nationaux et intégration internationale.
Les années 1960 sont marquées par l'effondrement du système monétaire international mis en place par la conférence Bretton Woods (1944). Dès 1960, les avoirs en dollars accordés aux étrangers sont supérieurs à la réserve américaine d'or, remettant en cause la confiance dans le dollar. La méfiance aboutira à la création du pool de l'or en 1961, sept pays européens s'engagent à ne pas demander la conversion de leurs avoirs en or et à intervenir sur le marché libre de l'or pour maintenir le cours du dollar, basculant ainsi l'économie mondiale dans une phase d' inconvertibilité du dollar. Pendant la décennie, les tensions monétaires ont largement détérioré la soutenabilité des engagements du Pool de l'or, à travers notamment de l'action des euro-dollars, précipitant sa dissolution en 1968, le stock d'or américain a été divisé par deux, incitant les autorités à mettre fin à la convertibilité du dollar en or et d' imposer une surtaxe de 10% sur les importations afin de rééquilibrer la balance commerciale en 1971. Deux dévaluations successives du dollar entérineront le passage aux changes flexibles en 1973. Le flottement des monnaies accélère la diffusion de l'inflation à l'ensemble des pays capitalistes à économie de marché (PCEM). La convergence des taux d'inflation en 1973 mettra en exergue un phénomène nouveau, l'inflation sans croissance ou stagflation. L'année 1974 sonne la fin de la période de croissance exceptionnnelle, le choc pétrolier de 1973 catalisant l'entrée en récession des économies déjà soumises à des déséquilibres. Les années 1970 s'inscrivent dans une logique d'instabilité, à travers la fluctuation des prix du pétrole, et les violents ''aller-retours'' du dollar. En parallèle, l'efficacité de la politique économique est remise en cause tout comme ses modalités de financement, l'épargne connait une forte augmentation ce au détriment de la consommation, enfin l'investissement est fortement ralenti par les pertes de rentabilité des entreprises, déjà fortement endettées par les plans d'investissement contractés pendant les Trente Glorieuses. Ainsi, les trois composantes de la demande globale sont menacées alors que des facteurs limitatifs comme l'ouverture croissante des économies, limitent l'impact de la récession.
A la lueur de ces faits historiques, nous étudierons en quoi la période 1960-1970 a constitué un terreau fertile à la globalisation financière.
Pour ce faire, nous verrons tout d'abord que les prémices de la globalisation financière se trouve dans l'internalisation des économies et la défiance liée au système monétaire, l'ouverture des économies génère de nouveaux besoins, amplifiés par l'instabilité monétaire. Dans un second temps, nous verrons que la globalisation financière se dessine également dans l'évolution de la demande globale, à travers les défaillances de l'investissement et des ménages d'une part, et d'autre part de la remise en cause de l'Etat providence et son financement.
[...] La crise des années 1970, la mutation du capitalisme ? Investissement et ménage face à la crise et à l'inflation Les Trente Glorieuses sont marquées par le financement à crédit de l'économie. L'activité bancaire y est réglementée et les marchés financiers cloisonnés, seules les grandes entreprises y ont accès. Le recours à l'endettement est favorisé par l'effet de levier. Supposons qu'une entreprise dispose de fond propre d'un endettement E servi au taux d'intérêt et de capitaux K d'une rentabilité variable les dividendes d versés aux actionnaires seront alors : d = ( rK iE F ce qui se simplifie en : d = r + ( r-i le rapport E/F représente l'effet de levier lorsque la rentabilité r est supérieur au taux d'interêt. [...]
[...] Les anticipations d'inflation se répercutent dans la spirale prix salaire. La part des salaires dans la valeur ajoutée lamine les capacités d'autofinancement des entreprises. Du côté des ménages, l'épargne nationale connait une forte hausse, l'incertitude liée au risque de chômage et de récession de longue durée entraîne l'épargne de précaution, de plus l'inflation dévalorise la valeur de l'épargne, il faut donc épargner plus pour préserver sa capacité à faire face aux imprévus. Il s'en suit une baisse relative de la consommation dans laquelle la saturation partielle des biens durables arrivés au stade du renouvellement et l'endettement des ménages fait écho. [...]
[...] Goyeau & A. Tarazi collection REPERE édition La découverte -La politique monétaire C. Bordes collection REPERE édition La découverte -Histoire du XX em Siècle Tome 3 S. Berstein & P. Milza éditions Hatier -L'évolution économique du monde depuis 1880 B. Affilé & F. [...]
[...] Pour ce faire, nous verrons tout d'abord que les prémices de la globalisation financière se trouvent dans l'internalisation des économies et la défiance liée au système monétaire, l'ouverture des économies génère de nouveaux besoins, amplifiés par l'instabilité monétaire. Dans un second temps, nous verrons que la globalisation financière se dessine également dans l'évolution de la demande globale, à travers les défaillances de l'investissement et des ménages d'une part, et d'autre part de la remise en cause de l'Etat providence et son financement. [...]
[...] Dans les années 1980, les PDEM délaissent les uns après les autres l'économie d'endettement pour l'économie de marché financier. Nous avons vu au cours du développement que les années 1960-1970 ancrent une mutation du capitalisme, la croissance des Trente Glorieuses a été bâtie sur l'endettement et le régime de change fixe, l'effondrement de ces deux piliers sous l'impact conjugué de l'abandon du pool de l'or et du choc pétrolier. Des besoins nouveaux apparaissent aussi bien du côté des entreprises que des ménages ou des Etats. [...]
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