La protection sociale est devenue une composante essentielle de la vie quotidienne, en France comme dans la plupart des pays développés. Le développement d'une protection sociale par un Etat appelé « providence » a constitué un fait historique majeur au XXè siècle.
Mais comment définir la protection sociale ? On peut la définir simplement comme l'ensemble des moyens de prévoyance collective permettant de garantir un individu, un ménage contre tous les risques sociaux, d'origine professionnelle ou non (maladie, accident du travail, famille, chômage et vieillesse) et qui sont susceptibles :
- D'altérer son revenu en portant atteinte à la capacité de travail,
- D'entraîner des dépenses à la charge de l'individu ou du ménage.
Ainsi la protection sociale permet d'allouer à l'individu des prestations destinées :
- Soit à compenser les dépenses de protection sociale engagées pour s'en prémunir,
- Soit à indemniser le manque à gagner.
Malgré cette définition relativement claire, la protection sociale constitue, sous bien des aspects, un objet économique largement non identifié. Elle met en œuvre, grâce à des prélèvements obligatoires, des prestations collectives qui sont généralement gérées dans le cadre d'organisations publiques et non marchandes. Le marché, la concurrence, l'individu et sa rationalité en sont largement absents.
Ainsi, il s'agit de voir comment la protection sociale s'intègre dans les cadres de théorie économique dominants. Il s'agira également de voir comment son coût (30% PIB en France en 2005) peut être justifié dans le cadre des théories économiques ?
Dès lors, si, dans une optique « libérale », la protection sociale a été critiquée comme pesant sur le coût du travail et nuisant à la compétitivité (I), la théorie keynésienne pour laquelle la protection sociale reste un élément stabilisateur, doit être réhabilitée( II).
[...] Ainsi, en 2005, la part de l'ensemble des cotisations sociales dans le coût total du travail était de l'ordre de 40% en France. Or, la structure du coin socio-fiscal a de fortes incidences sur le comportement des entreprises. Ainsi, la France a un taux de charges sociales et fiscales patronales plus élevé qu'en Allemagne et au Royaume- Uni. En revanche, le niveau de l'impôt sur le revenu des personnes physiques est en France bien plus faible que celui des deux autres pays. [...]
[...] Il s'agit pour Keynes de ne pas raisonner en termes de coût. Le salaire n'est pas qu'un coût à la manière de ce qu'estiment les néo- classiques, il est également un élément important de la demande. Or, pour Keynes, les revenus de transfert (id est les prestations sociales) appartiennent en quelque sorte au salaire (qui serait indirect destiné à la consommation donc vecteur de croissance. Le triple rôle de la protection sociale A la lumière des travaux de Keynes, la protection sociale intériorise une fonction de stabilisateur économique, d'instrument de relance conjoncturelle et de redistribution. [...]
[...] Ainsi, l'école de la régulation l'a confronté à l'analyse marxiste. La sécurité sociale, au sein de cette conception, contribue selon une logique keynésienne à régulariser la demande et à accroître la propension moyenne à consommer. Selon une logique marxiste, elle facilite la reproduction de la force de travail étant donné que : sur le court terme, la branche santé réduit l'absentéisme et sur le long terme, la branche famille assure le renouvellement des générations de travailleurs, son rôle est en quelques sortes d'alimenter un réservoir de main d'œuvre. [...]
[...] Pour y remédier, on estime qu'il faut que l'Etat mette en place une politique de redistribution des revenus. Dans cette optique, la protection sociale permet de soutenir la croissance qui se heurte à l'insuffisance de la demande en augmentant la propension nationale moyenne à consommer, à travers une réduction de l'épargne de précaution et la redistribution verticale. Les prélèvements doivent être réalisés de façon à prélever les individus à propension à consommer faible et redistribuer vers ceux qui ont une propension à consommer forte. [...]
[...] On voit bien en quoi ces prélèvements pèsent sur le coût de la main d'œuvre et ont un impact potentiel négatif sur l'emploi. A cet égard, l'expression charges sociales pour désigner les cotisations patronales. Ainsi, ce coût tend à favoriser premièrement une substitution du capital au travail de la part des employeurs. Par la même, une part importante du chômage actuel s'expliquerait par l'existence d'une protection sociale entraînant un coût excessif du travail pour les employeurs. Dès lors, la question de la part de l'ensemble des cotisations sociales dans le coût du travail est centrale. [...]
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