Réflexion sur le progrès dans l'analyse économique. L'analyse économique a-t-elle suivi un processus linéaire vers une meilleure appréhension du réel ? Le désencastrement progressif vis-à-vis des valeurs morales a-t-il permis de mieux expliquer le réel ? Peut-on dire qu'il y a eu progrès dans l'analyse économique ?
[...] On peut ainsi faire référence à Aristote sur les questions de justice. Aujourd'hui où les inégalités sociales s'accroissent que ce soit au niveau national ou planétaire, ces questions de la justice et de la répartition deviennent essentielles. De même pour les questions liées à l'environnement : les grecs comme les physiocrates avaient souligné l'importance du respect de la nature et des richesses naturelles. Si aujourd'hui les crises écologiques prennent une telle ampleur c'est bien que leur gestion a été négligée par les courants postérieurs. [...]
[...] L'approfondissement passe aussi par la correction des analyses antérieures, afin de remédier à certaines apories ou incohérences. La notion de progrès est donc ici aussi sensible. Ainsi, il est possible de reprendre l'exemple de la théorie quantitative de la monnaie. En effet, celle-ci a pu voir le jour grâce à l'analyse des mercantilistes. Ceux-ci considéraient que toute augmentation de la masse monétaire représentait une augmentation analogue de richesse. C'est ce bullionisme, cette confusion entre quantité de monnaie et richesse qui, en étant corrigée, a permis une avancée dans l'analyse économique et dans l'observation des phénomènes monétaires. [...]
[...] Peut-on dire qu'il y a eu progrès dans l'analyse économique ? Aujourd'hui, les néoclassiques et notamment des économistes comme Gary Becker n'hésitent pas à qualifier leur approche méthodologique comme la mieux à même d'expliquer l'agir humain et donc le fonctionnement de la société. L'analyse économique aurait donc atteint son stade ultime, puisque le but de celle-ci est d'étudier les phénomènes économiques afin de les expliquer et ainsi permettre un meilleur fonctionnement de la société en prédisant les comportements des agents. [...]
[...] On peut ainsi citer l'apparition des premières statistiques avec l'économiste William Petty au XVIIIème siècle. Celles-ci ont considérablement facilité l'appréhension des phénomènes sociaux et en particulier économiques en établissant des ordres de grandeur. La mathématisation de l'économie par Walras au XIXème siècle et l'informatisation des méthodes au XXème ont aussi représentés des moyens beaucoup plus performants permettant une meilleure observation des phénomènes voire une prédiction des tendances. De ce point de vue, les progrès sont indéniables, d'autant plus qu'ils ont permis l'élaboration de représentations beaucoup plus complexes du fonctionnement de l'économie et du comportements des agents. [...]
[...] Il est cependant difficile de parler de progrès en ce qui concerne l'analyse économique. Cette difficulté est d'abord due au fait que la notion de progrès est une notion subjective. Il est ainsi difficile de parler de progrès puisque l'analyse économique a évolué parallèlement à la réalité sociale. En effet, les circonstances ne sont pas les mêmes à chaque époque : l'explication du réel s'altère donc en même temps que la réalité évolue. Aussi, considérer qu'une analyse est fausse revient à négliger les circonstances de cette analyse et donc à adopter une position ethnocentriste. [...]
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