Pour beaucoup, le développement était un enjeu économique, par conséquent tout jugement éthique constituait une intrusion de valeurs morales non pertinentes pour juger de l'efficacité d'un marché. L'éthique considère ce qui doit être. Elle invite à s'interroger sur le comportement de l'individu au niveau tant individuel que collectif; elle répond à la question « comment doit-on vivre ? ». Deux questions découlent de l'éthique à savoir qu'est-ce qu'une société bonne ? Qu'est-ce qu'une société juste ?
Les anciennes théories étaient d'ordre religieux, alors que les théories contemporaines réfléchissent à la société suivant des conceptions morales. Alors que les jugements de valeur sont subjectifs car ils répondent à la question « qu'est-ce qui est bon pour moi ? » ; les théories modernes de la justice tentent de formuler des principes universels applicables à la société dans son intégralité. Ces principes collectifs de justice s'ajoutent aux valeurs morales personnelles sans jamais s'y opposer ce qui permet l'acceptation de la part des citoyens. La justice respecte la pluralité de leurs valeurs morales, et s'assure le respect par chacun des libertés individuelles au niveau collectif. Selon Amartya Sen l'économie est effectivement une science morale, les principes théorisés par Smith ou Ricardo étaient uniquement des applications de principes économiques considérés comme s'appliquant à un champ bien plus large. Dans son ouvrage Éthique et économie, Sen distingue deux origines de l'économie: la première est éthique, la seconde est « mécaniste », c'est-à-dire liée à « des fonctionnements de logistique de l'économie ». Ses travaux n'ont pas pour objectif de prouver la supériorité d'une conception éthique sur une conception mécaniste, mais de comprendre pourquoi la conception éthique a disparu des sciences économiques contemporaines; puis de prouver l'intérêt de réintroduire cette branche dans l'économie actuelle.
[...] Selon Sen, c'est ce second théorème de l'économie du bien-être qui aurait conduit à considérer l'optimum parétien comme critère d'optimalité sociale. Les succès et les défaillances du marché seront dès lors examinés d'après le critère de l'optimum de Pareto fondé sur les utilités individuelles. Il néglige toutes les autres informations même les libertés individuelles dans son jugement du marché. L'économie moderne en s'éloignant des questions éthiques, évalue le bien-être individuel ou collectif sans prendre en compte les libertés individuelles. Sen propose ainsi un autre critère d'évaluation grâce au terme de capabilités (traduction du terme anglais de capability). [...]
[...] Un état de santé précaire n'altère en rien la dignité de la vie menée par la personne qui en est affectée, mais peut constituer une barrière à la possibilité de vivre une vie pleine selon ses propres conceptions de la vie. Nous ne sommes pas égaux face à la santé pourtant l'approche par les capabilités permet une évaluation objective du bien-être. Elle met en effet l'accent sur la possibilité propre à chaque individu de convertir des biens ou services en possibilités d'être et de faire c'est-à-dire en modes de fonctionnement du seul fait de ses caractéristiques singulières, chaque individu est soumis à des opportunités différentes. [...]
[...] Les besoins évoluant dans le temps et dans l'espace, Townsend s'oppose à cette vision absolue et propose de définir des privations relatives au contexte social et à ses exigences, afin de comparer la pauvreté au sein d'une société comme entre différentes sociétés. La méthode la plus couramment suivie pour déterminer un seuil de pauvreté relative consiste à fixer celui-ci à une proportion donnée de la moyenne arithmétique ou de la médiane de la distribution de la consommation ou du revenu (Ravaillon, 1996). Une pauvreté irrémédiable est toujours de la pauvreté Enfin, la comparaison de niveaux de vie relatifs est effectivement un outil permettant de mesurer les phénomènes d'inégalité, mais pas de pauvreté. [...]
[...] Suite à l'analyse des théories de Sen, nous mesurerons le poids et l'influence de ses travaux sur les politiques publiques de développement ? II : La théorie des capabilités, un guide pour les politiques publiques de développement ? L'indicateur de développement humain (IDH) est considéré comme le fruit de l'approche des capabilités de Sen. Les premières préoccupations au sujet de la notion de développement sont apparues dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il faut attendre 1990 pour que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publie un rapport qui officialise le concept de développement humain. [...]
[...] Elle propose un cadre d'évaluation du bien-être individuel non uniquement fondé sur l'utilité, mais sur la liberté individuelle. La capabilité désigne dès lors la liberté pour un individu, de détenir les potentialités internes, de concevoir un choix de manière autonome mais aussi la liberté d'avoir effectivement accès à ce choix La pauvreté est ainsi définie en tant que manque dans les capabilités de base, le développement est dès lors conçu comme un processus d'accroissement des libertés individuelles. Sen a rassemblé huit textes pour proposer son approche des capabilités au sein desquels plusieurs exemples mettent en lumière la pertinence de son approche sur les politiques publiques de développement. [...]
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